Nous avons eu l’occasion de discuter avec Obsimo lors de la sortie de son nouvel EP, Club Memories. Nous avons discuté de cette sortie bousculée par le covid et de son identité musicale si singulière dont on vous avait parlé précédemment.
Hello, merci de nous accorder cette interview ! Tu as sorti ton dernier EP il y a deux mois, comment te sens-tu ?
Ça fait du bien de le sortir ! La sortie de cet EP est assez particulière. Je l’ai terminé il y a longtemps, j’ai fini de le composer en 2020. J’ai beaucoup étalé la sortie des morceaux parce que je voulais sortir du covid pour le lâcher. Ça a donc pris deux ans au total mais avec des titres tous les trois/quatre mois.
Tu n’as pas été trop frustré ?
Si, j’avoue avoir été quelque peu frustré, notamment car depuis j’ai eu le temps de composer plein de nouveau morceaux et que je voulais que ce projet sorte, qu’il puisse être écouté !
As-tu l’impression que cet EP te reflète toujours aujourd’hui ?
J’ai l’impression de le redécouvrir, d’avoir pris du recul finalement. Je pense que pour la suite je vais partir sur un ambiance un peu différente mais je suis quand même fier de cet EP !
Revenons au début, comment la musique est-elle arrivée dans ta vie ?
Elle est arrivée quand j’avais 10 ans, j’écoutais beaucoup de rock : AC/DC, Metallica… J’ai pris quelques cours de guitares à Bordeaux et j’ai touché à la basse et à la batterie. A partir du lycée, j’ai commencé à avoir une meilleure culture de la musique électronique donc j’ai voulu me lancer là-dedans et de fil en aiguille j’ai créé Obsimo.
Donc aujourd’hui tu es plus électro que rock ?
Aujourd’hui oui, mais pour la suite j’aimerais rediriger mon projet sur des choses plus chantées en invitant des artistes comme j’ai pu le faire sur mon morceau Seito avec Hector Gachan.
As-tu déjà des idées de personnes que tu souhaiterais inviter sur tes productions ?
J’ai déjà invité des chanteurs sur des morceaux qui sortiront plus tard. Mais si l’on parle d’artistes connus avec qui je rêverais de collaborer, je peux citer Kevin Parker de Tame Impala ou encore Damon Albarn mais aussi Moussa que j’aime beaucoup ; la liste est très longue !
Tu as une identité musicale assez unique. Comment l’as-tu construite ?
Je pense que c’est le mélange d’influences et de styles de musique que j’écoute. Je n’écoute pas énormément de musique électronique même si j’en compose. J’ai gardé une base sur la rythmique qui est très électro, assez répétitive et dansante, presque des kicks qui passent en clubs. J’y ai ajouté, grâce à mes influences pop et indés à la Tame Impala, la guitare, des choses plus mélodiques et plus chantées même si les voix sont déformées.
Club Memories fait beaucoup écho à l’actualité mais ce titre, je l’ai trouvé avant le covid.
Pour revenir au nom de ton EP Club Memories, tu dirais que tu as une forte culture club ?
Oui parce que j’y joue et j’y vais mais je ne suis pas forcément le plus gros consommateur de clubs. Pour l’anecdote, ce nom Club Memories fait beaucoup écho à l’actualité mais ce titre, je l’ai trouvé avant le covid. Je m’étais imaginé un monde post-apocalyptique où quelqu’un dans un univers en ruines se remémore des souvenirs de clubs. Ça s’est malheureusement un peu réalisé donc j’avais peur que ce soit trop évident comme thème. Finalement, comme je l’avais trouvé avant et que ça avait un lien, je l’ai gardé !
As-tu des souvenirs de clubs qui t’ont marqué ?
Oui, notamment un lié au morceau Dk Luksus. J’avais mixé en Pologne dans un club qui portait ce nom, le titre en est une dédicace. J’avais mixé devant peu de monde dans une cave mais c’est un excellent souvenir ! Sinon, les meilleurs souvenirs de clubs sont ceux dans lesquels je suis allé plusieurs fois comme l’iBoat à Bordeaux, les souvenirs de différentes soirées se mélangent…
Tes morceaux sont à la fois très dansants et mélancoliques. Comment l’expliques-tu ?
Quand je compose, si je suis mon instinct, ça va être mélancolique ; faire un morceau joyeux comme Club Memoires c’est moins naturel pour moi. C’est le but de l’EP de jouer avec le côté club, dansant et le côté mélancolique, nostalgique et rêveur.
Au milieu de cette ambiance club, il y a Pyrocene qui parle des incendies qui se propagent dans le monde. Peux-tu me raconter l’histoire de ce titre ?
J’ai composé ce morceau il y a quatre ans. Au début c’était un remix pour des amis, depuis, le groupe s’est séparé et le remix traînait dans un coin. J’aimais bien ce synthé qui revient et, une fois avoir finalisé mon EP, j’ai retrouvé ce remix. Je l’ai remodelé pour qu’il corresponde esthétiquement à ce que je voulais faire. J’avais ces images d’incendies qui venaient et je voyais ça dans l’actualité. Le morceau s’appelle Pyrocene, il y avait à ce moment-là un gros coup de projecteur sur les feux en Amazonie. Ce n’est pas forcément le thème le plus joyeux mais le morceau est assez punchy, ça rappelle un peu les flammes.
Quel est le morceau dont tu es le plus fier ?
Ça dépend des moments ! Les morceaux que je préfère sont ceux que je n’ai pas sortis parce qu’ensuite je m’en lasse. En ce moment, j’ai des morceaux que j’ai composés, que je réécoute et que je retravaille. Ce sont vraiment ceux-là que j’aime tout particulièrement écouter. Dès que je sors un morceau il perd un peu de valeur pour moi parce que je l’ai beaucoup écouté, je le joue en concert… Et après un ou deux ans je peux l’apprécier à nouveau car j’ai une écoute différente. En ce moment c’est DK Luksus que j’aime bien redécouvrir de l’EP, il fait un peu ovni par rapport au reste.
C’est vrai que ce titre et Olympus Mons sont en décalage par rapport au reste de l’EP. On se demande si tu essaies de nous emmener dans un endroit plus rêveur dans ces morceaux…
Olympus Mons et Ho-Hum viennent d’un travail que je fais pour chaque EP : je lie les morceaux entre eux. J’aime bien mettre des morceaux ovnis dans un EP. Ce sont presque des interludes avec une ambiance plus rêveuse que dansante. Je voulais qu’il y ait un intérêt à écouter l’EP en entier. Les autres morceaux de l’EP sont des singles qui sont d’ailleurs sortis avant.
Pourrais-tu nous parler de la pochette ?
L’EP était prêt depuis longtemps mais pour la pochette j’avais du mal. J’avais cette idée d’une entrée de club mais je ne savais pas comment l’imager. Je l’ai tourné dans tous les sens et je me suis demandé quand on dit le mot « club », quel est son symbole ? Et je me suis dit que le Berghain l’est. Les personnes qui ne savent pas ce que c’est vont juste voir un bâtiment mais pour ceux qui ont la référence c’est intéressant. En plus de ce symbole j’ai envoyé pleins de références à ATOM qui a réalisé la pochette et avec qui je voulais vraiment travailler. Je lui ai envoyé des couleurs qui rappellent le rêve car je ne voulais pas une teinte trop sombre. C’est presque comme si c’était une photo, un lever ou coucher de soleil – le but était que ce soit très réaliste.
Tu as déjà fait beaucoup de lives, as-tu la volonté que ce soit au centre de ton projet ?
Je le vois plus comme un prolongement car les morceaux sont un peu différents en live. Musicalement je suis satisfait, la plupart des morceaux de mon EP y sont, mais aussi des remixs que j’ai fait dernièrement. Cependant, visuellement, j’aimerais pousser le truc à fond mais je ne peux pas encore. Aujourd’hui j’ai des jeux de lumières assez immersifs mais j’aimerais aller encore plus loin. Quand je vois des scénographies comme celles d’Etienne de Crécy ou Vitalic, ça fait rêver !
T’as de prochaines dates de prévues ?
Je joue en Pologne en juin !
Comment te retrouves-tu à jouer en Pologne ?
J’y étais en vacances, je cherchais à faire des DJ sets et j’en ai trouvé un le premier soir où je suis arrivé. Plus tard, dans cette même salle, un DJ que j’avais rencontré pendant mon voyage a passé un de mes titres. La programmatrice a aimé et m’a contacté !
Je n’ai pas vraiment de booker donc je gère cette partie seul. Avec le covid tous les artistes veulent jouer maintenant donc c’est un peu compliqué surtout quand tu es un artiste émergent. Donc je me concentre beaucoup sur le studio en ce moment, j’enregistre – il y a des morceaux qui vont sortir très bientôt et un prochain EP en préparation donc je suis déjà dans la suite !
Un mot pour conclure ?
J’ai sorti mes vinyles cartes postales, ça fait longtemps que je n’ai pas fait de merchandising et tout est fait maison. Et sinon on se voit d’ici cet été pour un nouveau morceau !