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Interview : Alice et Moi

Interview : Alice et Moi

A l’occasion de la sortie de son titre Je suis fan, on a discuté avec Alice et Moi.  Réseaux sociaux, envie de surprendre et perspective de sortie d’un premier album ont été au cœur de cette interview chaleureuse.

Hello ! Comment vas-tu en ce début d’année 2021 ?

Grande question ! (rires) Ça ne va pas si mal en prenant en compte le contexte actuel. Je garde espoir pour que cette année se termine bien. Elle commence pas trop mal grâce à la sortie de mon titre Je suis fan (dont on vous parlait ici), ça m’a fait du bien de sortir quelque chose mais j’ai quand même hâte que la vie reprenne.

Au moins la sortie de ce titre t’a permise de parler avec ton public ! 

Oui heureusement, j’avais besoin de montrer encore des choses mais les concerts me manquent énormément… 

Tu as quand même annoncé une date au Trianon en juin 2021.

Oui, j’avais fait un concert à La Cigale le 28 janvier 2020 et je devais faire une tournée tout l’été avec pleins de dates. Heureusement, j’ai fait une date en octobre à Bruxelles, c’était vraiment cool mais ça m’a donné encore plus faim ! (rires) En tout cas, j’ai une date annoncée effectivement au Trianon en juin. Je croise les doigts, j’y crois mais j’attends de voir.

Tu parlais de ton titre Je suis fan, tu y dénonces le voyeurisme du 21e siècle. Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Les réseaux sociaux est un thème qui me parle beaucoup. On est vu qu’on le veuille ou non, on joue du fait d’être vu, on attend beaucoup des artistes, des femmes et ce qu’elles peuvent montrer. Mais, je ne sais pas si je dirais que je le dénonce. Ça me va que tu le dises ou que les autres le pensent mais je laisse chacun interpréter comme il le veux. 

J’accepte qu’on se mette en scène sur les réseaux mais je questionne juste les dérives : jusqu’où ça va et jusqu’où ça peut aller. C’est d’ailleurs ce que je voulais montrer à travers le clip : le too much. Aujourd’hui on est dans une société où on peut tellement tout voir, on veut tout voir ! C’est étrange, c’est un versant un peu particulier à la Black Mirror.

Pour moi c’est plus une arme que je brandis pour sauver ma musique et donner une chance à mes chansons d’être écoutées.

Comment gères-tu les réseaux sociaux au quotidien ? Tu es quand même pas mal exposée avec ta popularité.

Très bonne question ! Si quelqu’un à un manuel expliquant comment prendre du recul sur les réseaux sociaux je suis intéressée. (rires)

Disons que j’ai une drôle de relation avec les réseaux, c’est un peu amour/haine. J’ai commencé dans la musique et je ne connaissais absolument personne. C’est via les réseaux sociaux que j’ai rencontré tout le monde. Aujourd’hui  je ne peux pas dire que les réseaux sont nuls. Même s’il y a pleins de choses douloureuses : tu peux projeter des fantasmes sur la vie des autres qui ne sont pas la vraie vie, tu perds beaucoup de temps et ils t’empêchent de te concentrer, même parfois de rêver. C’est compliqué mais sur mes réseaux, en privé, j’aime beaucoup parler avec les personnes qui me suivent. Par contre, je communique sur ma musique mais je ne révèle pas ma vie privée. Pour être honnête, si je ne faisais pas de musique je ne serais même pas dessus. Je n’ai aucun compte perso ! Pour moi c’est plus une arme que je brandis pour sauver ma musique et  donner une chance à mes chansons d’être écoutées.

Tu as confié une nouvelle fois à Emma d’Hoeraene la réalisation du clip. Comment ça s’est passée ?

J’avais travaillé avec Emma sur mon clip de Je veux sortir avec un rappeur et de Je suis all about you. C’est une fille que j’admire énormément avec qui j’ai même envie de continuer de travailler plus tard. Je suis arrivée, comme d’habitude, avec ma chanson et avec une note d’intention : montrer le fanatisme sans tomber dans l’évidence. Je voulais quelque chose de plus fou et je savais qu’elle pouvait le faire. On a aussi travaillé avec la boîte de production Ocurens qui est gérée par Valentin Petit. Ils ont été absolument géniaux car ils ont beaucoup poussé dans les idées. C’était vraiment un travail d’équipe, un mélange dans la création. Après pour la réalisation, au niveau des couleurs je laisse faire Emma qui est très forte là dedans. J’ai aussi travaillé avec ma styliste que j’adore. J’avoue que je suis très contente de mon clip ! C’est exactement ce dont je rêvais et ce que je voulais dire.

 

Tu nous montres un côté un peu rebelle, plein d’assurance . C’est toi qui a fait ce choix ? 

Je me sens très tiraillée entre différentes parties de ma personnalité (d’où le nom Alice et Moi). J’avais montré dans mes clips précédents un côté plus léger avec un peu d’autodérision. J’avais envie de montrer quelque chose de plus dark et avec cette chanson je pouvais y aller. Ce que j’aime bien c’est aller là où je ne suis pas attendu. Comme dans mon titre Je veux sortir avec un rappeur, tout le monde était choqué car juste avant j’avais fait des chansons plus mélancoliques comme Filme-moi. Toute ma vie j’ai suivi un parcours tout tracé. Maintenant que je suis dans la musique j’ai envie de faire des choses inattendues, pour provoquer un peu. Emma m’a d’ailleurs aidé à m’assumer complètement dans le clip. 

Ce que j’aime bien c’est aller là où je ne suis pas attendu.

En parlant de cette envie de choquer, dans l’instru de Je suis fan il y a un beat très puissant qui rappelle celui d’un morceau de rap, est-ce un style vers lequel tu veux aller ou tu préfères être libre de naviguer entre instrus pop, électro, rap ?

Une instru entre des morceaux comme Je suis all about you et Je suis fan, ça n’a rien à voir !

C’est vrai, j’espère que ma voix et mes textes font le lien entre mes chansons mais j’ai envie de tout m’autoriser. Je peux, grâce à ma voix nonchalante, aller sur des instrus très rap. D’ailleurs, c’est NK.F (il a mixé pour PNL et Damso notamment) qui a mixé la chanson et tout mon album. Après sur l’ensemble de mon album tous les sons ne sont pas rap, c’est un mélange.

 

Ton premier album va bientôt sortir, peux-tu m’en dire plus ?

Il devait sortir il y a un an, mais avec la situation sa sortie n’a pas arrêtée d’être décalée. Sortir un album sans concert c’est compliqué mais normalement il sortira avant cet été ! 

J’ai énormément travaillé dessus. C’est des chansons qui datent d’il y a trois ans maintenant parce qu’il y a le temps que tu les écrives, que tu trouves ton équipe, que tu masterises, fasses les clips et en plus il y a eu cette pause avec le COVID. Donc c’est vraiment un rassemblement de pleins de choses que j’avais en moi depuis longtemps que je voulais exprimer librement. Je n’avais jamais été aussi libre dans ma musique grâce à mon équipe qui s’est agrandie et ça m’a permis de travailler avec pleins de producteurs, de faire pleins de rencontres ! Je me suis lâchée dans les paroles aussi, il y a des chansons qui datent d’il y a trois ans mais il y a aussi des chansons que j’ai faites pendant le confinement que j’ai ajouté au dernier moment. En tout cas, c’est varié dans les thèmes proposés et dans les couleurs car il y a des morceaux plus rap mais il y en a aussi des plus reggae, électro, des balades… 

Ça donne vraiment envie de l’écouter ! Et donc, tu réfléchis quand même à une stratégie si jamais tu ne peux pas faire de scène ?

Oui je suis en train de réfléchir à d’autres formes de concerts et quoiqu’il arrive je ne veux pas baisser les bras. Je vais sortir mon premier album, je ne vais pas attendre 2022, je n’en peux plus (rires). Je n’ai pas encore de date officielle car j’attends un peu de voir ce qu’il va se passer. Mes EPs je les produisais toute seule donc je n’avais pas d’équipe et ils ne se retrouvaient jamais à la FNAC ou chez des disquaires. Là, pour la première fois, mon album on pourra l’acheter en vrai, et c’est un rêve de toute une vie. J’ai hâte !

Comment ça se passe depuis que tu as signé chez Sony ?

C’est une licence donc je reste productrice de mon album. C’est un bonheur parce que je me sens épaulée. Avant, pour produire mes chansons je demandais à la Sacem, je m’étais inscrite à tous les concours qui existaient et à chaque concert les bénéfices allaient directement dans les clips. Sur l’album, j’ai travaillé avec Dani Terreur avec qui je travaillais déjà avant. J’ai aussi travaillé avec Majeur-Mineur qui a fait des prod’ pour Lord Esperanza ; avec Tristan Salvati qui a travaillé avec Angèle et il y a aussi NK.F comme je te disais. Voilà donc j’ai travaillé avec pleins de gens différents, je suis allée dans pleins de studios, c’était hyper riche et ça c’est grâce à Sony.

Tu t’occupes comment en ce moment ?

J’écris pas mal, je pense à mes futurs clips et j’ai fait il n’y a pas longtemps ma pochette d’album. Je fais plein de choses, je prends des cours de piano aussi ! Comme j’ai plus de temps et que c’est un rêve depuis longtemps je m’éclate. 

J’ai aussi un projet qui me tient énormément à cœur. Pour le moment c’est que sur mon compte Instagram mais ça va aussi être sur YouTube. J’ai fait des reprises d’artistes dont je suis fan. J’ai fait The Doors pour le moment mais il y en a pleins d’autres à venir et ça m’a beaucoup plu ! Au début je n’étais pas très à l’aise, comme je te disais j’ai un drôle de rapport avec les réseaux sociaux, mais je me dis que dans la vie il faut bien relever des challenges ! J’en sors donc une par semaine pendant un mois et je suis déjà en train de travailler sur les prochaines.

 

Qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

La reprise des concerts, la vie normale, c’est le souhait de tout le monde j’imagine ! En tout cas, qu’on retrouve le partage, l’amour des autres, qu’on puisse se voir, se toucher et qu’on puisse aller aux concerts. La scène c’est ce qui me manque le plus, ça a été une révélation dans ma vie. Dans mon parcours je devais faire complètement autre chose, j’ai fait hypokhâgne, khâgne, Sciences Po, tout le monde pensait que j’allais être journaliste. Quand j’ai dit “en fait je veux faire de la musique” tout le monde m’a rit au nez ! Donc j’ai goûté à la scène pendant deux ans puis il y a eu le COVID et donc plus de scènes… Je commençais enfin à me sentir comme chez moi sur scène et ça s’est arrêté au moment où je faisais La Cigale : le plus beau moment de ma vie. Je n’ai pas envie de me plaindre car c’est une chance d’être là où je suis mais je me suis sentie tellement coupée dans un élan de bonheur que ça a été assez violent.

Dans tous les cas je suis très heureuse de sortir mon album, il n’y a que comme ça que je trouve la vie agréable : quand on écoute de la musique et qu’on partage avec les autres ! 

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