L’artiste montréalaise Laroie nous emporte dans son nouvel EP Tragedy, projet le plus personnel à ce jour qui, au fur et à mesure des écoutes, va vous faire vous sentir puissant.e.s et infatigables. Un R&B groovy épique influencé par des sonorités techno. Rencontre avec Laroie pour vous présenter ce nouveau projet.
Tu as fait tes débuts au sein du duo Heartstreets. Que retiens-tu de cette expérience ?
Ce projet-là m’a vraiment aidé à emmagasiner énormément d’expériences qui ont forgé mon expertise dans le milieu et qui ont permis à mon projet solo de démarrer avec un bagage plein de connaissances. Grâce à cela, je me suis sentie vraiment moins perdue. J’ai découvert plus précisément ce qu’est l’industrie musicale ! C’était un projet à deux avec une envie de faire ça uniquement pour le plaisir et je dois avouer que s’il n’y avait pas eu Heartstreets il n’y aurait sûrement pas Laroie.
Comment as-tu réfléchi à cette idée de projet solo ?
Je pense que dans tous les cas c’était une étape que j’allais franchir dans ma vie d’artiste. J’avais vraiment envie de me découvrir en tant qu’interprète et autrice-compositrice et ainsi découvrir mon identité musicale en tant qu’artiste solo. Je serais peut-être parvenue à franchir cette étape via le cheminement de Heartstreets mais il y a eu une séparation et, comme dans les films, cette une rupture m’a finalement permis de m’émanciper.
Aujourd’hui je suis vraiment très reconnaissante de ce parcours même si, sur le coup, j’ai vécu cette séparation comme un choc. Avec du recul je réalise que j’ai ainsi pu déployer mes ailes et prendre mon envol !
Laroie étant un pseudo, peux-tu nous expliquer pourquoi tu n’as pas souhaité garder ta véritable identité, Gab Godon ?
Je suis une artiste basée à Montréal et la scène musicale là-bas est vraiment plus petite que la scène européenne… Le fait d’avoir pris un pseudo m’a permis de me détacher de ma précédente expérience en tant qu’artiste et ainsi d’entamer cette nouvelle aventure sereinement. En plus, avoir un pseudo ça rend le projet plus international (rires).
Sur la cover de l’EP tu sembles être assommée sur le sol… Mais il y a en même temps un sentiment d’éclosion avec les ailes de papillon ! D’où t’est venue cette DA ?
J’adore que tu te dises qu’on a l’impression que je suis « assommée » parce que c’était en quelque sorte l’idée derrière cette photo. On voulait avoir cette image d’un insecte qui a la patte brisée, posé là, qui ne peut pas continuer sa vie normalement… J’avais envie qu’on me voit comme quelqu’un de brimé mais qui guérit et qui reprend petit à petit possession de ses ailes avant de s’envoler à nouveau !
L’EP parle vraiment de cette idée d’être coincée, de se sentir presque comme bloqué à l’intérieur d’une boîte à la sortie de ma vingtaine où je faisais tout pour me faire petite, ne pas me faire remarquer… Mais finalement ma petite voix intérieure est toujours plus forte et ça m’a emmené à créer les chansons de Tragedy. La « tragédie » c’est vraiment ce qui a été évité… Si je n’avais pas trouvé ma réelle identité et surtout à m’aligner avec mon moi intérieur. C’est un travail de tous les jours ! J’ai écrit cet EP pour me libérer de toutes ces insécurités et ces peurs.
Quel a été l’élément déclencheur pour l’écriture de cet EP ?
Il y en a eu plusieurs. Pour tout te dire, c’est comme si tout était arrivé en même temps. Il y a eu cette séparation avec Heartstreets qui m’a affecté car mon identité artistique était liée à ce duo. Je ne savais plus trop où et comment me placer niveau musical.
Et puis, niveau relationnel, j’ai été en couple pendant longtemps et dans ce type de relation on fabrique une routine dans laquelle il est assez facile de s’oublier et de comprendre où et comment se positionner. Tout ça mélangé au fait que je me remettais beaucoup en question étant une personne très introspective… Mais j’ai désormais la chance d’avoir une psychologue qui me suit !
Tu as travaillé avec Gene Tellem sur la production. Comme s’est faite la rencontre ? Quelle couleur musicale as-tu voulu qu’elle apporte à ton projet ?
Gene et moi ont est des amies du secondaire donc ça remonte à un bout de temps. C’est tellement un cadeau de pouvoir travailler avec elle. Pour moi Gene apporte un background house, deep-house et même techno. C’est la night life. Je trouve que ça apporte un mood plus prononcé à mon projet puisque moi je suis plus R&B avec un coté pop dans mes mélodies, mon écriture. Ensemble, on va vraiment puiser dans des inspirations qu’on a en commun. On va aller chercher justement dans la house, dans le dance. Tu vois Friends or lover il y a un côté plus trip-hop vraiment assumé R&B. Tragedy le titre est très EDM, on puise vraiment dans différents bassins de sonorités tout en restant dans un univers électronique et dans mon côté R&B.
On veut créer un mood assez spécifique pour chacune des chansons. Elle a ce don de vouloir se dépasser dans ses productions, ! Puis je pense qu’en travaillant ensemble on se sort de nos zones de confort.
Elle qui a l’habitude de faire des grosses tracks house de 6 minutes versus moi qui fais une chanson de 2 minutes 30, plus pop, plus catchy. Ensemble, on créé quelque chose de très spécial je trouve.
Il y a un rapport très important au corps, à la danse, au mouvement, autant quand on écoute ton projet mais aussi dans tes clips.
C’est définitivement quelque chose qui est ancré en moi et auquel j’accorde beaucoup d’importance. J’ai beaucoup dansé jeune quand j’étais au salon-bar, j’ai fait des troupes de danse hip-hop… J’ai aimé découvrir différents styles de danses et aujourd’hui c’est vraiment quelque chose qui fait partie de mon quotidien, comme sortir le samedi danser ou bien faire mes spectacles. Peu importe la grandeur de la scène, je vais essayer de prendre le plus d’espace possible.
Je pense aussi que c’est une manière pour moi quand je travaille ma musique, le rythme derrière la musique m’apporte une connexion, une émotion avec la chanson. C’est vraiment viscéral.
Quel est pour toi le meilleur moment pour écouter ton EP ?
C’est un EP que tu peux écouter dans tellement de contextes différents. Même moi avant qu’il sorte, et je n’avais d’ailleurs jamais fait ça avec d’autres projets, mais je me suis retrouvée à l’écouter pour me redonner confiance et me recentrer.
C’est un projet qu’on écoute pour faire confiance à sa petite voix, quand on a besoin d’un boost de confiance, mais aussi avant d’aller en soirée.
Tu viens de Montréal. Est-ce que tu aurais des artistes à nous faire découvrir ?
C’est sur que j’aime faire de la place à la musique électronique parce que je trouve qu’à Montréal la scène est quand même limitante. J’ai envie de dire Ouri, Gene Tellem bien sûr qui a son projet sous son nom, c’est du bonbon si on aime la house et danser.
Et aussi, une artiste R&B que j’aime beaucoup et avec qui j’ai collaboré sur un précédent projet, elle travaille sur de nouveaux projets : Shah Frank. Elle travaille sur des morceaux en français actuellement, c’est très très cool, j’aime beaucoup sa présence sur la scène montréalaise !