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Interview : ABEL

Interview : ABEL

Rencontre avec Abel. Autodidacte de 20 ans, il vient de sortir son premier EP Dolce Vita, quatre titres au doux parfum d’été teintés de mélancolique, de romance et de nostalgie. Une contemplation poétique de la vie douce où la chaleur et la danse permettent d’aborder des sujets plus profonds qu’il n’y paraît

Tu viens de sortir ton premier EP Dolce Vita. En quoi cette expression te définit ?

Pour moi « Dolce Vita » c’était du second degré. Au départ c’était une blague, c’était des sons que je n’avais pas trop l’habitude d’utiliser. Ce sont des morceaux très joyeux alors que moi je préfère les choses un peu tristes. Je me suis donné un challenge de faire un gros truc groovy avec plein de basses et de guitares.

J’ai voulu nommer l’EP Dolce Vita puisque ça englobait tout l’esprit du projet : le soleil, l’été, le beau temps, la mer… La « Dolce Vita » c’est la vie douce, l’Italie, boire des coups avec ses potes, sortir, etc…

Tu as des origines italiennes ?

Pas du tout. Mais je suis allé en Italie l’été dernier et ça m’a beaucoup plu.   

Pourquoi se lancer un « challenge » comme tu dis, ce dès ton tout premier projet ?

J’aime beaucoup tester, j’ai écrit en anglais pendant pas mal de temps dans un délire Lana Del Rey, Tamino, donc rien à voir avec ce que je propose aujourd’hui.

Pendant le confinement, je me suis dit que j’aimerais bien écrire en français. Et ce sont des trucs beaucoup plus solaires, qui sont sortis tout de suite, plus pop, dansants… Et ça m’a plu de découvrir ce côté de moi que je ne connaissais pas, de l’apprivoiser et de me l’approprier.

C’est vrai que c’est hyper entrainant et joyeux et c’est pas comme ça que tu te décrits ?

Je suis au final quelqu’un de très calme et pourtant j’ai longtemps eu un « complexe de pop ». J’écoute beaucoup de pop depuis que je suis petit comme Katy Perry, Lady Gaga, mais je n’ai jamais voulu l’avouer. Faire cet EP, c’était aussi une manière pour moi d’assumer cette partie de moi. Je me définis un peu comme « la lune et le soleil », j’ai deux extrêmes. Et là c’est le soleil.

Il y a un paradoxe entre cette pop ensoleillée et des paroles sensibles sur Les Vagues ou Comme jeté à la mer qui abordent des thèmes plus complexes. Mettre en musique ces sujets qui se démocratisent et faire danser les gens dessus c’est une manière pour toi de relativiser ?

Exactement, j’ai découvert que parler de sujets un peu « deep » et faire danser les gens en même temps ça représente tout ce que j’aime dans la musique . J’aime les trucs catchy et mélancolique, j’essaye de tout regrouper.

Les maquettes étaient d’ailleurs beaucoup plus mélancoliques, on a vraiment tout retravaillé pour faire ressortir ce coté catchy et groovy.

Par exemple, Été 85 c’est clairement une chanson pop/mélancolique à écouter à la fin de l’été…

Franchement je l’ai composée de manière mélancolique, dans les accords, surtout à la fin avec les envolées de synthés.

Comment tu composes ?

Je n’ai aucune connaissance en solfège mais j’ai mon petit clavier branché à mon ordi et je trouve des accords à l’oreille et j’enregistre ce qui sonne bien.

 

Dans Les Vagues tu abordes le thème du harcèlement. Tu as également une playlist sur Spotify qui s’appelle « Anxiété sociale dans le rue LOL ». De quelle manière ces sujets te touchent ?

Je suis très branché psychologie. Ce sont des sujets qui me suivent depuis longtemps : l’anxiété, le harcèlement.

Je n’ai jamais vraiment pensé les mettre en chanson depuis ce harcèlement. C’était un harcèlement au primaire.

Et justement dans ce titre Les Vagues, j’y parle d’une anecdote qui s’était passé en CM2 où des gens avaient écrit sur les murs des toilettes, « Abel le P* », « Abel le porc ». Et j’avais dû les nettoyer après, parce que j’avais rapporté aux professeurs.

L’idée d’en faire un titre est arrivée quand ?

Je n’avais jamais réalisé ce harcèlement et j’ai mis beaucoup de temps à mettre des mots dessus. Pour moi c’était « normal » et ça ne devrait pas l’être. C’est quelque chose qui m’a beaucoup atteint et qui a empiété sur ma confiance et sur les relations aux autres. Je l’ai réalisé avec la thérapie, je vois un psy depuis pas mal de temps.

Grâce à cette thérapie, j’ai pu réaliser que ce j’avais vécu n’était pas normal et mettre des mots dessus. Même en parlant avec des ami.e.s qui étaient dans cette école et avec moi à cette période. Par exemple, cette anecdote c’est une pote qui me l’avait rappelée, moi j’avais totalement oublié. J’ai écrit cette chanson en réalisant tout ça finalement.

À quel moment tu écris ?

Ça dépend, j’écris surtout le soir. Dans ma chambre, dans mon lit sur mon téléphone. Souvent je fais les prods avant, que je fais tourner et je cherche des toplines.

Sinon, la journée quand je suis un peu en mode « poétique », en contemplation.

C’est pour ça aussi que je parle beaucoup de l’été parce que je sais qu’en écrivant l’EP je me suis pas mal reconnecté à la nature, tout le champ lexical de la nature, la mer est magnifique. Je découvrais l’écriture en français.

 

Ete 85 c’est un clin d’oeil au film de Francois Ozon ?

Oui et non. J’ai écrit la chanson en voyant des affiches dans la rue. Et en 2020, il y a eu toute cette mode autour des années 80 et je me suis intéressé à cette période. J’ai brodé juste en ayant le titre et l’affiche en tete et j’ai écrit ce morceau.

Et du coup j’ai écrit le film après et ça coïncidé totalement. Je l’ai même vu 4 fois et j’ai pleuré 4 fois (rires). Il m’a trop marqué, j’avais trop peur de voir le film et de me rendre compte que je ne l’aimais pas du tout, mais au final j’ai trop kiffé.

Tu seras au Hasard Ludique à Paris, le 29 septembre pour ton premier concert. Comment tu prépares cette nouvelle étape ?

C’est super excitant ! J’ai des cours de chant, de répétition, c’est tout nouveau pour moi la scène. Je suis assez timide et réservé donc c’est un vrai challenge que je me lance encore. J’ai juste hâte !

On peut te souhaiter quoi pour la suite ?

Continuer à faire de la musique, explorer ! J’aimerais explorer le thème de la nuit après la soleil. Des trucs plus orchestraux, mélancoliques, tout en restant dans la pop et la danse.

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