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Interview : Thx4Crying

Interview : Thx4Crying

De tous ses drames versés sur l’écran, Thx4Crying en fait des chansons ténébreuses et lumineuses. Son premier EP montagnes d’émeraudes en est le parfait exemple. Rencontre avec un enfant d’internet réservé pour parler d’hyperpop, de Superbus et de chevaliers.

Salut Florian ! Tu pourrais nous dire d’où te vient ce pseudo ?

Salut ! Alors, ça s’écrit « Thx4Crying », avec le chiffre 4 et c’est une référence à l’époque Skyblog, à mon adolescence, à toute cette période emo qui ne me quitte que très peu. 

C’est aussi un remerciement aux pleurs parce que c’est chouette de partager ses émotions et qu’il veut mieux ça plutôt que de les garder enfouis. 

Qu’est qui te relie encore à l’adolescence aujourd’hui ?

Pleins de traumas je pense (rires). Je me rend compte en écrivant des chansons qu’il y a toujours un lien entre des choses que je vis aujourd’hui et des souvenirs de cette période-là. Je fais souvent des chansons avec une double-lecture. Pour moi en tout cas où je les relis à des souvenirs du passé.

On qualifie souvent l’époque « Skyblog » d’ultra kitsch, ringarde. Il y a plein de vannes sur les citations super gênantes aujourd’hui mais qu’on prenait au premier degré à l’époque. Par exemple : « Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité ». Est-ce que tu aurais un exemple de citation « ringarde » mais que tu prends au premier degré ?

C’est drôle que tu me poses cette question car j’ai pensé ce matin à : « Fume la vie avant qu’elle ne te fume ». Ça a tellement été utilisé de façon « pseudo intelligente » et torturée. Je ne sais pas si ça correspond totalement à ma personnalité mais je la trouve drôle .

L’EP montagnes d’émeraudes est pas mal influencé par l’hyperpop. Comment as-tu découvert ce style ? Et pourquoi tu t’es dit que tu allais faire ce style de musique ?

Contrairement à plein de gens, j’ai découvert l’hyperpop très tard, vers fin 2018/2019, dans une seconde vague de cette mouvance. C’est une découverte qui m’a fait beaucoup de bien. Et c’est également un point commun qu’on a avec mon amie LOUISE BXL qui a produit l’EP. 

Ça nous a fait du bien parce que c’est un style de musique qui a permis à plein d’artistes queer, notamment des femmes trans, d’être visibles. On avait un peu envie de faire cette musique très libre et de leur rendre hommage. 

Est-ce que tu penses que l’hyperpop peut s’imposer dans le mainstream. Je pense notamment à Kim Petras qui a récemment fait un duo avec Sam Smith et qui se retrouve numéro 1 des charts britanniques.

J’ai l’impression que déjà les artistes de PC Music comme Hannah Diamond, Charli XCX ou même Kim Petras ce sont des artistes qui ont grave influencé ce qu’est la pop aujourd’hui. Même Arca ! D’une certaine façon c’est déjà devenu mainstream.

En France c’est encore nouveau mais pour le coup je n’ai aucune idée de savoir si ça va devenir mainstream ou pas chez nous. 

Dans loin de moi le drame tu parles de ton anxiété. L’anxiété que tu crois et espère gérer. Est-ce que tu parviens dorénavant à l’accepter, à la contrôler ?

J’ai écrit cette chanson à une période où vraiment ma vie était régie par l’anxiété et de grandes crises de panique. Maintenant, même si je sais que les symptômes sont toujours un peu présents, je sens que je ne suis plus en pleine période de crise. Je les connais et c’est quelque chose que je peux travailler sans être en souffrance. 

 

Je suppose que le fait d’écrire t’aide à gérer tout cela. Non ?

Ça m’aide à marquer les étapes, les avancées. La plupart du temps, j’ai besoin d’écrire après un événement. Sauf pour loin de moi le drame… En même ce truc d’anxiété a duré pendant un an non stop donc à un moment donné il fallait bien écrire une chanson. 

D’où te vient cette passion pour chanter, écrire ?

Depuis que je suis vraiment tout petit c’est ça que j’ai toujours eu envie de faire. Quand j’avais trois ans j’inventais des histoires dans mon bain. Du coup je ne sais pas exactement d’où ça vient mais c’était très vite là. 

Tu te voyais pas faire autre chose ?

Je n’avais pas vraiment de perspective à ce niveau-là parce que j’ai grandi dans le Nord de la France, dans un petit village. Mes parents ne sont pas spécialement artistes. Je n’avais aucune idée de comment on faisait pour être artiste et surtout je n’arrivais pas à me dire que j’allais en faire une carrière. Mes toutes premières chansons j’ai du les écrire vers 11 ans ; c’était des trucs super dark, j’étais fan d’Evanescence (rires). 

Justement dans tes paroles il y a quelque chose de très fataliste. Par exemple dans je vais t’aimer tu dis «  Je vais t’aimer tu sais, je vais tout donner, tout abandonner, je vais donner ». C’est intense. C’est ça et pas autre chose. Est-ce que tu penses un jour pouvoir écrire quelque de super gai et joyeux ?

Peut-être bien ! Je ne sais pas comment ça sortirait mais je ne pense pas qu’il y ait forcément besoin d’être dévasté pour être artiste. Après si je me rends compte un jour que je suis super heureux mais que je n’arrive pas à écrire des chansons, j’arrêterais (rires).

 

Il y a toute une image chevaleresque, moyenâgeuse dans tes clips, sur la pochette de l’EP ou même dans tes paroles. D’où ça te vient cette passion pour cette période ?

Ça vient un peu de pas mal de gens avec qui je travaille. Je pense que c’est un truc que j’aime bien, comme imagerie visuelle même pour écrire. Dans montagnes d’émeraudes notamment ! Parler d’être un chevalier réduit en cendres ça m’évoque l’intensité, la noblesse, la rigueur. Et quant on allie cela à des propos un peu queer ça devient hyper émotionnel et ça me plait. 

On retrouve deux remix avec Louise BXL et Thanas. Qu’ont-elles apporté à ces chansons ?

Alors pour Louise BXL, comme je te le disais, c’est aussi elle qui a réalisé les quatre autres chansons de l’EP plus celles que j’avais sorties avant. Ça fait un moment qu’on travaille ensemble et c’est vrai qu’elle a énormément d’idées ; on parle beaucoup, on partage notre vision du boulot qu’on peut faire. Du coup, à travers ce remix je lui ai clairement dit : « Il n’y a pas de limites ! ». C’est vraiment du Louise BSX. Elle a amené un côté hyper dansant, frénétique. La version originale pouvait paraître un peu lente pour pas mal de gens et là elle a tout donné ! C’est vraiment du fun ! 

Pour Thanas, c’est une productrice et une artiste que j’aime beaucoup. Elle fait beaucoup de musiques sur SoundCloud, hyper productive et qui a aussi un peu cette énergie émo/hyperpop, bien plus que moi d’ailleurs. Elle a amené sa vision de cette chanson qui est très riche (ndlr : soleil sans amour), les voix sont pitchées, c’est trop bien ! Je trouve ça hyper intéressant d’avoir cette initiative.

Tu as également, fait un remix « Halloween » sur le titre Jardin de Pomme extrait de son dernier album. Comment ça s’est passé ?

Avec Pomme on est ami.e.s depuis très longtemps, environ 2015. Du coup on a déjà chanté ensemble par le passé. Vu que je sortais pas mal de choses et qu’elle est fan d’Halloween, elle m’a simplement proposé de la faire par texto. 

 

Comment on fait un remix ?

C’était la première fois que j’en faisais un (rires), je ne suis pas du tout expert mais en gros elle m’a envoyé sa piste voix et quelques pistes instrumentales de la chanson. En partant de là, il fallait que je fasse autre chose avec comme « contrainte » : être dark/pop. 

Avec quel.le.s artistes tu aimerais collaborer ?

Il y en a beaucoup. Je pense notamment à Arca ! Ce serait vraiment un rêve ! Il y a des artistes avec qui j’aimerais collaborer, notamment pour qu’ils produisent certains de mes morceaux. Et il y a des artistes pour qui j’aimerais écrire des chansons, ce que je n’ai jamais trop fait d’ailleurs.

Tu nous parlais d’adolescence. Qui écoutais-tu plus jeune ?

Quand j’étais ado énormément Superbus, j’étais même un peu obsédé par ce groupe (rires). Evanescence, My Chemical Romance, Owl City, etc.. Britney  Spears évidement dès 9 ans et ça a duré très longtemps !

Tu as un autre projet qui s’appelle Refuge. Comment arrives-tu à jongler entre les deux ?

Je crois que je n’y arrive pas (rires). Du coup j’ai un peu arrêté d’essayer de jongler. En fait j’ai créé le projet Thx4Crying avant que mon album avec Refuge ne sorte. Il a mis pas mal de temps à sortir et je sentais ce besoin de me sentir libre et de pouvoir faire des chansons sur mon ordinateur et d’aller les jouer en club. 

Ca m’a mis dans quelque chose de pas très sain. Parce que Refuge c’est un projet que j’ai monté il y a longtemps. L’album je l’ai écrit dès 2017. Dans cet opus, j’y ai mis pas mal de mes questionnements, mes réflexions par rapport à mon identité, mes origines et je pense que mettre dans un projet toutes ces interrogations par rapport à mon identité et vis-à-vis de ma vie d’aujourd’hui c’était pas génial de les séparer. 

Une fois que l’album est sorti j’ai publié un EP avec des artistes que j’aime trop, j’ai fait quelques concerts et maintenant je me focus sur Thx4Crying.

Est-ce que tu vois un jour sortir des chansons sous ton propre nom ?

Je ne sais pas trop… Peut-être qu’à un moment donné oui. A l’âge de raison… Quand j’aurai 45 ans, je ferais un piano-voix où je reviens sur mes plus sombres années (rires).

La scène comment tu l’envisages ? Tu arrives à lâcher prise totalement ?

Maintenant je m’autorise à être 100% vulnérable sur scène. C’est peu grisant pour moi puisque je dis clairement au public « vous pouvez me détruire si vous voulez » (rires) mais les gens sont quand même gentils. J’essaie d’y aller le plus nu possible et de pouvoir délivrer mes chansons. Cela créé de bons moments. 

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