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Interview : NTO

Interview : NTO

NTO nous partage sa passion, sa sincérité et son excitation pour la sortie de son premier album Apnea. Il nous ouvre sa bulle, décrit son exploration et son parcours pour arriver jusqu’à ce disque. Cette rencontre s’est déroulée quelques jours avant la sortie de cet opus.

Avant de débuter cette interview, nous vous proposons de plonger dans Apnea, l’intro de l’album pour découvrir l’univers si unique de l’artiste.

 

Hello, tout d’abord merci de nous accorder cette interview. Comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de ton premier album ?

C’est indescriptible, j’attends ça depuis longtemps ! Je me sens fébrile, impatient, j’ai hâte que ça sorte. C’est super intense, ça fait deux ans que je bosse dessus et ça fait des années que je prévois de faire un album. Je m’en faisais une montagne il y a quelques années, j’avais peur et là je me suis lancé ! Je bouillonne, j’en peux plus, c’est de la folie !

Comment la musique est arrivée dans ta vie et particulièrement la musique électronique ?

La musique au sens large est arrivée par mon frère quand j’étais enfant. J’ai commencé par la guitare quand j’avais dix ans et j’écoutais plein de styles musicaux différents : rock, reggae, jazz, soul… L’artiste qui m’a fait découvrir l’électro c’est Underworld avec l’album live Everything, Everything. J’avais dix-neuf ans, j’ai commencé à sortir vers Montpellier dans des clubs et afters de la région, notamment le Bar Live, La Villa Rouge… J’y ai découvert la techno, la minimale allemande de l’époque et c’est un style de son qui m’a beaucoup parlé et attiré. J’ai trouvé ça pratique car j’avais envie de dire des trucs, je ne savais pas comment et l’électro était un bon vecteur pour le faire. Je me suis mis à produire de la musique à cette époque.

© Floriane Daures

Après tout ce chemin, qu’est-ce que veut dire cet album, Apnea ?

C’est une vaste question ! Apnea veut dire plein de choses. Avant de le composer, avant le confinement, j’avais quelques morceaux mais pas tous. Il fallait que je dessine les contours du projet, que je définisse le concept. J’y réfléchissais beaucoup avant de me lancer dans la composition. Je me suis remémoré plein de conversations que j’ai eu avec des amis, des gens qui aiment la musique me disant que la mienne leur évoque quelque chose d’aquatique, de sous-marin, de profond. De mon côté, quand je n’ai pas d’inspiration, je m’imagine sous l’eau, dans ma bulle et ça m’aide.

Ma musique leur évoque quelque chose d’aquatique, de sous-marin, de profond.

Je réfléchissais à tout ça et Arthur Guérin, cinq fois champion du monde d’apnée dynamique, m’a contacté sur Instagram. Il m’a dit « je viens te voir à Paris la semaine prochaine, j’adore ce que tu fais, est-ce qu’on ne ferait pas un swap de nos deux univers ? – je t’initie à l’apnée et je passe une journée en studio avec toi en échange ». C’est ainsi que je suis allé à Nice avec lui faire une journée d’initiation à l’apnée – c’était une expérience de fou ! Ça a fini d’achever ma réflexion autour du concept et je me suis dit : « Apnea ça lui va super bien ! ». Suite à ça j’ai produit Petit Matin, un morceau représentatif de cette ambiance profonde. A partir du moment où j’ai eu le concept clair en tête, ça m’a aidé pour la composition. Avec le confinement j’ai vraiment eu le temps de tenter plein de choses et de sortir de ma zone de confort. Avant j’étais très solitaire dans ma composition et avec un album c’est l’occasion de faire des collaborations, de travailler avec d’autres artistes – c’est ce que j’ai fait et ça a été extrêmement enrichissant.

Tu parles de collaboration, on en retrouve une notamment avec French 79, peux tu nous en parler ?

C’est génial de travailler avec lui, je me suis régalé. On s’était déjà rencontré, c’est un super producteur de Marseille. Toutes les collaborations se sont faites simplement, de façon très organique et naturelle. J’étais pas trop familier à cet exercice mais ça c’est vraiment bien passé. Il y a une collaboration avec Monolink, un producteur allemand absolument génial avec une super voix. Il y a aussi Louise, un producteur de Marseille qui a collaboré avec moi sur plusieurs morceaux de l’album et sur un en particulier, il fait de la super musique aussi.  Il y a Tricky aussi…

C’est assez étonnant d’ailleurs cette collaboration, c’est ma préférée !

C’est la préférée de beaucoup de monde, c’est un interlude dans l’album, elle est très deep et trip hop. J’avais un début de morceau et je me suis dit : « ça serait génial qu’il y ait Tricky de Massive Attack » donc on a tenté et il a répondu. La folie !

Avant j’étais très solitaire dans ma composition et avec un album c’est l’occasion de faire des collaborations, de travailler avec d’autres artistes – c’est ce que j’ai fait et ça a été extrêmement enrichissant. 

Il m’a renvoyé ses parties de voix et il a suggéré d’y ajouter celles de sa chanteuse Marta qui collabore avec lui sur ses deux derniers albums solo. Je me suis retrouvé avec les deux pistes de voix. Lui, il a une grosse voix rock, profonde et elle a une voix haut perchée et cristalline. C’était génial de produire avec ce contraste, ces deux couleurs différentes. Etant donné qu’il n’y avait pas de dates de concert avec le covid, j’ai vraiment eu le temps d’explorer et de m’exprimer, de faire de belles rencontres aussi. Ça a été très enrichissant !

 

Tu sors de ta zone de confort justement avec ces basses très profondes présentes sur les morceaux. On le ressent dans ta musique.

Je ne me pose pas trop la question non plus. Ce qui est cool dans ce projet d’album c’est que tu n’es pas obligé, contrairement à quand tu sors des singles, de taper juste sur un titre. Quand tu balances un single tous les quatre mois tu dois être pertinent, percutant, les gens attendent, le morceau doit être dancefloor mais aussi être cool, mélodique, te ressembler – tu dois cocher toutes les cases en un morceau alors que là tu as le loisir d’explorer. Un interlude avec Tricky je ne l’aurai jamais tenté si ça n’avait pas été dans un cadre album. De même pour l’intro qui est très deep avec une voix qui est celle de ma femme. Elle lit une définition de l’apnée et de la narcose. A la base je l’avais faite lire par la voix robotique d’Apple, le voiceover ça marchait bien mais je me disais pourquoi pas le faire avec une vraie voix.

Et ça déjà été vu…

Oui ça a déjà été vu et notamment Radiohead l’a fait sur Fitter Happier sur Paranoid Android, c’est une voix très jolie, pour moi le clin d’œil était cool mais je trouvais ça plus sympa de le faire avec une vraie voix.

© Floriane Daures

Cette intro nous fait vraiment entrer dans la bulle dont tu parlais tout à l’heure.

C’est ça ! Tu rentres dans le concept de l’album. Il y a la définition en plus, ça parle de narcose, c’est perché mais c’est rigolo. C’est un truc que tu ne peux pas faire sur des morceaux d’EP ou de singles mais c’est cool de pouvoir se lâcher à faire ce genre de trucs.

Un des titres, Invisible, a été remixé par Paul Kalkbrenner. J’ai lu qu’il t’a beaucoup inspiré au cours de ton parcours. Qu’est ce que ça fait de l’avoir sur un des tes propres morceaux ?

C’est assez incroyable parce que, comme tu l’as dit, c’est un des premiers artistes qui m’a inspiré à l’époque où je sortais beaucoup. Il y avait Stephan Bodzin, James Holden, Underworld… Il y en avait pleins et lui en faisait partie. En discutant avec mes managers autour d’Invisible qui est le troisième single de l’album, on cherchait des idées autour de ce titre pour l’animer et développer un univers. On a fait plusieurs trucs : un clip parti de l’image de base que j’avais du morceau, une collaboration avec Sofiane Pamart qui est une personne et un pianiste génial. Je suis trop content de l’avoir rencontré sur cet album.

On avait besoin d’un remix à côté, on cherchait des noms. En rigolant j’ai jeté des noms en l’air : Al Green, Georges Brassens et Paul Kalkbrenner. Mon manager m’a pris au mot il m’a dit « j’envoie au management de Paul K et on voit ce qu’ils disent ». Le  soir même, ils nous envoient un message en disant : « il a trop accroché, envoyez les pistes séparées et il s’y met de suite ».

C’était la folie, j’étais fébrile – une semaine après on a eu le morceau. Imagine, tu es passionné et ça vient valider toutes ces dernières années. Il m’a inspiré il y a douze ans et là ma mélodie l’inspire ! Ce qui m’a plu dans son remix, c’est la préservation de la mélodie originale. Quand tu es producteur et que tu fais ça c’est que tu aimes vraiment la mélodie, les notes. De toute façon il me l’a dit, on en a parlé ensemble et il a vraiment eu un coup de cœur sur la mélodie. J’étais vraiment flatté ! La boucle est bouclée !

 

De quel titre es-tu le plus fier sur l’album ? 

C’est toujours dur à dire parce que tu ne peux pas savoir quelle résonance les morceaux vont avoir. Il y a des morceaux comme Trauma ou La clé des champs, je ne me suis pas dit : « c’est trop bien, j’aime ce morceau » quand je les ai fait. C’est vraiment l’appréciation des gens sur le temps qui te le fait voir d’une autre manière. Tu l’apprécies et même après des années tu le vois d’un autre œil. Donc, pour le moment je ne peux pas te dire mais si je reste sur ma première impression, Invisible en fait partie. Les deux derniers Paul que j’ai fait pour mon fils, le plus petit qui a trois ans, et Concentrate que j’ai fait pour mon fils, le plus grand qui a six ans – ils en ont chacun un, pas de jaloux (rires). Ces deux-là j’ai particulièrement apprécié les faire.

Tu vas avoir des dates qui arrivent ! 

Oui ! Il y a un Zénith de prévu en avril, ça va être le concert d’ouverture de la tournée et j’ai hâte d’aller présenter cet album aux gens avec une belle scénographie.

Tu as déjà commencé à y réfléchir ?

On commence à travailler dessus, on a plein d’idées ! C’est excitant, l’album est fini, on passe à la partie live. 2022 s’annonce comme une belle année !

© Floriane Daures

As un petit mot pour terminer cet échange ?

Alors je suis très nul en mot de la fin (rires).

Merci beaucoup, je suis trop content ! On sort d’une période difficile où on s’est rendus compte qu’on pouvait ne plus sortir écouter de la musique et partager du jour au lendemain. Là ça reprend, on profite de chaque soirée comme si ça pouvait s’arrêter dans pas longtemps. Je trouve ça génial, les gens sont particulièrement chauds, nous aussi et on croise les doigts pour que ça se passe bien. Ça bouillonne à fond !


Retrouvez la review d’Apnea ici. NTO sera au Zénith de Paris le 2 avril 2022 !
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