Review : thems – Nuits
Quatre ans après Voyage, thems aka Félix Muhlenbach nous présente Nuits, un EP introspectif et planant pour partir à la découverte de nous-même et réinterpréter le monde qui nous entoure.
Il était l’une des découvertes coup de cœur de 2020 de La Distillerie Musicale. Le producteur strasbourgeois thems sort aujourd’hui son nouveau projet Nuits, un EP poétique et délicat entre sons aériens et instrumentations puissantes. Sur cet EP, thems joue avec nous en jonglant d’une émotion à l’autre. A travers Nuits, Félix continue d’affirmer son univers pur et vaporeux et s’inscrit dans le paysage comme l’un des producteurs émergents à suivre de très près !
Un projet métallique…
L’Ouverture de l’EP pose le cadre d’un projet aux sonorités métalliques. La frénésie de la mélodie principale évoque le tournoiement d’une pièce sur elle-même. Cette image nous évoque également la vision d’une toupie, à la manière de celle du film Inception, qui tourne à l’infini, sans ne jamais s’arrêter. Quand le morceau atteint son apogée, quelques notes, posées par un synthé, viennent alléger l’ensemble et nous emmènent vers quelque chose de plus poétique, tout en finesse. Au fur et à mesure que la musique remonte en puissance on retrouve à nouveau des éléments bruts avec, à intervalles réguliers, un son lancinant en arrière plan, comme une sorte d’alarme ou le bruit de vagues métalliques sur un rivage glacé.
On enchaîne avec Nuits, le titre qui a donné son nom à l’EP. thems nous transporte ici dans une longue balade à travers l’obscurité, sans que l’on sache si c’est réel ou si l’on est en train de rêver. Commençant avec un tapotement régulier et hypnotique, le rythme du morceau s’accélère à mesure que l’on avance. On a alors l’impression qu’on accélère notre course, comme poursuivi par nos démons invisibles. Quand au milieu du morceau, une note au piano, portée par un son continu et éthéré telle une respiration, nous sort de notre frénésie, on sait qu’on a gagné la bataille. Apaisé, on peut alors reprendre notre balade dans la nuit, libéré de ce poids.
… Plein de nuances poétiques
Le morceau suivant, Horizon, démarre avec un piano. En tranchant avec le côté métallique des deux morceaux précédents on remarque ainsi la pluralité et la richesse de cet EP. Mélancolique au départ puis plein de promesses à mesure que la mélodie se développe, avec ce morceau on s’évade. Poétique et plein d’un optimisme délicat Horizon nous saisit avec justesse.
Sur Silence, on découvre une autre facette de thems. Démarrant avec un ton assez sombre qui se teinte de lumière à chaque ajout d’instrumentation, Silence revient sur des sonorités métalliques qui se mêlent adroitement à des mélodies aériennes. A trois minutes, le rythme s’assombrit brusquement au moment ou l’on s’y attend le moins et pioche directement dans les codes de la techno pour quelques secondes. La fan de techno que je suis a alors été touchée en plein cœur. Ce léger virage donne à l’EP une note plus intense sans pour autant perdre la poésie qui caractérise chacun des morceaux.
Le remix de Nuits par VAPA montre que si thems nous pousse à nous évader et à rêver pour nous-même, sa musique aurait aussi totalement sa place en club afin d’être partagée et vécue à plusieurs. Celui d’Horizon par Difracto semble lui pousser toujours plus loin l’introspection dans laquelle nous a déjà plongé l’EP.
En bref
Entre sons délicats et montées en puissance de l’orchestration, thems nous plonge dans un voyage introspectif, sans jamais ne laisser nos démons nous rattraper. Dans une ambiance très cinématographique, le producteur parisien semble nous prendre par la main pour nous accompagner dans ce voyage initiatique à la découverte de nous-même. Le résultat est très réussi : poétique, apaisant, nostalgique sans jamais être triste et emprunt d’une énergie lumineuse et positive, Nuits nous séduit de la première à la dernière note.
Tracklist
1. Ouverture
2. Nuits
3. Horizon
4. Silence
5. Nuits (VAPA Remix)
6. Horizon (Difracto Remix)
Notre sélection : Nuits, Silence