Son premier EP Homecoming, sorti en octobre, nous a tenu chaud cet automne. On a rencontré Cyril Angleys pour parler de son projet Paper Tapes et de son approche de la musique, de la composition au live.
Salut Cyril ! Merci de nous accorder un peu de ton temps. Comment ça va ?
Ça va plutôt pas mal, je suis content d’avoir sorti mon disque. Je suis en train de bosser sur différents projets. C’est sûr que ce n’est pas une période facile parce qu’on ne peut pas trop se projeter sur la suite. Mais globalement, je suis bien loti. Je bosse sur mon premier album, j’ai la chance de pouvoir enregistrer tous les jours de la semaine.
Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, comment décrirais-tu ta musique en quelques mots ?
C’est toujours un peu compliqué, car ça reste quelque chose de très subjectif. Ce que j’essaie de faire c’est de la pop en prenant en compte plein de choses qui m’influencent, que j’ai écoutées et que je continue d’écouter. Quand j’ai écrit cet EP, j’avais vraiment la volonté de faire des morceaux assez directs, centrés sur les claviers. Je n’essaie pas de faire quelque chose consciemment en fait, je cherche simplement à concrétiser les idées qui me viennent.
Et justement quel est ton rapport à la composition : réfléchi, compulsif, minutieux ?
Plutôt instinctif je dirais. J’aime bien composer à partir de progressions d’accords, avec le recul c’est une des choses que je préfère dans la musique. Donc je peux partir d’une progression à la guitare ou au synthé. Mais il peut aussi arriver que je parte d’un motif rythmique à la batterie que je trouve intéressant. J’ai écrit deux des cinq morceaux de l’EP comme cela par exemple. Puis, je brode, j’écris autour de cette progression, j’essaie de rajouter des éléments qui peuvent l’enrichir, la faire moduler, créer des ruptures…
Je suis toujours un peu en train de trouver et de bidouiller des trucs en fait. Sur mon portable, j’ai des milliards de bribes, de démos de 30 secondes que je trouve sur l’instant et que je garde. Je sais que certaines idées vont être plus intéressantes que d’autres. Je me focalise sur celles où le potentiel me parait le plus fort. A partir du moment où je trouve une idée qui me plaît vraiment, je vais concentrer tous mes efforts dessus.
On a suivi de près la sortie de ton premier EP Homecoming en octobre dernier. Comment l’as-tu vécue ?
Super bien car j’ai pu le jouer en live. J’ai eu beaucoup de chance. J’ai pu faire un concert début septembre au Petit Bain et c’était hyper important pour moi. C’était ce qui faisait que le projet existait en tant que tel, au-delà de la sortie de l’EP en lui même.
C’était un long processus, ce sont des morceaux que j’ai écrit il y a deux ans et demi, qu’on a ensuite mis un an à produire. En deux ans et demi, j’ai eu le temps de prendre du recul, j’avais vraiment envie que les morceaux sortent. Quand ça sort, c’est très cathartique, c’est une sorte de soulagement. Donc j’étais ravi que ça puisse sortir, de le faire avec Géographie, et de pouvoir le jouer. C’est sûr que la période est difficile, mais j’estime qu’on a été privilégiés de pouvoir faire un concert dans de bonnes conditions et avec tous nos potes sur place.
Peux-tu nous en dire plus sur la naissance de cet EP ? Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer en solo en parallèle de Brace! Brace! ?
J’ai toujours joué dans des groupes mais je n’ai jamais eu mon projet à moi, où j’étais vraiment maître à bord, indépendant sur les choix créatifs. J’ai toujours été dans des groupes dans lesquels je proposais des morceaux, je composais, mais je n’avais jamais piloté totalement un projet.
En jouant dans Brace! Brace!, j’ai compris plein de trucs, une manière de faire, parce que la musique qu’on fait me parle plus que celle de mes autres groupes. J’ai pris goût à composer et j’ai eu envie d’avoir mon truc à moi, pour aller jusqu’au bout de mes idées et voir jusqu’où ça me mènerait.
Oui, on sent que des morceaux comme Tease de Brace!Brace! annoncent le son de Paper Tapes.
Oui, ça a été un morceau déclencheur. Je me suis dit que ça pourrait être mon truc. A la base, je suis guitariste. J’ai appris les claviers un peu sur le tas, tout seul. Et quand tu apprends un instrument, tu n’as pas encore les bases, mais parfois tu arrives à trouver des idées justement parce que tu tâtonnes, tu joues au feeling… Des choses très créatives peuvent sortir de tout ça.
On a adoré le clip de You and I, comment s’est passée la réalisation ?
C’est un titre que j’aimais bien dans l’EP et que j’avais envie de mettre en valeur. Comme le morceau s’appelle You and I, on trouvait marrant que je sois tout seul, pour créer un décalage. La maison qu’on voit dans le clip est la maison de ma grand-mère dans laquelle j’ai passé plein de temps quand j’étais enfant. On est partis là-bas pendant deux jours avec Antoine Magnien, qui est photographe, réalisateur et qui joue aussi dans Paper Tapes. On avait écrit pas mal de scènes en amont et on a aussi eu des idées sur place. Vu que le morceau est assez mélancolique, je ne voulais pas d’un clip plombant mais plutôt un truc léger.
La nostalgie est très présente dans ta musique, c’est un sentiment que tu cultives ?
Non pas du tout, je ne suis vraiment pas quelqu’un de nostalgique. C’est plutôt inconscient si ça se retrouve dans ma musique. Le présent m’intéresse beaucoup plus que le passé.
Comment abordes-tu 2021 ? Tu te prépares à jouer en live, tu continues d’enregistrer ?
On est en train d’enregistrer le deuxième album de Brace! Brace! et j’enregistre le premier album de Paper Tapes que j’aimerais sortir dans la foulée (je te dis ça, on en reparlera peut-être dans 2 ans !). J’utilise ce temps un peu « mort », où il n’y pas de concerts, pour enregistrer. L’objectif c’est d’en faire un temps utile.
Pour les lives, on n’a aucune visibilité. Je pense qu’on peut juste prendre ce qu’il y a à prendre (c’est-à-dire pas grand-chose) et accepter qu’on ne puisse pas trop se projeter. Mais j’ai super envie de faire des concerts !
On pourra te voir bientôt dans une session On Stairs pour Arty Magazine je crois ?
Oui, ça sortira fin janvier. C’était cool, ça permet de faire vivre le projet.