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Interview : Philippine

Interview : Philippine

Après plusieurs singles dévoilés depuis 2018, Philippine dévoile Par Fierté, un premier EP personnel dont elle nous dévoile les coulisses de sa création.

Salut Philippine ! Ça fait maintenant depuis 2018 que tu dévoiles plusieurs titres et tu as sorti le 1er septembre ton premier EP Par Fierté. Qu’est-ce que ça te fait de voir les réactions des personnes qui te suivent depuis tout ce temps ?

Salut ! Ça fait trop plaisir ! Le lendemain j’ai mis une story où j’avais les larmes – bon je poste rarement des vidéos de moi qui parle dans mes stories, il ne faut pas non plus abuser ! – mais c’est vrai que j’ai reçu des messages, des textes de gens qui me suivent depuis au moins 4 ou 5 ans et du coup j’étais hyper émue de voir leurs réactions. Je n’étais pas vraiment stressée, j’avais qu’une hâte : que ca sorte ! Et en fait je pense que le lendemain de la sortie il y a toute la pression qui est tombée d’un coup  et j’étais en larmes quand je lisais tous les messages ! Je n’arrivais même pas à les lire tellement je pleurais ! J’étais vraiment trop trop contente des retours mais surtout surprise de voir à quel point les gens me connaissaient. Cet EP c’est un peu un journal intime, je me dévoile sur ma vie et de savoir que ca a été aussi bien reçu ça m’a vraiment fait plaisir !

Pourquoi avoir choisi Par fierté comme titre de l’EP ?

C’est vraiment lié au single Par fierté. C’est le fil conducteur de tous les autres titres. C’est une histoire que j’ai vécue il y a quelques années, une relation toxique qui a duré pas mal de temps. Je ne suis pas là pour parler d’une histoire d’amour, mais cette histoire m’a permis d’être qui je suis aujourd’hui. Le fait que ce soit une relation toxique, d’en être sortie. A la suite de cette chanson, j’ai écrit toutes les autres. J’ai écrit 1 fois sur 2, J’n’attendrai plus... Pour moi ce titre était tellement important, un message fort que j’ai voulu passer

Dans tous les titres de l’EP il y a beaucoup de rage, de piques. Dans Par fierté tu dis : « J’ai préféré m’enfuir que dire au revoir // De plus nier, d’souffir des bruits d’couloir // J’ai bien vu qu’en ce moment tu t’sens un peu pousser des ailes » ou encore dans Hyprocrite : « Ça critique sans respect // Ça déteint sur les gens // Ca défile, tu te défoules derrière ton petit écran« . Ça a été libérateur d’écrire tout ça ?

Par fierté par exemple je l’ai écrit en été pendant la relation, quand j’étais en colère. Il y a deux ans, mes parents sont partis en Espagne en vacances et je sentais que j’avais besoin d’écrire, d’être seule, je sentais que c’était un moment où j’étais en colère, triste, et j’avais besoin de m’exprimer en faisait de la musique. J’ai dit à ma famille : « partez sans moi, je préfère être seule à la maison et écrire« . Et pendant une semaine, tous les jours de 9h à 18h, j’écrivais… J’ai écris Hypocrite, Par fierté… J’avais besoin d’exprimer tout ce que je ressentais.

Jusqu’à présent j’ai sorti plusieurs singles avant de sortir cet EP, certains n’étaient pas écrits par moi, d’autres avec plusieurs personnes. J’étais un peu la petite fille qui disait : « amen« , « ok on va parler de ce sujet, d’amour« , « on va survoler une histoire« . Ça me tenait toujours à coeur, c’est toujours des histoires vraies auxquelles je m’identifiais aux textes mais là il fallait que ça vienne de moi, qu’il y ait mon sang. Même la prod… C’était des pianos-voix, après je me suis mise à faire de la production sur LogicPro. Je choisissais la batterie, la guitare, la basse. Je voulais que tout vienne de moi. Pas uniquement une question d’égo ou de fierté même s’il y en avait un peu quand même mais c’était vraiment pour montrer « ouais je sais faire, j’ai des choses à dire, poignantes, avec des textes un peu bruts« , pas pour choquer mais pour faire tilt. On a connu Philippine ado et là on l’a connait en tant que quelqu’un qui a vécu des choses, qui a des choses à dire et n’a pas peur de les dire.

Tu as confié avoir touché à la production dans Hypocrite. Ca t’est venu naturellement ?

J’ai eu la chance d’avoir un label et même les producteurs avec qui j’ai travaillé voire mes managers de l’époque, ils ont senti que j’avais besoin de me sentir un peu plus libre. Ils me faisaient confiance, parce que ca faisait des années que je travaillais avec tout le monde, ils voyaient que je pouvais le faire. Je ne les remercierais jamais assez parce qu’ils m’ont permis de me sentir libre par rapport à tout ça. De se dire : « elle vient avec ses prods déjà faites de A à Z, et nous on va juste « débrouillonner »« . Comme tu le vois cet EP c’est une tornade , il y a beaucoup de styles différents. Je suis arrivée avec plein de titres, bien plus que 7  mais ils m’ont fait confiance et sont allés dans ma direction. C’était vraiment cool !

 

Tu étais frustrée d’avoir mis autant de temps avant de le sortir ?

On est toujours frustrés en tant qu’artistes (rires). Mais c’est juste que c’est à cause de la stratégie du label, de sortir des singles, avant de sortir un album.

Mais justement, il y a des morceaux qui ont plutôt bien marché, ça aurait pu aller peut-être plus vite ?

Je pense qu’ils me font confiance parce que justement j’ai des titres qui sont passés en radios, que j’estime qui ont eu du succès. Je pense que c’est pour cela qu’ils m’ont fait confiance et qu’ils m’ont laissé travailler avec les producteurs que j’avais choisis. Je suis vraiment chanceuse par rapport à ça, de ne pas être dans une case, de ne pas être catégorisée en tant qu’artiste pop ou variété. Après ce sont des discussions qu’on a en label, où on discute autour des singles, qu’est-ce qui marchera le plus, etc…

Il y a beaucoup de BOP dans l’EP, je pense à 1 fois sur 2 ou à Bleu. C’est quoi pour toi une bonne chanson pop ?

Pendant Hypocrite j’écoutais beaucoup Imagine Dragons ou abcdfu de Gayle mais c’est plus pop-rock. Sinon j’ai envie de dire Ariana Grande, Dua Lipa, Adèle, mais elles ont tellement de styles différents.

C’est justement ça qui est bien aujourd’hui, c’est qu’on enferme moins les artistes dans des cases…

C’est ça qui est assez cool ! Et justement, je suis contente avec cet EP parce qu’il dégage une certaine homogénéité par rapport aux textes mais par rapport aux styles c’est pas si homogène que ça… Il y en a un peu pour tout le monde. Je pense que c’est bien d’avoir de la variété dans les styles dans le sens où moi personnellement dans ma playlist je n’ai jamais un album en entier. J’ai des titres que j’aime bien, des artistes aussi, parce qu’il y a des sonorités qui me plaisent dans ce morceau et en fait j’ai fait la même chose dans mon EP. Je sais que quelqu’un qui écoute du pop-rock va bien aimer Hypocrite et ne va pas du tout aimer Bleu. Par contre quelqu’un qui écoute plus du disco va adorer Bleu mais ne va pas aimer Sablier. Je trouve que c’est intéressant d’avoir ce débat avec les gens, qui justement vont me dire : « ah bah Sablier je suis moins fan mais par contre J’n’attendrai plus j’adore parce qu’il y a une sensibilité, qu’on te reconnait…« . Je trouve ça intéressant en ayant sorti mon EP d’avoir ce genre de débat.

Dans Sablier tu parles de l’anxiété sociale. Est-ce que c’est quelque chose que tu vis au quotidien ?

On vit dans une génération où on est beaucoup sur les réseaux sociaux, où on reste pendant des heures chez nous à ne rien faire, à avoir « la flemme ». Sablier ça parle de ça, de pas avoir envie de sortir, de ne rien faire. Il y a aussi le regard des autres. Je n’ai pas forcément confiance en moi et je préfère être enfermée dans mon 24m2 à Paris à écrire de la musique que de sortir et à devoir faire des faux-sourires et être hypocrite. Tu vois tout est lié (rires). Sablier je voulais qu’il ait un peu d’humour. Pour l’instant il n’y a pas de clip de prévu mais c’est vrai que je m’imaginais, moi, dans ma chambre, comme une larve sur mon lit. Il n’y a rien de méchant, c’est vraiment le coté flemme et humour dans ce titre.

Tu joues du piano notamment dans J’n’attendrai plus, un instrument que tu as découvert à 4 ans. Comment ça s’est passé ? Tes parents sont dans la musique ?

Non pas du tout ! C’était compliqué parce qu’au début de ma petite carrière, quand ça n’allait pas et que j’essayais de réussir, ils ne comprenaient pas comment il fallait faire. Ils essayaient de m’aider mais vu qu’ils sont pas dans la musique c’était compliqué. En fait, j’ai vécu 5 ans au Canada, du coté anglophone vers Toronto et des amis de mes parents avaient un piano droit. J’ai eu un coup de foudre et du coup mes parents m’ont acheté mon premier piano que j’ai encore. Je joue encore dessus dès que je rentre chez eux. J’ai pris des cours de chant à 8 ans, puis du solfège, j’ai fait du classique, du baroque, du clavecin et après j’ai bifurqué vers le jazz, la pop, pop-rock, j’avais un groupe.

 

Un groupe qui s’appelait comment ?

Le groupe s’appelait E-Y-O, avec deux points sur le Y. Je ne sais même plus pourquoi ca s’appelait comme ca mais c’était cool.

Vu que tes parents ne sont pas du métier, est-ce que ils ont eu peur pour toi ?

Mon père avait plus peur. Il voulait vraiment que je passe par la case école, bac. Et c’est ce que j’ai fait. Notre deal c’était, si tu passes ton bac, tu peux aller faire de la musique. Moi j’aimais beaucoup l’école, contrairement à ma petite soeur (rires). Ma mère avait ce coté : « bon ma fille elle adore ça, elle va faire de la musique, elle a du talent, c’est une artiste ». Alors que je savais à peine jouer du piano. Je trouve qu’il y a un bon équilibre entre eux parce que mon père a le coté « tête sur les épaules » et ma mère le coté « on fonce! ». Même aujourd’hui c’est très cool d’avoir cet équilibre. J’ai beaucoup eu de chance d’avoir mes parents qui me soutiennent. Quand j’ai fait The Voice, Destination Eurovion ou mon duo avec Gavin James et qu’on était nommés aux NMA, j’étais fière pour mes parents.

Tu disais que tu avais écrit tes premiers textes à 14 ans. Tu te souviens du tout premier ?

Oui je m’en souviens très bien. Pollution ça s’appelait, alors que je m’intéressais pas à l’écologie à cet âge-là. C’était en anglais, très fifille écolo qui avait 14 ans.

Il y a toujours beaucoup de danse dans tes clips. Est-ce que tu suis des cours ?

Non je ne suis pas danseuse. J’ai fait de la gymnastique pendant 9 ans en compétition. Mais c’est vrai que j’aime beaucoup la danse et parce que c’est hyper important dans mon projet. Je m’exprime vocalement mais j’aime aussi le faire avec le corps. Par exemple, C’est beau, c’est toi un single qui est sorti il y a longtemps, j’ai dit à mon label : « oui oui j’suis danseuse ». Alors que pas du tout ! (rires) Mais je savais que je pouvais le faire. C’est un peu ma mentalité « canadienne-américaine » de dire que je sais faire et le seul moyen de prouver c’est de le faire et le faire bien. Du coup j’ai dansé dans le clip et j’étais très fière. Pour moi la danse c’est intimement lié à la musique, comme la peinture, la sculpture. L’art c’est quelque chose d’entier et c’est vraiment très important dans mon projet. C’est libérateur, ça fait du bien et je trouve tellement beau à l’image.

Quand est-ce qu’on te verra danser à ton propre concert ?

Là pour l’instant ma priorité c’est de sortir le plus de titres possible, il y aura sûrement un second EP très bientôt comme ça, je vais pouvoir avoir un vrai show sur scène. Ça prend du temps, c’est toujours étape par étape, ça m’a pris du temps parce qu’on a sorti plusieurs singles mais là c’est une autre stratégie avec l’EP. Je vais avoir des promos radios avec 1 ou 2 titre(s) mais les concerts j’y travaille justement pour avoir un vrai show, de la vraie danse, que tout le monde pleure quand je fais les ballades.

Le dernier titre Ange est très touchant. On a l’impression que tu fais déjà le bilan de ta carrière. Est-ce qu’à un moment que ne t’es pas sentie à ta place ou on t’a fait comprendre que tu n’étais pas à ta place dans l’industrie ?

En fait tout cet EP il parle d’amour, d’amitié et aussi de ma vie professionnelle. J’ai eu beaucoup de déception dans la vie comme n’importe qui. C’était important pour moi de la dire, surtout dans Hypocrite ou même dans tout où j’ai des mots un peu crus. Et c’était voulu parce que j’étais dans une phase où j’en avais marre d’être déçue. J’ai toujours vécu dans une bulle, j’ai toujours été très gentille. Quand je suis arrivée dans la vie adulte je ne m’attendais pas à être aussi triste, déçue des gens que j’ai aimés. J’avais besoin d’en parler. Et oui, dans la musique il m’est arrivé des choses qui m’ont vraiment blessée, des choses qu’on disait sur moi complètement fausses, des gens qui me voulaient du mal. Je l’ai jamais dit parce qu’on m’a éduqué en disant que le silence est le meilleur des mépris, il faut garder la tête sur les épaules. Le meilleur pour moi pour rester forte c’était d’écrire ces chansons en étant sans filtre sans pour autant dénoncer qui que ce soit mais juste en disant la vérité tout simplement.

Merci beaucoup Philippine !

Merci à toi !

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