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Interview : Hugo Barriol

Interview : Hugo Barriol

Alors qu’il vient de dévoiler un nouvel extrait de son second album, on a eu l’immense plaisir de discuter avec Hugo Barriol lors de son concert intimiste dans la capitale belge. Un échange à l’image de l’artiste : sincère, lumineux et inspirant !

Hello Hugo, on est ravi de te rencontrer ! Avec La Distillerie, on est tombé sous ton charme il y a déjà trois ans, au tout début du confinement. Depuis, tu nous accompagnes presque quotidiennement avec ta musique remplie de mélancolie et d’une douceur si agréable. Comment présenterais-tu ton identité musicale en quelques mots ?

C’est assez difficile de résumer ma musique mais je dirais que je fais de la pop folk indé mélancolique tout en ajoutant un peu de lumière, d’espoir dans mes chansons.

Tu me disais que tu m’avais vraiment découvert avec l’EP Hey Love qui se veut hyper mélancolique mais là tu verras qu’avec ce second album qui sort dans quelques semaines il y a quelque chose de plus solaire !

En effet ! J’ai eu la chance d’écouter l’album et j’ai trouvé qu’il marque une nouvelle étape dans ta carrière faisant évoluer ton univers musical dans une direction encore plus poussée et assumée !

Ouais ! En fait, ce qu’il s’est passé avec cet album c’est que j’ai écrit des chansons qui parlaient d’autres personnes et plus uniquement de moi. Quand j’écrivais seulement sur moi j’avais davantage tendance à mettre en avant les choses graves, ce qui me touche personnellement et qui dégageait donc davantage ce sentiment de mélancolie alors que dans la vie de tous les jours je suis assez solaire, j’aime me marrer et je me suis rendu compte que ma musique ne reflétait pas du tout cet aspect là de ma personnalité.

En plus de tout cela, j’ai commencé à faire de la musique en jouant de la batterie et j’adore quand ça tape fort. Je me suis mis ensuite au chant et à la guitare où tu es dans quelque chose de beaucoup plus doux. Ça m’a pris pas mal de temps de réussir à faire le style de musique que j’ai actuellement ! J’ai toujours voulu faire ça, essayer de trouver une nuance dans une ambiance folk mais qui envoie aussi, qui transporte l’auditeur !

On parlait d’Hey Love et j’ai vu qu’il avait été composé à Londres, comme ton premier album. En écoutant ta musique, on ressent une réelle connexion avec l’Angleterre. Peux-tu nous en dire plus ?

En fait, mon père faisait de la musique, il était dans un groupe de rock et il écrivait en anglais. À la maison j’avais l’habitude d’écouter des groupes anglo-saxons. J’ai principalement grandi avec des groupes qui composaient, chantaient en anglais et je pense que j’ai en quelque sorte assimilé le fait de parler de choses personnelles, de s’exprimer plus librement dans cette langue.

 

Personnellement, la musique anglo-saxonne me touche davantage, c’est ce que j’aime écouter et donc quand je cherchais un producteur, notamment pour travailler Yellow, mon premier album, j’ai regardé qui se cachait derrière les groupes que j’adorais : Matthieu & The AtlasMatt Corby, Mumford & Sons, Daughter, tous ces groupes là… Et j’ai trouvé Ian Grimble ! C’est pour ça que j’ai été à Londres pour enregistrer mon album avec lui.

Puis, juste avant le Covid, j’y ai vécu sept mois. Pour l’anecdote, je suis parti à Londres parce que j’avais adoré cette ville la première fois où je m’y étais rendu quand j’avais 19 ans pour travailler l’été. J’avais vraiment envie de découvrir l’atmosphère londonienne, son quotidien. Et puis, j’ai revu Ian Grimble, il m’a dit « Vas-y, tu as des chansons ? On retourne dans le studio faire un truc« . J’ai donc enregistré l’EP Hey Love à ce moment-là avant de retourner à Paris voir ma copine qui vivait toujours là-bas et du jour au lendemain, confinement… Donc je suis resté à Paris !

Mais oui, pour revenir à ta question, je suis très attaché à l’Angleterre et je pense aussi que ça se ressent dans ma musique !

Tu as également vécu en Australie et voyagé notamment au Portugal, Espagne ou encore au Maroc pour la composition de ton prochain disque. En quoi le fait de voyager, d’explorer de nouvelles contrées aide au développement de ton univers artistique ? Je trouve personnellement qu’on retrouve cette notion de voyage, de liberté dans tes compositions !

Pour tout te dire, je ne suis jamais parti très loin avant mes 24 ans ! Quand j’avais 18 ans, j’ai découvert le film Into the Wild, j’ai directement accroché à cette idée de partir explorer le monde mais je n’avais pas le courage de voyager seul donc j’ai attendu que mon meilleur pote termine ses études pour lui balancer « vas-y, viens, on part voyager un an !« . On a choisi l’Australie pour le soleil, la vie de road trip mais aussi parce que j’avais besoin d’améliorer mon anglais pour écrire plus facilement et me sentir davantage légitime ! Et c’est là-bas que j’ai écrit On the Road ou encore Our Kingdom qui est sur Yellow. J’ai pas mal été inspiré par les musiques d’Eddie Vedder.

Avec mon prochain album j’avais vraiment envie de pousser ce concept d’écrire des chansons qui ont un peu plus de force, qui donnent envie de vivre et qui apportent davantage de lumière. Bouger, voyager c’est hyper inspirant !

 

C’est vrai qu’à l’écoute de tes compositions, on plonge instantanément dans un cocon réconfortant avec cet onirisme saisissant qui se dégage de l’équilibre entre tes productions folk et ta voix angélique. Elles sont très inspirantes et apportent quelque chose de très positif !

Je pense que mes compositions donnent cette envie de s’écouter, d’aller dans une direction où l’on sait qu’on va être bien ! C’est excitant ! Et puis j’avoue que j’ai tendance à m’ennuyer assez vite… Quand tu voyages, il se passe beaucoup de choses, tu fais souvent face à l’imprévu parce que, même si tu planifies à l’avance, avant d’y être tu ne sais pas réellement ce que tu vas voir, comment tu vas vivre cette expérience et ce que tu vas ressentir ! Au plus profond de moi je ressens ce besoin de bouger. Je suis de Saint-Etienne et comme je te l’ai dit, à 18 ans j’ai directement voulu bouger et suis parti à Lyon, Paris et j’ai enchaîné avec l’Australie, Londres… Ça fait un bien fou de partir et de ne pas se plonger dans une routine !

Je comprends tout à fait ce sentiment ! Mais pour ce qui est de ton processus de création, tu t’imposes un rythme, un vrai processus bien défini ?

Honnêtement je n’ai pas de réel processus de création, de recette magique ! Par exemple, quand je suis parti en road trip avec ma copine, j’ai composé et enregistré pas mal puis en revenant je n’ai quasi rien fait pendant 3 mois… Quelques temps après l’inspiration est revenue et je me suis repenché dessus. Je t’avoue que, dès que l’inspiration vient, je fais tout pour me focaliser au maximum surtout que maintenant je produis mes chansons et donc j’enregistre directement en trouvant les sons qui me plaisent pour avancer le plus possible !

Quand je suis parti à Londres enregistrer Hey Love, j’avais cette envie de me mettre dans un cocon pour bosser en essayant d’écrire tous les jours, de trouver une certaine régularité ! Avant, j’avais l’habitude de composer juste avec ma guitare et d’aller après en studio avec des musiciens mais depuis le Covid je m’investis encore plus dans tous les aspects de la création. Ça me passionne !

Tu t’apprêtes à sortir ton second album le 16 juin. On a ressenti une réelle évolution tout en gardant des compositions chargées en émotions et fédératrices. Quelle envie avais-tu pour cette sortie ? Y-avait-t-il un message que tu souhaitais faire passer ?

Il n’y a pas de message global pour cet album. Je pense que je n’arriverai pas à faire d’albums concept même si dans ce disque il y a une réelle notion de voyage mais effectivement les chansons me viennent comme ça, c’est ce qui me touche à un instant précis, ce que j’ai envie de raconter. Pendant le voyage j’ai écris les chansons, j’ai commencé à les enregistrer mais parfois ça prend du temps avant de les sortir. Par exemple, dans l’album il y a un titre que j’ai composé quand j’avais 20 ans et j’en ai 34 maintenant ! Elle était restée dans un tiroir… Pendant des années j’ai essayé d’en faire quelque chose mais je n’arrivais pas à la terminer…

 

Avec cet album je n’avais pas envie de faire de concession. Je souhaitais vraiment aller au bout de ce que j’avais en tête. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai presque tout fait tout seul ! Dans mes précédentes expériences, j’ai collaboré avec beaucoup de personnes et c’est vraiment génial d’avoir du monde autour de soi mais ça force à faire des concessions et par nature mes chansons n’étaient jamais à 100% les miennes.

C’est drôle quand même de ressortir une composition 14 ans après ! 

Alors je ne l’ai pas ressortie ! Enfin si, mais à l’époque on mettait ça sur MySpace (rires). Il y avait cette chanson qui était un petit peu trop légère dans ce qu’on racontait… D’ailleurs, je dis « on » parce que j’avais monté un groupe avec un pote, je ne jouais pas encore de la guitare, c’était après le groupe dans lequel j’étais batteur et je m’étais juste mis au chant. Ce fameux pote m’accompagnait et on avait composé ça mais je l’avais complètement mise de côté… Et finalement je me suis dit qu’il y avait un truc à faire avec ce morceau et je l’ai travaillé pendant hyper longtemps avant de le mettre dans cet album. Pour tout te dire, je voulais même la mettre sur le premier album qui est sorti en 2019 mais je n’avais pas réussi à en faire quelque chose…

Et tu pourrais nous dire de quel morceau il s’agit ? 

C’est Baby Don’t Cry !

Je trouve ça vraiment excellent que tu aies enfin réussi à le finir après autant de temps et que tu ne te sois pas découragé !

C’est vrai mais quand tu regardes, On The Road je l’ai écrite il y a déjà 9 ans, quand j’étais en Australie ! C’est fou à quel point ça passe vite !

En tout cas, ce sentiment d’avoir des chansons inachevées et de vouloir aller au bout, bien qu’on l’ait auparavant sortie « à l’ancienne », c’est très plaisant. De l’avoir dans l’album et de voir ce qu’il se passe, quelle sera sa vie en fait de compte c’est chouette !

Il me semble que tu as d’ores et déjà dévoilé la tracklist donc ce ne sera pas un spoil. On y retrouve les 4 pistes de ton EP Anywhere sorti en décembre dernier et qui nous avait permis d’affronter plus sereinement la douceur hivernale. Vois-tu cet album comme l’assemblage de deux EPs ? On a notamment eu cette impression par le choix du titre de l’album : Everywhere / Anywhere.

Je vais t’expliquer ce qu’il s’est passé ! J’avais envie de revenir avec les 4 chansons présentes dans Anywhere parce qu’en fait, si tu sors un album, tu auras 2/3 singles et après tu te retrouves avec 9 autres titres qui sont là mais qui n’ont pas réellement le coup de projecteur qu’ils pourraient avoir. Personnellement j’avais envie de mettre en lumière chaque composition de cet album ! Et il y a aussi le côté « plateformes de streaming » auquel il faut penser… Spotify ça reste un sacré mystère et je me suis dit qu’en faisant cet album de cette manière il y aurait une plus grande probabilité que tous les titres soient mis en avant !

 

En résumé, Anywhere c’était en quelque sorte l’annonce du second album. Un avant-goût !

Alors que tu nous as habitués à chanter chanter en anglais, tu conclus cet album avec une chanson en français, chose rare ! Dans sa récente composition Sombrer, Fhin chante « Je suis moins à l’aise quand je chante cette langue, je préfère quand vous ne comprenez pas ce que je pense« . Est-ce pour la même raison que tu composes majoritairement en anglais ? Par pudeur peut-être ?

J’ai commencé à écrire en français pendant le Covid. J’étais inspiré alors qu’auparavant ça ne m’était jamais arrivé ! J’ai écrit une première chanson et je me suis rapidement dit « je fais quoi avec ça ?« . C’était très étrange pour moi d’avoir une de mes propres compositions en français… Mais avec de recul, je me suis rendu compte que ça m’ouvrait une nouvelle porte et que ça me donnait la possibilité d’explorer autre chose. Finalement j’ai écrit plusieurs morceaux en français et comme cet album reflète qui je suis aujourd’hui pour moi c’était normal de terminer avec une chanson en français pour ainsi faire passer un message à mes auditeurs, celui qu’il y a ce nouvel aspect de ma musique que je vais présenter petit à petit, dans les mois, les années à venir.

En plus de tout cela, c’est un titre qui colle avec l’idée de l’album : cette invitation au voyage, à partir !

Et pour revenir sur ta question : c’est vrai qu’il est plus simple pour moi de chanter en anglais car je me sens plus libre mais ça m’a vraiment plu cette expérience du français et je vais dans cette direction petit à petit même si je garderai bien entendu l’anglais aussi !

De tes débuts dans le métro australien à ta rencontre avec Ian Grimble jusqu’à ce jour… Quel regard poses-tu sur ta carrière ?

Je me fais plaisir ! Vraiment, je prends mon pied à faire de la musique, ma musique et j’espère pouvoir continuer dans cette direction. Quand je regarde un peu en arrière, c’est vrai qu’il y a eu du chemin et je réalise qu’on est toujours un peu ailleurs, jamais vraiment dans le moment présent pour profiter de ce qu’il se passe à l’instant. Par exemple, le premier jour où j’ai mis le pied dans le métro, tout ce que je voulais c’était d’en sortir ; le jour où j’ai signé mon contrat, tout ce que je voulais c’était de sortir mon album ; quand j’ai sorti mon premier album j’étais déjà sur la suite…

Honnêtement, je pense que j’ai fait des erreurs mais aussi que j’ai fait de belles choses. J’essaie d’être vrai et de m’écouter plus en plus. Je viens d’avoir 34 ans et je me sens clairement mieux, encore plus en accord avec moi-même ! Et je suis épaté de voir des jeunes artistes qui ont déjà cette maturité, c’est fou ! Je commence tout juste à mieux analyser les situations, à aller dans les directions que je souhaite vraiment. J’ai pris et je prends toujours mon temps. Et ce que j’adore c’est que je me rends compte qu’il y a toujours une évolution possible. Je pense que c’est le moteur pour trouver de la motivation ; se fixer un objectif et tout faire pour y arriver. Je sais que je ne serai jamais à 100% satisfait, notamment quand je vois des artistes comme Ed Sheeran qui tournent partout et qui veulent encore plus ! C’est pour cela que je te disais que je tendais à vivre davantage le moment présent, à me calmer et profiter à fond !

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