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Review : FKA twigs – CAPRISONGS

Review : FKA twigs – CAPRISONGS

Trois ans après Magdalene, l’artiste aux multiples disciplines marque son grand retour avec CAPRISONGS, mixtape de 17 titres créée en plein confinement comme une « réponse actuelle à la situation du monde ». 

En 2019, Tahliah Barnett avait mis tout le monde KO avec Magdalene, un projet personnel et vulnérable, réaction à sa rupture ultra médiatisée avec l’acteur Robert Pattison qui avait engendré un lynchage sur les réseaux sociaux d’une violence inouïe. Dans la foulée, FKA twigs subira une opération d’extraction de tumeurs utérines, et sa nouvelle relation avec Shia LaBeouf s’avèrera cauchemardesque et se conclure par un dépôt de plainte pour abus physiques et psychologiques. Des épreuves pesantes qu’elle avait mises en mots sur Don’t Judge Me avec Headis One et Fred Again 

Quand en 2020, le monde se ferme, FKA twigs est seule à Londres et se reconstruit petit à petit avec l’aide ses amis qu’elle a fréquemment en FaceTime. Des conversations libératrices, qu’elle enregistre, et dont certains bouts figurent sur le projet. CAPRISONGS est conçu comme un « carnet de guérion ». Le titre fait référence à son signe astrologie, capricorne, souvent décrit.e comme froid.e, indépendant.e, passionné.e et fort.e, et qui ne « triche pas en amour ». Des caractéristiques 100% confirmées lorsque l’on s’intéresse à l’oeuvre de Tahliah. 

CAPRISONGS délivre 48 minutes d’une catharsis imprenable pour l’autrice sur des productions beaucoup plus joyeuses et euphoriques même si la mélancolie et la tristesse ne sont jamais bien loin. FKA twigs essaie de se détacher de l’enfer pour goûter brièvement au paradis. 

L’exemple parfait est le single tears in the club en duo avec le prolifique The Weeknd, incroyable banger R&B/électro. FKA twigs se libère de son anxiété et de son chagrin en se noyant sur le dancefloor, avec cette musique si prenante et éblouissante qui nous plonge dans un état second. 

 

Avec l’aide d’El Guincho (ROSALÍA, Lous and The Yakuza), Cirkut (Nicki Minaj, Kanye West) et bien évidemment Arca déjà présente sur certains titres de ses précédents projet, FKA twigs propose une mixtape éclectique. Aucun morceau ne se ressemble ; on passe de l’hyperpop pamplehouse au neo-soul lightbreamers. Les cultures brésilienne et jamaïcaine influencent FKA twigs sur oh my love qui prend l’allure d’un tube de Rihanna des années 2010. 

La guérison de FKA twigs passe par ses mots d’empowerment, de puissance et d’affirmation envers elle-même. Elle est LA seule maitresse de sa vie. Ride the dragon en ouverture, enclenché par un magnétophone comme à l’époque, montre qu’elle peut dompter et dresser une créature puissante et sacrée. FKA twigs renait tout autant sur la ballade ébouriffante : meta angel. Elle y invoque cette force : « I wish I had help from a deeper force / Some king of metal angel ». Le clip explore cette dualité entre son passé et son présent. 

 

FKA twigs règne désormais sur les hommes et n’a plus peur de s’imposer et d’établir ses convictions. L’artiste s’est poussée à être plus collaborative et à partager son art avec les autres sur l’afrobeat jealousy avec le prodigieux Rema, le dancehall absolument transcendant papi boss en duo avec la captivante ShyGirl, ou encore le grime which way avec Disturbia où elle s’affirme plus que jamais : « I’m the rockstar, not my boyfriend / I’m not the rockstar’s girlfriend, I am the rockstar girlfriend ». 

Au sommet de son art, elle rend hommage à la culture britannique avec la révélation hip-hop de ses dernières années Pa Salieu à travers le reggaeton honda. Sur darjeeling avec Jorja Smith et Unknown T ils font part de leurs débuts sur la scène londonienne, guidé.e.s et secoué.e.s par l’envie de réaliser leurs rêves : « Feel so alone in a city so big / ‘Cause I used to know the person that lived at twenty-three ». 

Finalement, à 34 ans, FKA twigs tente peut-être de nous faire part du fait qu’elle a réussi à faire la paix avec elle-même. Une quête de soi, pas simple, semée de hauts et de bas, de douleur et d’extase. (« Tell Yourself you love you so / Lay down you fears, baby ain’t nobody dies from a no » – lightbeamers). Au fil des discussions avec ses amies (track girl interlude), elles se rendent compte que le changement dans les moeurs et dans l’éducation continue d’évoluer dans le bon sens même si de nombreuses revendications sont encore à mettre à place (minds of men). Thank you song conclut admirablement la mixtape. Remerciant   celles et ceux qui l’ont accompagnée dans cette démarche artistique, lui redonnant goût à la vie et à la poursuivre comme elle seule l’entend : « Love in motion, my heart’s open / Thank you, thank you, I’m okay / ‘Cause you care, I made it through today ».

CAPRISONGS est plus qu’une mixtape : c’est un « récit de guérison », un véritable chef d’oeuvre musical dans lequel on assiste aux tourments les plus profonds d’une artiste qui est devenue une icône avant-gardiste dans le R&B et l’expérimentation électronique. On est captivé.e.s par son audace et son culot tant dans la prod que dans ses paroles. Avec un casting 5 étoiles, FKA twigs propose un rempart pour celles et ceux qui veulent impérativement trouver un minimum de bonheur et de confiance en soi, sans la glorifier à 200%. Chapeau bas l’artiste. 


Tracklist

1. ride the dragon

2. honda (feat. Pa Salieu)

3. meta angel

4. tears in the club (feat. The Weeknd)

5.  oh my love

6. pamplemousse

7. caprisongs interlude (feat. solo)

8. lightbeamers

9. papi bones (feat. ShyGirl)

10. which way (feat. Dystopia)

11. jealousy (feat. Rema)

12. careless (feat. Daniel Caesar)

13. minds of men

14. track girl interlude

15. darjeeling (feat. Jorja Smith & Unknow T)

16. christi interlude

17. thank you song

Notre sélection : tears in the club, papi bones, jealousy, ride the dragon

NOTE : 17/20

 

A retrouver sur Deezer et Spotify.
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