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Review : Mokado – Maskoj

Review : Mokado – Maskoj

Après nous avoir complètement bluffés en 2021 avec la sortie de son premier album, Mokado revient en grande forme avec une nouvelle exploration musicale amenant sa techno mélodique aux quatre coins du globe. Plongée dans Maskoj, recueil de neuf pistes chargées en histoires et en mélodies saisissantes. 

Mokado est un projet musico-historique et social, c’est-à-dire que le but est de raconter des histoires de personnes, soit fictives soit réelles, sous un contexte de musique électronique instrumentale. Mokado

Lui qui nous racontait avec Ghosts l’histoire des personnes présentes dans les carnets de son arrière-grand-père avant de nous conter l’histoire de la personne qui écrivait ces carnets dans Marius, dévoile aujourd’hui une nouvelle aventure mettant cette fois-ci en lumière les cultures et traditions de contrées éloignées à travers 9 masques, faisant ainsi un clin d’oeil à son propre masque qu’il porte sur scène depuis la sortie de son second EP. Il nous confiait : « Je me suis dit : « tu racontes l’histoire de personnes, leurs vies, en concert tu ne parles pas, tu ne chantes pas donc pourquoi tu te montres ? ». Le but était de mettre en avant les histoires que je raconte, pas moi personnellement sinon le message se perd. […] Quand je le porte je m’oublie totalement derrière« .

Dès les premières secondes d’écoute, Mokado nous embarque en aventure et pose les bases de ce nouveau projet : armé de son incontournable marimba, il diffuse une techno haletante saupoudrée d’instruments traditionnels insufflant une richesse des plus appréciables et mettant savamment en lumière ces récits légendaires. Quand NUO nous emmène aux confins de la Chine avec son chant mystique qui se veut envoûtant, TENGU nous régale de saveurs du pays du soleil levant avec une instrumentation davantage radieuse.

 

On poursuit l’exploration avec un de nos coups de coeur, le fraîchement sorti TA MOKO qu’on ne cesse d’écouter par sa rythmique des plus entraînantes qui se voit balancée par celle de la piste suivante, TAPU ANU qui, avec sa production riche, se veut davantage contemplative. Comme installés sur un roller coaster, on retrouve avec joie TCHOKWES et son atmosphère dense amenée par un équilibre parfait entre la profondeur des basses et les notes de marimba qui apportent une pointe d’allégresse très appréciable.

Avant d’attaquer le tiercé final, on découvre l’intrigant SENOUFO et sa mélodie si cinématographique qu’on en arrive à se perdre dans nos pensées à son écoute. A l’image de son ami thems qui ouvrait son concert en octobre 2021 au Point EphémèreMokado est un talentueux storyteller qui parvient à créer des histoires dans la tête de ses auditeurs grâce à son électro instrumentale raffinée.

Place à KUMPO et son côté presque alarmiste dans lequel l’artiste se donne à fond puis à l’obsédant MORETTA aux douces saveurs italiennes qui est sans doute le morceau qui nous accompagnera tout au long des beaux jours à venir ! A son écoute, on ne peut s’empêcher de sentir euphorique, notamment pendant le pont où les basses rutilantes nous mettent en émoi avant de retrouver son imparable ritournelle de marimba. Une véritable pièce de maître !

Pour clore ce second album, Mokado nous offre un réel bouquet final avec YUPIK qui nous apparaît comme un condensé de toutes les pistes de cet opus, naviguant entre moments d’accalmie et d’explosion. Une jolie conclusion qui nous donne une seule envie : réécouter l’album d’une traite !

En bref

Avec ce second album, Mokado parvient à créer une unicité tout en laissant chaque piste apporter sa couleur, le tout en retrouvant la patte de l’artiste qu’on apprécie tant depuis ses débuts et qui ne cesse d’évoluer. Ainsi, et sans réelle surprise, le producteur nous bluffe tout au long de ce nouveau projet. On le savait mais Maskoj en est une nouvelle preuve : Mokado est un brillant compositeur, certainement un des producteurs français d’électro les plus brillants de sa génération et en qui l’on croit énormément de par la richesse de sa musique mais également sa virtuosité à conter des histoires aussi touchantes que captivantes.

Maskoj signifie « masques » en espéranto, dialecte créé afin de permettre les échanges entre tous les individus n’ayant pas la même langue maternelle. Une symbolique forte qui démontre son envie de rassembler le plus grand nombre avec sa musique. Un sens du détail qui fait la force de son projet musical ! On en profite pour souligner la beauté de sa pochette réalisée par Alice Delsenne et on vous conseille d’aller découvrir les illustrations de chaque morceau à travers son masque respectif sur l’Instagram du producteur.

Bien que l’on puisse regretter de ne trouver que 9 pistes dans cet opus, on se doit d’avouer que Mokado y a injecté tout son savoir-faire et son énergie, sans aucune retenue ! Du début à la fin on se laisse aisément happer par cette techno mélodique qui ne cesse d’explorer de nouveaux horizons. On se hâte de découvrir ce nouvel opus en live ayant eu l’opportunité de voir l’artiste à de multiples reprises et ayant constamment été saisis par l’ambiance qui règne lors de ses concerts. Préparez vous à danser toute la soirée durant et ne ratez pas la première partie de sa date parisienne à La Maroquinerie le 6 avril qui sera assurée par Obsimo et qui, pour bien le connaître, ne manquera pas de chauffer rapidement l’audience.


Tracklist

1. NUO

2. TENGU

3. TA MOKO

4. TAPU ANU

5. TCHOKWES

6. SENOUFO

7. KUMPO

8. MORETTA

9. YUPIK

Notre sélection : MORETTA, TA MOKO, TAPU ANU

NOTE : 19,5/20


Comme on vous le disait, Mokado parfait chaque détail lors de la sortie d’un nouveau projet. On vous laisse ainsi prendre connaissance de l’histoire qui se cache derrière chaque morceau !
NUO (Chine, Asie)

Nuo est en ancien rituel chinois durant lequel des acteurs portant des masques grimaçants de féroces démons pendant des processions afin de chasser les mauvais esprits et d’apaiser les fantômes. Durant ces cérémonies les acteurs avaient interdiction de parler et effectuaient des danses spectaculaires.

TENGU (Japon, Asie)

Tantôt fantômes protecteurs, tantôt démons malveillants, les Tengus – ou chiens célestes – sont des créatures légendaires dans le folklore japonais. Vivant dans les montagnes, ils prenaient l’apparence de larges oiseaux de proie humanoïdes. Dans la culture, la littérature et l’art japonais ils sont souvent représentés avec d’iconiques masques rouges au long nez.

TA MOKO (Nouvelle Zélande, Océanie)

En Nouvelle Zélande et sur les îles Cook, Ta moko est le secret de l’art du tatouage facial permanent venant du monde des esprits. Il a été révélé au monde réel via Mataora, un simple Maori marié à Niwareka une créature divine. Après une dispute conjugale, Mataora la gifla. Accablé de regrets, il accepta d’endurer la douleur du tatouage facial permanent afin de se racheter et se de réconcilier avec Niwareka. Il revint ensuite dans le monde réel en rapportant ce secret aux mortels.

TAPU ANU (Iles Mortlock, Océanie)

Sou Tapu Anu étaient des sociétés secrètes dans les îles de Micronésie. Afin de résister aux terribles vents d’Océanie et de faire faces aux féroces tempêtes qui fouettent la région, elles vouaient un culte au mystique Arbre à Pains, chantant et dansant durant des cérémonies rituelles arborant d’étrange masque en bois sacré.

TCHOKWES (Angola, Afrique)

Lweji fût le premier gardien du Hamba, l’art de la divination qui permettait aux oracles de lire l’avenir et de parler aux esprits. Elle se maria avec Chibinda Ilunga, un grand Guerrier Chokwé. Il lui enseigna l’art de la chasse, et en échange, elle lui apprit l’art du Hamba. Ensemble, ils créèrent le royaume Chokwé et enseignèrent à leur peuple leurs arts durant le Mukanda, un rite initiatique pour les jeunes hommes durant lesquels ils portaient de grands masques afin que l’esprit de leurs ancêtres puisse les guider vers la voie des devins ou celle des chasseurs, afin de perpétuer leurs arts.

SENOUFO (Côte d’Ivoire, Afrique)

Afin de devenir adulte, les enfants Sénoufo devaient endurer le rite Poro, une longue initiation divisée en 3 étapes de 7 années chacune. Durant la dernière d’entre elles qui mène à la connaissance suprême, ils se rendaient au Sinzang (le bois sacré) afin d’apprendre à créer des masques magiques. Puis, ils devenaient des initiés masqués pouvant guider leur communauté durant des cérémonies religieuses ou des funérailles.

KUMPO (Sénégal, Afrique)

Le Kumpo est l’une des 3 figures mythologiques provenant du Madingue et du peuple Diolas dans la région du Senegambian. Elle est responsable de la justice et du bien-être des individus, représente des valeurs telles que le respect des anciens, le partage ou le sens de la vie en communauté. Traditionnellement, elle est incarnée par quelques vénérables initiés durant des cérémonies annuelles. Entièrement vêtues de longues fibres de bambous ou arborant de longs bâtons, personne ne connaissait leur véritable identité.

MORETTA (Italie, Europe)

Au 18e siècle, durant le Carnaval de Venise, certaines femmes portaient un masque en velours noir cachant leur visage de la vue des hommes. Comme ce masque n’avait pas de ficelles, elles le maintenaient sur leur visage en mordant un petit bouton à l’intérieur de celui-ci, les empêchant ainsi de parler. Cela créait ainsi un mystérieux jeu de séduction où les femmes avaient le pouvoir sur les hommes, décidant qui parmi leurs prétendants auraient la chance d’entendre leur voix et de contempler leur visage.

YUPIK (Alaska, Amerique)

En Alaska, avant la longue nuit d’hiver, le peuple Yupiit organisaient de nombreuses cérémonies dirigées par leurs shamans afin de protéger leurs communautés respectives. En fonction des rêves des shamans, ils créaient des masques afin – entre autres – de protéger les chasseurs du danger, telle que la légendaire créature Amikuk qui pouvait changer d’apparence. Dans sa forme humaine, l’Amikuk pouvait exaucer le vœu des chasseurs tant qu’ils demeuraient silencieux. Dans sa forme monstrueuse, il pouvait tirer les malheureux chasseurs de leur kayak et les entrainer dans les profondeurs des lacs…

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