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Interview : Alice et Moi

Interview : Alice et Moi

Nous avons rencontré Alice et Moi à l’occasion de la sortie de son premier album Drama prévue le 21 mai.  Cœur sensible et subversif à la fois, Alice se livre sur l’intensité des émotions que nous pouvons ressentir au quotidien.

Rentrons directement dans le vif du sujet : ça fait quoi de sortir son premier album ?

C’est très excitant et stressant à la fois. Je ressens un sentiment de joie pure et un soulagement après un an d’attente.

Pourquoi avoir choisi comme titre Drama ?

Ce n’est pas le nom que je voulais donner au début, il est vraiment arrivé au fur et à mesure et c’est devenu une évidence. Pour moi le drama c’est vraiment l’intensité, l’émotion exacerbée. Je le ressens beaucoup dans ma façon d’écrire, je frôle le too much tout en ayant du recul. Il y a un côté mise en scène dans le drama, un côté drama queen presque drôle et ironique. Bienvenue dans le Drama Club ! (rires)

Parle nous du Drama Club, tu le mets en avant sur tes réseaux sociaux pour le lancement de ton album.

Je voulais accompagner mon album et j’ai fait une série de podcasts. C’est ce que j’aimais dans mes études de journalisme donc j’ai créé le Drama Club. J’interviewe des personnes avec qui on parle du drama, d’émotion et d’hypersensibilité. Mais en dehors des podcasts, tout le monde peut en faire partie. 

 

Donc tu les as contactés en présentant ton idée ?

Voilà, on s’est retrouvés et on a fait des soirées drama dans des bars clandestins ! Les gens qui vont les écouter vont peut-être se sentir moins seuls dans ce drama. Le Drama Club ce sont des podcasts mais ça s’étend à plus de choses. Par exemple, pour mon merchandising j’ai fait un bob Drama Club pour que tous ceux qui le portent en fasse un peu partie !

© Anoussa Chea

Tu parles beaucoup d’émotions et justement Alice et Moi c’est cette ambivalence entre sensibilité et subversivité. C’est assez marquant dans ton album. Tu dévoiles ta sensibilité dans des titres comme Tout va bien et la Reine du Drama ; pourquoi cette envie de partager des choses plus personnelles et intimes ?

Quand tu fais un album, tu fais le point sur ta vie et ta musique. J’ai remarqué que je parlais beaucoup d’amour et d’émotions mais pas assez de ce côté drama, qui est pourtant tellement fort dans ma personnalité. Je le cachais, je ne voulais pas tout montrer tout de suite et finalement je me suis dit : « c’est mon premier album, il faut que je donne et montre tout de moi ». J’ai donc cherché à diversifier ce que je racontais, à me confier et être plus personnelle dans mon texte. J’ai voulu repousser mes limites simplement parce que je le vis au quotidien. Tout va bien retranscrit tous ces moments où je suis arrivée en retard à une soirée, tout le monde à l’air bien et je ne vais pas bien. Souvent je me moque de moi d’ailleurs, je dis « drama, j’arrive, je suis mal », c’est drôle et en même temps c’est vrai et sincère. Je sais que je ne suis pas la seule à vivre ça. On est beaucoup sauf que la société le cache donc c’est important d’en parler dans mes musiques pour que des personnes se reconnaissent et décomplexent.

C’est mon premier album, il faut que je donne et montre tout de moi.

Comme on le disait, tu nous dévoiles aussi ton côté subversif comme dans Karma et Foutez-moi la paix. Comment arrives-tu à passer d’un côté très intime à des morceaux plus sarcastiques ?

Ce qui est dingue c’est que je m’en suis rendue compte après avoir terminé mon album. Même si j’ai réfléchi à diversifier les thèmes sur lesquels j’écrivais c’est quand j’ai vu le tracklisting de l’album je me suis dit « c’est vraiment Alice et Moi » : il y a la partie subversive qui envoie balader tout le monde et l’autre partie angoissée qui parfois rigole d’elle mais qui ressent trop d’émotions. Cet album m’a aidé à m’émanciper parce que ça m’a permis de m’accepter un peu plus, ça m’a fait du bien d’écrire. Et j’avais aussi envie d’envoyer balader le monde, tu vois dans Foutez-moi la paix je dis « je veux plus rien faire pour vous plaire », j’ai juste envie d’être moi-même. C’est vrai que les deux se voient sur l’album et j’en suis contente parce que je me retrouve vraiment dedans, il y a mes deux facettes.

Tout à l’heure tu parlais d’amour, c’est un thème qui est quand même toujours présent sur ton album. Tu présentes un amour un peu malsain, toxique – c’est des expériences que tu as vécu ou c’est des comportements que tu dénonces ?

Je ne pourrais pas faire un disque sans parler d’amour car c’est le lieu de toutes les émotions. Il y a plein de formes d’amour. Avant, dans mes titres, je parlais d’amour romantique comme dans All about you mais je trouvais ça intéressant d’aller plus loin. Je parle d’amour sensuel dans Démon et qui n’est pas forcément vu comme toxique. Enfin c’est une toxicité que j’accepte, c’est l’amour sensuel et charnel où tu es sous emprise mais que tu ne peux rien y faire, je trouve ça beau. J’accepte les extrêmes de l’amour car c’est ce que raconte mon album : des émotions intenses donc forcément il va y avoir du bon et du mauvais.

C’est ce que raconte mon album : des émotions intenses donc forcément il va y avoir du bon et du mauvais.

Tu parles aussi des réseaux sociaux, est-ce qu’il y d’autres thèmes que tu veux mettre en avant ?

Les réseaux sociaux c’est fou parce que je ne fais pas exprès mais c’est forcément là. Ça fait partie de ma vie, dans Tout nu je critique l’algorithme et la censure. Les réseaux m’énerve parce que je les aime et déteste à la fois, ça me révolte donc forcément je vais en parler mais je ne fais pas exprès !

En autre thème, la dernière chanson Danse avec moi parle de l’appel de la scène et l’envie d’être en concert. Je suis contente de finir sur ce titre parce que c’est vraiment ce qui me manque. Il y a quelque chose de très charnel avec la scène, le contact me manque beaucoup. 

Donc ce morceau tu l’as écrit pendant le confinement ?

J’ai fini de l’écrire pendant le confinement mais j’ai commencé avant sans savoir tout ce qui allait se passer. C’est comme si c’était prémonitoire mais c’était d’autant plus difficile que mon dernier concert était l’un des meilleurs de ma vie – on en avait discuté lors de notre dernière interview. Mais bon je suis contente de sortir mon album déjà !

D’ailleurs pour en faire la promotion c’est un peu particulier, c’est très digital malgré des lives comme à Taratata, comment vis-tu cette promotion digitale ?

J’avais peur pour être honnête. Je parle beaucoup des réseaux et pourtant je n’en suis pas la reine. J’aime bien être sur Instagram mais je ne suis pas toujours à l’aise. Par contre, il y a pleins de moyens d’être avec les gens et il faut juste trouver la bonne mesure c’est intéressant. La promotion télé comme Culturebox ou Taratata c’est génial parce que tu as la vraie adrénaline du live. Je me suis adaptée !

© Anoussa Chea

Parle nous de ta collaboration avec Joanna ! 

Ma douce Joanna ! (rires) C’est le dernier morceau qui a été ajouté à l’album, il a été fait il y a trois semaines. On l’a fait une semaine avant d’envoyer le CD au pressage donc on a eu une journée au studio pour faire toute la chanson, une journée pour refaire les voix et une journée de mix ! On s’était vues grâce à des amis en commun notamment Mélanie Doh qui a fait ma pochette d’album. On s’est retrouvées à une soirée et ça faisait un petit moment que je suivais ce qu’elle faisait. On s’est très bien entendues, ça s’est fait naturellement, c’était incroyable.

Au début, j’avais peur que ce soit compliqué parce que l’idée c’était de ne pas partir d’un morceau existant et d’aller en studio pour en faire un de A à Z. On a construit le morceau ensemble avec nos deux univers mélangés qui se sont bien équilibrés. On était avec Dani Terreur en studio et on a tout fait le jour même. Je pense qu’on avait une énergie créative car Joanna avait rendu son album et le mien allait être fini. Le côté dernière minute a permis de construire quelque chose qui s’est fait dans la passion. On pourrait faire un EP à deux je pense (rires).

Tu parlais de Dani Terreur, c’est ta seconde collaboration dans l’album !

Oui, j’ai hésité pour cette collaboration car avec Dany on fait déjà énormément de choses ensemble. C’est lui qui a fait la réalisation de tout mon album même si j’ai travaillé avec pleins d’autres personnes dessus mais c’est lui qui a fait le lien. Mais finalement on était dans quelque chose musical évident et cette chanson est arrivée. Pour moi c’est vraiment la chanson droit au but, c’est vraiment un cri du cœur.

De quel morceau es-tu la plus fière ? 

Malheureusement je ne vais pas réussir à répondre… Foutez moi la paix m’a fait beaucoup de bien pour être honnête. J’ai changé quand j’ai écris cette chanson, j’ai décidé de plus m’assumer. Ce n’est pas celle dont je suis la plus fière mais elle m’a beaucoup marqué et touché. Après il y en a pleins d’autres comme Je suis fan, j’ai toujours rêvé d’avoir une chanson comme ça, je l’avais depuis longtemps en tête. Mes deux collaborations aussi j’en suis très contente ! 

Il y aussi Maman m’a dit qui est très personnelle et je ne pensais pas être capable de sortir quelque chose de si personnel. Je suis fière de moi parce que je me suis livrée, je me suis vraiment confiée sur mon adolescence et ma vie. Ça m’a marqué aussi et le clip sort bientôt !

 

As-tu un dernier mot pour conclure ?

On arrive à un moment de notre société où on s’exprime plus qu’avant grâce aux réseaux et on sait tous que c’est une période compliquée avec le covid. Il y a beaucoup d’émotions que l’on garde en nous et j’espère, avec ma musique, pouvoir toucher les gens et les faire décomplexer. On est pas obligés d’être des publicités ambulantes ! N’ayez pas peur de faire du drama et de dédramatiser aussi, il faut accepter ses émotions car être drama c’est vivre sa vie intensément. Soyez des Drama Queen et des Drama King !

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