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Interview : Adé

Interview : Adé

C’est à 10h du matin, avant d’entamer une journée marathon qu’Adé nous accorde sa première interview. 

Vous n’avez pas pu passer à côté de son premier single solo Tout Savoir, resté en tête tout l’été. Son premier album Et Alors ? comporte 13 titres entre pop, folk, et country. Enregistré en partie à Nashville, les productions sonnent comme un véritable road-trip où surgissent les interrogations d’une jeune femme en passe de devenir adulte. Ses craintes, ses déceptions et ses espoirs trouveront forcément un écho dans ce rêve américain devenu réalité.

Au moment où on enregistre cette interview, on est à 3 jours de la sortie de l’album. Comment te sens-tu ?

J’ai un peu le stress qui commence à monter, beaucoup d’excitation aussi, j’ai hâte ! 

L’album sonne comme un cri du coeur dès le départ avec Et Alors ? qui est aussi le titre de l’album. Un « je m’en foutisme » assumé où tu dis notamment « Fais le pour toi, pas pour les autres« , qui résonne comme un mantra. C’est le mood que tu as voulu imposer pour ce premier projet solo ?

La première chanson au départ c’était comme une interlude. Je ne savais pas trop ce que j’allais en faire… J’avais cette idée de faire une mélodie vraiment très country mais a cappella, avec des vocodeurs. Et en fait j’ai écrit ce titre hyper vite pour quelqu’un que je connais et que je voyais dans une situation bloquée. C’est un peu tout ce que j’aurais aimé lui dire. Et puis avec du recul je me suis dit que ce sera l’intro de l’album. Elle n’avait pas titre, et je me dis « Et alors ? », c’est vraiment la chanson que tu pourrais jouer à plein de gens qui sont dans les situations de blocages que j’évoque dans le disque. Ce titre c’est un peu ma solution à tout ça. 

 

C’est un album entre pop, country et folk. De la production aux visuels. D’où te vient cette passion pour ces styles ? 

Honnêtement, je ne sais pas (rires). Ça a toujours été un truc qui m’a plu. Cette musique là c’est la racine de plein de choses. Le folk c’est ce qui emmène vers le rock, c’est un début vers d’autres choses. C’est porté sur l’écriture, l’interprétation, ça me ressemble dans ma manière de composer. C’est vraiment la musique que j’aime. Pour un premier album je me suis dit « on va mélanger tout ça » et surtout ça va juste poser les piliers pour pouvoir faire d’autres choses plus rock, plus folk pour la suite.

La seconde partie de l’album a été enregistré dans le temple de la country à Nashville – on a entendu du banjo dans Side by Side, de l’harmonica sur A peu près. C’était une volonté de t’imprégner de cette ville ?

J’étais jamais allée au Etats-Unis. Quand j’ai eu cette idée de ramener ces sonorités-là, avec ces instruments, je me suis dis : « On ne va pas le faire en France, ça va sonner cheap ». Et puis, surtout, je n’aimais pas l’idée de raconter une histoire, même si c’est juste avec des sonorités, et dire « ouais mais j’y suis jamais allée ». Ça me semblait évident d’aller là-bas. 

Vous êtes restés combien de temps ?

Cinq jours. Et puis après on a fait tout un road-trip du Nouveau-Mexique à l’Arizona jusqu’à Los Angeles. C’est là-bas qu’on a tourné le clip de Tout Savoir.

 

Tu disais que tu avais peur qu’en France ce soit « cheap ». Comment expliques-tu qu’on n’ait pas cette culture ? Je pense à Eddy Mitchell qui l’a un peu amené dans un certain sens. 

C’est drôle parce que j’ai fait écouter Eddy Mitchell à mon équipe. Pendant le road trip, on était avec une américaine qui avait préparé le trajet donc on faisait beaucoup de route et je lui ai fait écouter Eddy Mitchell et même Johnny qu’ils ne connaissent pas, puisqu’ils en ont 10000 chanteurs là-bas. Et en écoutant, elle trouvait ça dément ! Tous les Américains a qui on a fait découvrir ont eu la même réaction ! 

Pour nous c’est très cliché. Il y a des albums d’Eddy Mitchell que j’aime bien, mais c’est vrai qu’il y a un coté parodique. Et je n’avais pas envie de faire ça, je voulais que ca soit très hybride et que ça fasse pop française. Mais moi j’adore tout ça, pour l’époque c’était génial. Mais malheureusement ça a été enfermé dans un cliché. Comme un côté un peu folklorique dans la country, les fringues, la façon de chanter, de jouer, la danse, etc… C’est un full package et en France ça ne nous évoque rien à part le Buffalo Grill (rires). 

Le côté country se ressent dans la production, rendant le projet plus lo-fi et impose un vrai fil conducteur. Je pense aux titres Les Silences ou Et alors notamment. C’était voulu ?

Complètement. J’ai passé mon temps à enregistrer sur mon iPhone des mémos vocaux de moments dans le studio. Pour moi tout l’album est un souvenir géant. C’est même pour ça que dans le livret de l’album j’ai mis des photos du voyage pour faire un peu « carnet ». Je voulais vraiment, même si les gens n’ont pas fait le voyage avec moi, qu’ils sentent qu’il y a eu un vrai moment sincère, authentique. Mais aussi pour moi quand dans 30 ans je l’écouterai, j’aurais des souvenirs concrets. 

A quel moment tu as écrit ces titres ? C’était avant l’aventure Thérapie Taxi, pendant, directement après ?

Il n’y a aucun des textes qui datent de l’époque de Thérapie Taxi. J’ai tout écrit après. C’était une vraie volonté de repartir de presque zéro pour poser de nouvelles bases en tant qu’autrice. Je me suis vraiment questionnée sur ma façon d’écrire pour moi et pas au sein d’un groupe. Surtout que les premières chansons que j’ai écrites c’était avec le groupe. 

Tu n’avais jamais écrit pour toi ?

Non, je ne pensais pas en être capable. C’était assez difficile…

T’as écrit pour Louane ou Nolwenn Leroy. Ce processus pour toi, c’est arrivé pendant ces moments-là ?

Un petit peu. Après tu vois quand j’écris pour Nolwenn, j’essaye de me mettre vraiment au service de la personne et de raconter des choses qui vont la toucher elle plus que moi. C’est un travail super intéressant, mais pareil c’est assez difficile de se mettre à la place de quelqu’un. Mais en même temps ça aide à contrebalancer quand tu écris tes propres textes. J’essaye que tout soit très juste et honnête, et que ce ne soit que des jolies formules.

Quelle chanson a été la plus compliquée à écrire ?

À peu près. Je savais exactement de quoi ça devait parler. Quand j’écris je me fais un en-tête où je marque la sujet. Comme ça après je ne pars pas dans d’autres délires. Donc là c’était vraiment le moment ambigu dans une relation où tu ne sais pas si tu y vas ou pas. Et les couplets ça n’allait pas, c’était soit trop terre à terre ou trop poétique.

En écoutant l’album plusieurs fois, j’ai l’impression qu’il est scindé en deux parties. De Et Alors à Tout Savoir on est sur des titres plutôt naifs, insouciants, presque enfantins. Puis, le reste de l’album est plus deep (Insomnies, Solitudes Imprévues), calme, comme si toutes les contractions qu’on a plus jeune disparaissent petit à petit pour laisser place à l’adulte de 27 ans que tu es. C’était voulu ou je me trompe complètement ?

Tant mieux que tu aies ressenti ça ! Je suis assez nulle en tracklisting, j’ai juste voulu avoir l’intro, la fin, et qu’il y ait 13 titres. Après c’est avec mon équipe qu’on a choisi l’ordre des chansons. C’est marrant que tu dises ça parce que c’est vraiment voulu qu’il y ait ces 2 énergies dans l’album. C’est presque des chansons qui pourraient se répondre et des points de vue différents. Par exemple Avec des si c’est quelqu’un qui se donne des excuses et qui procrastine ; l’intro peut répondre totalement aux questions que je pose sur ce titre. Il y a toujours un jeu de dialogue entre « j’ai eu un déclin, je fais les trucs pour moi, je grandis » et l’autre plus down. 

 

Comme dans Insomnies par exemple ?

Ouais, Insomnies elle est un peu déprimante (rires). Je l’ai vraiment écrite très vite. C’était à la suite de beaucoup de nuits agitées. Tu sais quand tu te couches et que il y’a tout qui commence à revenir dans ta tete. Tu te créés toi-même un autre monde d’angoisse, tu réveilles et en fait il n’y a rien.  Pour moi, ça fait partie du fait de grandir et ça fait un peu peur.

Tu dis que tu voulais absolument Bonne année comme titre de fin. Pourquoi ?

Honnêtement je ne sais pas. C’était plus une énergie musicale que de texte. Pour le coup c’est moi qui joue de la guitare sur ce titre. On l’a fait en une prise, je voulais que ce soit très très nature. Je pense aussi beaucoup à ce titre en live. 

J’aillais y venir justement. Quelle(s) chanson(s) as-tu hâte de jouer en live ?

On a déjà un peu travaillé dessus mais pas tout encore. Dans celle qu’on bossait, y’a parce que j’ai écrit tout une autre partie qui n’est pas sur le disque. Ça va partir super électronique et ça va emmener une autre couleur qu’il n’y a pas dans l’album. Moi j’aime bien avoir des moments de transe et d’énergie, et me donner à 1000%. 

 

Dans quelle configuration tu vas être ?

Cinq sur scène : basse, batterie et deux guitaristes. On n’a pas encore trouvé les banjos et autres. Il y a un joueur de banjo en France mais je ne les connais pas ou sinon ils sont plus âgés. Et j’ai vraiment envie qu’en tournée il y ait un esprit de team ce qui passe forcément par les générations. Mais j’espère en rencontrer bientôt ! Le live sera plus rock que sur l’album ! J’aime bien sortir en étant trempée et j’ai vraiment pensé aux concerts avec ce projet. Même si c’est un projet plus à textes, j’ai besoin de chanson comme Side by Side ou Avec des Si.


Retrouvez Adé en concert à La Maroquinerie les 1 et 2 février 2023.
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