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La nouvelle voix de la scène soul américaine nous a accordé quelques instants pour discuter musique, résilience et politique !
Dans le cadre du festival Musilac, qui aura lieu du 5 au 8 juillet sur les bords du Lac du Bourget à Aix-les-Bains, nous avons pu échanger quelques mots avec la sublime Danielle Ponder. Après une carrière comme avocate commis d’office, l’américaine de tout juste 40 ans a tout plaqué pour rejoindre le monde de la musique et on ne peut qu’en être ravis ! Des mélodies prenantes aux genres soul et r&b accompagnées par des textes poignants et une voix de velours comme on n’en fait plus depuis les sixties, voici Danielle Ponder…
[Traduit de l’anglais]
Hello Danielle, j’aimerais revenir dans un premier temps à la genèse de ta relation avec la musique, comment est-ce que ça a commencé pour toi ?
Je viens d’un milieu assez musical, mon père est chanteur et chez nous il y avait toujours de la musique, en particulier du gospel ! Ça a toujours représenté un refuge pour moi, j’ai toujours aimé la musique.
Tu évoques le gospel, mais quel genre de musique est-ce que tu as pu écouter en grandissant ?
Et bien je ne pouvais écouter que du gospel étant petite. Je pense à des personnes comme Shirley Ceasar, Yolanda Adams, John P. Kee, mais mon père était très strict sur ce que l’on pouvait écouter ou non.
Donc pas d’influence par le Top 100 Billboard U.S.A ?
Non, pas vraiment. C’est à partir de mes 16 ans que j’ai pu commencer à écouter de la musique plus populaire. Mon père à relâché un peu la pression à ce moment-là donc j’ai pu commencer à explorer de mon côté ! Ça a été comme ouvrir un nouveau monde, j’ai pu commencer à m’intéresser au hip-hop, mais aussi au rock, avec Alanis Morissette, Pearl Jam…
Tu es une chanteuse de soul, et la soul a beaucoup inspiré le hip-hop, en particulier dans les années 90. Est-ce que tu es toi-même inspirée par le hip-hop ?
Bien-sûr ! Je pense que la soul et le hip-hop sont mes genres favoris, et j’adore quand les deux peuvent fusionner, c’est ce que j’essaye de faire avec ma musique.
Est-ce que tu as déjà pensé à faire de la musique ton métier avant ton quarantième anniversaire ?
J’ai toujours rêvé de pouvoir en faire mon métier, mais j’avais aussi peur de ne pas pouvoir en vivre, et de ne pas faire d’argent. Et à mes quarante ans, j’ai su qu’il fallait que je le fasse, j’ai compris que c’est ce que je voulais faire de ma vie !
Tes morceaux sonnent vraiment résilients, et parlent parfois de sujets durs, est-ce que la résilience fait parti de ta personnalité ?
Je pense que ça fait partie de nos personnalités à tous. Pour moi, la résilience, c’est la capacité de se lever le matin, même en ayant des difficultés dans la vie. Donc je ne pense pas qu’il faille être quelqu’un de spécial pour être résilient, chacun de nous traverse des choses différentes. Le fait de continuer à se lever et de continuer d’essayer fait de nous tous des personnes résilientes.
Comment est-ce que la musique t’a aidé avec les difficultés de la vie ?
Je n’aurai pas pu survivre sans la musique. Elle est pour moi une zone de confort, un refuge. Pouvoir chanter représente tout.
Le morceau Though, de l’album Some of Us Are Brave sonne comme si ta nouvelle vie avait des facilités, mais aussi des aspects bien plus compliqués, comment est-ce que tu as géré cette transition ?
J’ai eu énormément de doutes et de peurs au début, mais au bout du compte je suis heureuse d’avoir franchi le pas. Au début bien sûr on se dit « qu’est-ce que j’ai fait ? », on sait qu’on lâche une carrière stable, avec un boulot qu’on connaissait pour une autre qui l’est beaucoup moins, c’est normal d’avoir peur.
Qu’est ce qui a changé depuis la sortie de l’album l’année dernière pour toi ?
Je passe beaucoup plus de temps dehors depuis la sortie, sur scène aussi. Et j’ai gagné en confiance, je pense qu’on ne s’imagine pas à quel point le public joue un rôle clé dans la confiance en soi en tant qu’artiste. Et comme ce public s’est montré très réceptif à ma musique, ça m’a beaucoup encouragé pour la suite !
La soul a joué un rôle important dans l’histoire des États-Unis, est-ce que c’est toujours un genre qui rassemble autant les gens autour d’une cause ?
Absolument ! Je pense que ça n’a plus le pouvoir que ça avait dans les années 60, mais d’une manière générale la musique n’a plus la même influence politique qu’autrefois. Ça n’est pas parce que les artistes ne font pas de la musique politique, mais parce que l’industrie musicale ne met pas en valeur les artistes qui en proposent.
Alors est-ce que tu fais de la « political music » ?
Je fais de la musique sur mes propres expériences, ça peut avoir une dimension sociale parce que je suis noire, et que ça fait partie de mon expérience personnelle, donc d’une certaine manière oui, parfois !
Merci Danielle !