Rédacteur, Graphiste
Après une entrée fracassante sur la scène post-punk britannique (Brutalism en 2017) et avoir brillamment passé le test du deuxième album (Joy as an Act of Resistance en 2018), IDLES nous revient avec Ultra Mono, un disque qui se veut plus radical encore.
Pour ceux qui auraient pu en douter, ça crie toujours aussi fort, si ce n’est plus, car Joe Talbot a encore beaucoup de choses à dire. Sur l’Angleterre post-Brexit, les politiques, le féminisme, le racisme, l’homophobie. Bref, IDLES est un groupe de son temps et a su bâtir son image de good guys, à travers une musique qui parle à la nouvelle génération (à l’image des Shame ou Fontaines D.C.) et une communication léchée (merch tendance, présence sur les réseaux sociaux etc.).
À l’image de Mr. Motivator, premier single feel-good de l’album qui nous invitait à nous secouer en plein confinement, Ultra Mono encourage l’estime et l’amour de soi. Un album empreint donc de positivité et de bienveillance, à l’instar des membres du groupe.
Dans Model Village (clippé par les frères Gondry, à voir ici), Joe s’en prend à cette Angleterre repliée sur elle-même, pro-Brexit, homophobe et raciste. Un leitmotiv auquel nous sommes habitués depuis Brutalism. IDLES confirme là son statut de groupe engagé, politiquement et socialement, n’hésitant jamais à affirmer ses positions aussi tranchées soient-elles.
S’en suit Ne Touche Pas Moi, qui se veut être un hymne féministe et pro-consentement (avec la voix de Jehnny Beth de Savages). Une chanson qui on l’espère fera réagir dans le pit de leurs concerts, un lieu pas toujours sûr pour tout le monde.
La recette ne change pas. IDLES assène ses messages à coups de riffs simples mais répétitifs, les rythmes motoriques et les guitares tendues se mêlent aux cris de rage de Joe. Le puissant Reigns s’impose comme l’apogée de l’album, un titre en soutien à la classe ouvrière britannique (tout comme Carcinogenic qui le précède) et très critique envers la politique militariste du Royaume-Uni au cours des dernières décennies.
La teinte de l’album s’osbscurcit encore sur la fin. A Hymn, à l’intro Kasabian-esque est un titre plus sombre, où l’ambiance (on peut penser à Nick Cave) s’installe peu à peu et dans lequel sont évoqués regrets et mélancolie. L’énergique Danke vient finalement clôturer avec puissance un album qui n’en manquait pas.
Au final, Ultra Mono est un album peut-être moins marquant que les deux premiers. Un disque concis et brut, au textes toujours aussi engagés, mais qui manque d’un soupçon d’originalité pour égaler ses prédecesseurs.
Tracklist
1. War
2. Grounds
3. Mr. Motivator
4. Anxiety
5. Kill Them With Kindness
6. Model Village
7. Ne Touche Pas Moi
8. Carcinogenic
9. Reigns
10. The Lover
11. A Hymn
12. Danke
Notre sélection : Reigns, Mr. Motivator, Model Village