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Interview : Milky Chance

Interview : Milky Chance

Nous avons rencontré le duo fondateur de Milky Chance, juste avant leur concert à l’Olympia. Une rencontre intimiste dans les loges de la salle parisienne, où nous avons discuté de leur dernier album, leurs artistes du moment… Nous vous laissons découvrir !

Bonjour Clemens, bonjour Philipp ! On va rentrer directement dans le vif du sujet en parlant de votre dernier album Mind the Moon sorti en novembre dernier. Est-ce que vous auriez un mot pour le décrire ?

Clemens Rehbein :  On a essayé de résumer cela avec « Mind the Moon » justement (rires). Je pense que le mot qui le décrirait au mieux serait « coloré ».

Dans cet album, on reconnait beaucoup de sonorités et de rythmes reggae, latino. Vous avez également collaboré avec des artistes originaires de différents pays. Dans quelle mesure attachez-vous de l’importance à la diversité musicale ?

Philipp Dausch : C’est très important pour nous, nous n’avons jamais considéré notre musique comme ayant une identité allemande. Bien entendu, on a grandi en écoutant de la musique allemande, mais depuis très longtemps on écoute beaucoup de musique anglaise par exemple. Personnellement, j’ai grandi dans une famille avec une influence culturelle africaine très forte. De manière générale nous écoutons tous les deux beaucoup de musique de différents horizons. Nous avons joué dans pleins d’endroits. En Amérique latine, en Afrique, en Australie,  en Israël, cela nous inspire un peu plus à chaque fois.

Comment avez-vous choisi les artistes avec lesquels vous avez collaboré dans l’album ? 

Clémens : Beaucoup d’entre eux sont des amis que nous avons rencontré en tournée [Tash Sultana, Témé tan]. On a commencé à se fréquenter, à parler collaborations. Nous n’avons pas rencontré en vrai Ladysmith Black Mambazo. Ils nous ont toujours beaucoup inspiré car Philipp et moi chantions également dans une chorale au lycée. C’est là qu’on a découvert ce qu’ils faisaient et on a directement adoré. Et maintenant, sept, huit ans après, on leur a simplement demandé par email s’ils accepteraient de figurer sur notre album et ils ont accepté.

 

On sent un rapport particulier à la nature dans votre musique et vos paroles, avec la récurrence de la lune par exemple. Est-ce que vous essayez de transmettre un message particulier à travers les thèmes abordés ou c’est uniquement pour le caractère poétique et lyrique ? 

Philipp : Il y a un message derrière nos paroles, mais pas aussi « conscient » que ce que l’on peut croire. C’est comme pour le langage, on nous demande souvent pourquoi le choix de l’anglais. On est amoureux de la nature, et tout simplement les métaphores que l’on retrouve dans nos paroles découlent de cela.

Clemens : La nature représente pleins de belles images que l’on peut retranscrire par de jolis mots. Elle peut être cruelle, horrible, mais aussi très romantique avec des touches mélancoliques. C’est exactement ce qui correspond à la musique que l’on veut montrer.

Quel est le morceau de l’album dont vous êtes le plus fiers à titre personnel ? 

Philipp : On est fiers de tous les morceaux ! A la rigueur, pour revenir à la nature et aux métaphores, j’aime beaucoup cette phrase dans Fado « What if the birds don’t know how to sing anymore ». C’est une image assez forte, tout le monde peut s’identifier et imaginer à quel point cela serait horrible.

Comment travaillez-vous lorsque que vous composez ? Avez-vous une organisation particulière, par exemple l’un de vous plus sensible aux paroles, l’autre à la mélodie ou aux rythmes … ?

Clemens : Cela dépend vraiment des morceaux. Pour Mind the Moon par exemple, j’ai écrit certaines chansons, on en a écrit d’autres à deux, une avec Témé tan. Ce n’est jamais la même approche à chaque fois.

J’aimerais qu’on parle un peu du clip de Daydreaming, réalisé par Ben Fitzgerald. La vidéo est assez décalée, déjantée : qui a eu l’idée d’un tel scénario ? 

Philipp : C’est le réalisateur. On lui a donné des adjectifs, des sentiments, des humeurs qui nous semblaient correspondre au morceau et il est revenu avec l’idée de ce script. Des mots comme « psychédélique », « entre-deux », « humoristique », « étrange ». Quand il est revenu avec l’idée de cette petite histoire nous avons accroché.

 

Quelles sont vos influences musicales majeures ? 

Philipp : Je crois que cela change beaucoup, nous avons différentes phases. Pour Mind the Moon de façon évidente des influences sud-africaines [Ladysmith Black Mambazo], mais également sud-américaines, espagnoles, comme Rosalia.

Clemens : Pendant deux mois on peut écouter un artiste en boucle puis passer à autre chose. Quand on compose ou que l’on est en studio avec du travail en cours, nous n’écoutons pas nécessairement beaucoup de musique. On n’utilise pas le travail d’autres artistes comme des lignes directrices. Cela se fait plus naturellement, de manière inconsciente certains musiciens peuvent nous inspirer. Enfin du moins pour le processus d’écriture et de créativité. On s’inspire plutôt de ce qui est directement technique, lorsqu’on écoute quelque chose et que l’on se dit « ah tiens, j’aime beaucoup la façon dont ce son est enregistré, essayons de faire quelque chose qui va dans cette direction ». Par exemple, on aime beaucoup le son de la guitare acoustique de Rodrigo Amarante. Ou la façon dont Billie Eilish utilise sa voix, c’est vraiment inspirant.

Et quels sont vos artistes du moment ? 

Clemens : Je viens juste de découvrir un trio folk, Bonny Light Horseman. Ils viennent de sortir leur premier album, c’est vraiment pas mal.

Philipp : Hier j’ai écouté le dernier morceau de Christine and the Queens [People, I’ve been sad], j’aime beaucoup ce qu’elle fait. J’aime beaucoup Koffee, nouvelle pépite du reggae, elle vient de remporter un Grammy.

Revenons un peu quelques années auparavant avec le succès qui vous a propulsé au devant de la scène. Avez-vous vu venir l’engouement autour de Stolen Dance, et avez-vous le sentiment que les choses ont changé depuis, même dans votre façon de concevoir la musique ?

Clemens : Nous n’avons jamais essayé et n’essayerons jamais de trouver des explications au succès de manière générale. C’est juste quelque chose de complètement aléatoire qui peut arriver. Ce morceau a été la porte d’entrée vers pleins de belles choses en tout cas, c’est sûr.

Philipp : Je ne pense pas que ce morceau ait changé notre façon de faire de la musique. En revanche, je trouve qu’il est moins simple d’en écouter. Nous écoutons beaucoup, beaucoup de musique de manière très active, quand nous en produisons, en écrivons, en faisons. Depuis 8 ans, nous faisons de la musique tous les jours, enfin comme avant (rires) mais d’une façon différente ! Parfois, c’est un peu dur d’écouter de la musique sans s’attarder de près aux détails techniques, juste en écoutant pour le feeling.

Vous êtes actuellement en tournée en Europe et en Australie avec le Mind the Moon Tour. Y-a-t-il un endroit où vous rêveriez de (re)jouer ? 

Clemens : Nous n’avons jamais joué au Japon. Il y a un festival très célèbre là-bas, le Fuji Rock. J’ai vu plusieurs images et ça à l’air fantastique. J’aimerais beaucoup qu’on y joue, mais ce n’est pas non plus le rêve de ma vie, c’est juste que je serais curieux de découvrir. Si l’on pouvait revenir dans tous les festivals que nous avons fait l’an dernier, cela serait dingue également, comme Coachella.

Philipp : J’aime le rythme saisonnier de tournées des concerts puis des festivals en été, c’est parfait. Nous avions passé un très bon moment à Arles [Festival les Escales du Cargo] où nous avions joué dans un théâtre antique. Super expérience.

Pour finir cette interview, laissons place aux fantasmes. Avec quel artiste rêveriez vous de jouer ? N’importe lequel, même mort. 

Clemens : Bob Marley !

Philipp : Ça c’était simple (rires).

Clemens : Rosalia, cela pourrait être très intéressant. Des artistes de K-Pop aussi, on va probablement essayer quelque chose dans le style. Ou une collaboration hip-hop, un feat de rap.

Philipp : Kanye

Clemens : Jay-Z, et Beyoncé, ça serait dingue !

(rires)

Philipp : Lauryn Hill aussi.

 


Retrouvez le report du concert qui a suivi ici.
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