C’est l’une des artistes françaises à suivre de très près. On vous en parlait il y a quelques mois, avec seulement 4 titres à son actif Kalika réussit le pari de dévoiler son propre univers pop-punk coloré & vénère. Après une première date à La Maroquine elle sera le 2, 3, et 4 février à la Boule Noire pour mettre en transe ses fans. Interview d’une artiste qui sait où elle va.
Ton vrai prénom c’est Mia, tu as choisi comme pseudonyme Kalika, pourquoi ce choix ?
Kalika, c’est mon deuxième prénom. Donc un choix pas très éloigné de mon premier. Je voulais que ce soit moi, mais pas avec mon premier prénom parce que il y a la chanteuse M.I.A dont je suis archi fan et cela aurait fait bizarre de m’appeler comme elle. Il y a aussi plein de significations autour du prénom Kalika qui sont cool, qui me parlent et qui représentent une grande période de ma vie. C’est inspiré de Kali, déesse hindoue de la destruction et la reconstruction. Dans sa représentation elle a quelque chose de très imagé, criard, punk, une femme ultra puissante. Il y a quelque qui me parle vis-à-vis du pouvoir, de son côté coloré et violent. J’adore car la violence est plus facile à regarder quand elle est pop et colorée. Et ça montre mon lien avec l’Inde.
Cela fait aussi référence à Sara e Kali, une sainte vénérée par la communauté des Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer en Camargue. Cela représente une autre période de ma vie puisque toute mon enfance, j’ai grandi dans un environnement gitan, je viens d’une famille de forains, de gens du voyage.
Tu faisais quoi en Inde ?
Ma mère m’a eu super jeune, à 18 ans, et elle a fait une pause dans ses études. Plus tard, elle a voulu reprendre ses études et dans le cadre de son doctorat qui était en rapport avec l’Inde on est parti là-bas. J’y ai vécu 6 mois quand j’avais 9 ans, puis j’y suis retournée à 12 et 18 ans.
Tu as participé à la Nouvelle Star. Cinq ans plus tard, que retiens-tu de cette expérience ?
C’était stylé. C’est ce qui m’a permis de me rendre compte que c’était vraiment ce que je voulais faire dans la vie. Avant je kiffais juste chanter, créer des trucs, dessiner, ça allait dans tous les sens. C’était au lycée, j’en avais marre, j’ai vu qu’il y avait ce casting, je l’ai fait un peu à l’arrache, à Toulouse. Au final, chaque étape était ultra intéressante. J’ai appris à être sur scène, à jouer avec de grands musiciens. Ça m’a aidé à progresser super rapidement. C’était en quelque sorte une formation rapide et complète. Par exemple, on te fait comprendre l’importance des réseaux sociaux, je n’en avais pas à l’époque donc je m’y suis mise à ce moment-là. J’ai aussi vu les interviews, le jeu de la télé, savoir se présenter, comment s’habiller, des trucs auxquels je n’avais pas pensé puisque j’étais un petit bébé.
La musique ça a toujours était une vocation ?
J’ai toujours eu un esprit créatif. Quand j’étais petite j’aimais créer plein de choses. J’ai toujours chanté, en même temps que j’ai commencé à parler. Je pense que tu peux même retrouver des cassettes où je m’enregistrais et faisais des petites compos à 8 ans. J’ai aussi été très vite sur scène et j’avoue que je préfère chanter sur scène qu’en studio. Déjà je faissais des petites comédies musicales, du théâtre, de la chorale. Je chantais tout le temps. Il y a des stars comme Lady Gaga qui sont de réelles inspirations. Ça m’a donné envie de faire le show, d’être extravagante et sans limite. Il est vrai qu’en France je n’avais pas trop de représentation de truc « fou-fou ».
Tu as repris sur YouTube des hits anglais en français. Comment t’est venue cette idée ?
Je n’aime pas faire des covers juste pour faire des covers. J’aime bien apporter ma pierre à l’édifice. En plus, je trouve que l’anglais me va moins bien que le français. J’adore le phrasé du français et je préfère le chanter. Du coup, je me suis dit que pour faire des covers qui changeaient sans trop pousser les prods il fallait les réécrire à ma façon. C’était un test au début et j’ai eu l’impression que ça a plu. Ça a également permis de montrer mon écriture avant de dévoiler mes propres chansons.
Ton premier single L’été est mort est sorti en janvier 2021. Pour quelles raisons tu l’as sorti en premier ?
Depuis le début, j’ai envie d’être une artiste tranchée. Je n’ai pas envie de faire les choses à moitié, de faire des trucs lisses. Parce qu’au début on se dit qu’il faut convaincre radios, télés, et qu’ensuite tu montreras ta folie. Moi je n’ai pas pensé comme ça, je voulais montrer directement ma couleur, comme ça les gens étaient prêts. Il y a ce truc en moi un peu violent, un peu punk et pop. Il y aura toujours un truc cru et décalé dans mes textes.
D’ailleurs, ça se passe comment ton processus pour écrire ?
En vrai il y a plein de façons de faire mais c’est vrai que là où je vais bosser mes textes et aller à fond dans une émotion c’est quand je vais être toute seule. Le soir… Oui c’est cliché ! Dans mon salon, seule, devant mon lampadaire orange avec une lumière mystique et bizarre qui me met dans un mood. Mais sinon ça peut partir d’autre chose. Par exemple à une soirée, il y avait une pote qui venait de Lille, on parlait des expressions et elle disait qu’elle aimait bien dire « il drache » pour dire il pleut. Ce terme m’a inspirée et j’ai commencé à écrire un truc pendant qu’elle racontait son histoire. Juste à partir de cette idée, j’ai pu réécrire un soir devant mon lampadaire. Tu vois, ce sont des petites bribes du quotidien que je retravaille ensuite en solo.
Récemment tu as sorti Chaudasse, que tu chantes d’ailleurs depuis très longtemps sur scène. Est-ce que tu penses qu’aujourd’hui il y a une révolution dans la société ?
J’ai même écrit cette chanson il y a 4 ans. Malheureusement, la chanson est encore d’actualité… Ce que je dénonce c’est le « Slut-shaming« . Les « filles faciles » n’existent pas pour moi ; tu fais ce que tu veux de ton corps. Il faut arrêter de mettre mal à l’aise les filles, les femmes par rapport à leur corps, cela ne regardent qu’elles. C’est ça que j’ai envie de dénoncer. Car moi aussi très jeune, j’ai pu avoir des réflexions. Malheureusement, on passe toutes par là.
J’aime beaucoup la prod hardcore et transcendante. Comment tu travailles avec Baltazar une production ?
Ça peut changer d’une chanson à une autre. Sur Chaudasse on a testé plusieurs prods avant de trouver cette couleur. Une couleur plus dure, froide et violente. Tout simplement parce que je voulais quelque chose de libérateur et cathartique. Pour moi c’est une chanson de l’extrême. On a trouvé ce délire un peu techno, à la DJ PRODiiGY version 2021.
D’ailleurs tu as des influences hyper larges. Qui sont les artistes qui t’ont le plus influencée ?
En fait, il y a des artistes que je découvre maintenant qui vont m’influencer et il y en a d’autres qui l’ont fait quand j’étais petite. Là, ce que j’ai sorti c’est plus des chansons de « pop vénère ». Je pense que j’ai voulu créer justement un style, mon univers et le pousser jusqu’au bout. C’est plus tard, quand j’écoute mes playlists que je me dis « ah oui ça, ça m’a inspirée » mais je n’en ai pas conscience sur le moment. Il y a Lady Gaga comme je disais pour ce côté extravagant et pop. J’aime les mélodies catchy que tu entends une fois et qu’on chante comme un hymne. Je pense aussi que Gainsbourg dans son écritures crue m’a beaucoup inspirée. On lui disait moins que c’était choquant parce que c’était un mec mais si c’était une femme je pense que cela aurait beaucoup plus choqué.
Tu as fait beaucoup de premières parties à l’instar de Yelle, Zazie ou encore Suzanne. Récemment on t’a vue à La Maroquinerie et tu seras à la Boule Noire pour trois dates en février 2021. Qu’est-ce que la scène t’apporte ?
Pour moi c’est la libération. C’est là que Chaudasse peut réellement exister et encore plus. J’adore la scène parce qu’on ne se pose plus de question. Tu as fait ce travail de conception, de tout imaginer, de travail minutieux presque chirurgical. On ne triche plus, c’est juste un moment où tu lâches tout et ça fait tellement du bien, surtout avec cette pause à cause du Covid… Le projet je voulais le développer par la scène, c’était frustrant, j’étais triste mais depuis que ça a repris. J’adore être proche des gens, les voir à la fin des concerts.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Les prochaines étapes c’est mon duo avec Joanna qui sort bientôt, beaucoup de scènes et un EP début 2022 !