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Interview : thems

Interview : thems

On a papoté avec Felix Muhlenbach aka thems quelques minutes avant son concert au Point Ephémère le 20 octobre dernier.  

Hello Felix, j’espère que tu vas bien ! On te retrouvera dans quelques heures en première partie de Mokado au Point Ephémère. Dans quel état d’esprit es-tu ?

Je suis très très motivé, j’ai hâte de remettre les pieds sur scène parce que la dernière fois remonte à près d’un an, à Strasbourg. J’ai des nouveaux morceaux à présenter, c’est l’occasion de les présenter ce soir au public. Je suis hyper excité !

Tu t’apprêtes à sortir le 3 décembre prochain l’EP Brothers. Avant de parler de ce nouvel opus, pourrais-tu nous décrire en quelques mots ton univers musical ?

C’est toujours très compliqué de définir sa propre musique mais, lorsque j’explique mon projet, j’aime dire que je fais de la musique électronique qui est assez cinématographique. Je suis très inspiré de musiques de films. Globalement, j’écoute essentiellement ça dans ma vie personnelle. En dehors de ça, je fais une musique qui a pour but de faire bouger, d’être entraînante, rythmée et qui porte une notion de voyage.

© Floriane Daures

Tu proposes des musiques qui se développent au fil de l’écoute. Quel est ton processus de création ?

Souvent ça part d’une mélodie au piano, très simple, épurée, et je viens greffer des choses au fur et à mesure afin d’obtenir quelque chose d’assez vaporeux dans les textures et par la suite j’essaie de construire l’orchestration qui enveloppe le tout. Tout cela passe par des synthés, des pads mais également, et ce de plus en plus, avec le soutien de cordes et d’autres instruments plus orchestraux.

Tes compositions semblent assez introspectives avec une touche d’onirisme. On pourrait même qualifier ta musique de cinématographique tant elle nous suggère des aventures en tout genre. Que souhaites-tu raconter lorsque tu les composes ?

Je suis vraiment heureux que tu me dises cela parce que c’est exactement ce que je souhaite transparaître ! Ce qui me plait c’est que les gens se laissent aller, que mes compositions servent de support à l’image et que les personnes qui les écoutent, par leur vécu, par leurs souvenirs, construisent le film de cette musique. C’est vraiment ça qui m’attire ! C’est pour cela que j’adore les musiques de film.

Lorsque je créé mes compositions, il faut que j’ai des images qui surgissent instantanément sinon j’ai l’impression qu’il y a quelque chose qui ne prend pas. Pour moi, tout cela découle du lien images et sons.

Tu n’as pas forcément envie de parler d’un thème en particulier, tu te focalises davantage à créer une ambiance, une atmosphère.

Exactement. Et d’ailleurs les thèmes de mes musiques, notamment de l’EP qui va bientôt sortir, viennent souvent une fois que le processus de création est d’ores et déjà initié. C’est la musique en elle-même qui va m’inspirer pour le storytelling.

D’ailleurs, je me suis toujours demandé comment venait l’idée de donner tel ou tel titre à une musique lorsqu’elle est instrumentale et donc qu’elle n’est pas soutenue par des paroles qui racontent une histoire en particulier.

Je choisis le nom de mes morceaux par rapport à mes souvenirs, ma mémoire, ce que j’ai vécu. Lorsque je compose un son, j’attends de voir quelles images vont ressurgir de mon subconscient et à ce moment là je construis une histoire autour de cela. Je capture un moment présent que j’essaie par la suite de raconter.

On le mentionnait en début d’interview. Après un début d’année marqué par la parution de Nuits tu sortiras dans quelques semaines un nouvel EP de trois titres. Que peux-tu nous confier à son sujet ?

C’est un EP très court parce que je voulais raconter une histoire en trois chapitres. C’est l’histoire de frères ; quelque chose va se passer et l’un des deux va se retrouve face à lui-même, ce qui va bouleverser son quotidien. Par la suite, il va devoir se reconstruire. Ce sont les trois étapes de l’EP.

 

Je le voulais court pour qu’il soit hyper efficace, que l’histoire parte d’un point A à un point B avec une certaine résilience et de l’espoir à la fin.

Etant fan de cinéma et ayant toujours porté très attention à tes visuels, tu penses sortir un triptyque pour illustrer tout cela ?

L’histoire m’est passée par la tête mais je t’avoue qu’il faut pas mal de temps et surtout du budget pour réaliser ça. Tout est en auto-production pour le moment donc c’est assez compliqué. J’aurais adoré illustrer ces trois chapitres de la sorte mais je ne pense pas que ça se fera, du moins pas pour cet EP.

D’ailleurs, parlons de ta discographie. Depuis 2016, tu as sorti pas mal d’EPs, quatre en comptant Brothers et un cinquième, Négatifs sous ton nom civil. Pourquoi avoir séparé cet opus du projet thems ? A son écoute on perçoit qu’il est dans la lignée de tes autres disques tout en étant un brin plus organique.

C’est vrai ! J’ai même fait un featuring avec moi-même sur l’EP, en signant à la fois avec mon prénom et avec thems. A l’époque je séparais vraiment davantage les choses : je trouvais que d’un côté j’avais ce projet électro et de l’autre une envie de faire davantage de « musiques à l’image ». C’est un EP que j’ai réalisé pour le court-métrage Négatifs avec mon ami Jérémy Morlot qui réalise tous mes clips et mes photos.

Pourquoi ne pas plancher sur un album ? Est-ce une volonté de rassembler une poignée de morceaux autour d’un EP bref et plus intense ?

J’avoue que quelque chose de long pourrait me plaire afin de développer davantage les choses et de créer un réel univers autour de cela mais jusqu’à présent je me suis beaucoup cherché. Mon premier EP Voyage m’a permis de poser les bases, ensuite j’ai construit quelque chose de plus poussé avec Souvenirs mais c’est à partir de Nuits que j’ai réellement défini mon univers musical. Ainsi, je pense qu’il était encore trop tôt pour sortir un album. Là j’ai Brothers qui va sortir mais ce n’est pas exclu que dans un futur proche je me mette à plancher sur un long format.

© Floriane Daures

Les EP permettent de sortir des petits capsules, de transmettre des énergies de façon plus spontanée. Je compose souvent par périodes : il y a des moments plus riches dans ma vie, des instants que je veux refléter en musique et ce format permet davantage d’être dans l’immédiat.

En plus tu as une certaine cadence dans tes sorties qui est assez impressionnante, notamment là avec la sortie de Brothers qui arrive seulement quelques mois après Nuits.

C’est marrant que tu me dises ça parce que j’ai l’impression de traîner un peu la patte et de ne pas assez plancher sur ma musique. C’est cool que tu mentionnes cela car il est vrai que c’est assez chouette de pouvoir sortir deux EPs dans un intervalle de temps si mince. Encore une fois, je pense que c’est grâce au format court de l’EP que je peux faire ça.

Tu avais invité Difracto et VAPA sur ton précédents EP, deux autres talentueux producteurs français. Selon toi, qu’est-ce qui différencie ta musique du reste de la scène électronique française ?

Je peux juste parler de ce dont les gens me disent ! Ma musique permet de créer des images tout en étant très introspective et en faisant voyager les personnes. Il y a plein d’autres artistes qui parviennent à faire ce genre de chose. Moi c’est vraiment ça qui me touche et c’est dans cette direction que je veux aller donc je le fais à fond.

Lorsque je compose je suis inconsciemment influencé par des artistes que j’adore, à l’image des artistes du label Erased Tapes Records KiasmosRival Consoles. Mais ce qui vraiment me porte et me donne envie de composer c’est la musique de film. Je laisse venir par la suite tout le côté rythmé, plus électro de ma musique sans essayer d’être trop influencé par ces artistes.

Quels sont les artistes que tu écoutes en ce moment ?

Alors… Mon dernier EP pour savoir s’il est vraiment bien ou pas ! C’est vraiment quelque chose particulier chez moi… Je n’arrive pas à m’empêcher d’écouter la musique que je créée, tout d’abord pour me convaincre moi-même. Mais sinon j’écoute beaucoup le dernier disque d’Apparde, Alliance sorti chez Ki Records ou encore les deux derniers sons de Rival Consoles. Et sans surprise des musiques de films ! Je pourrais par exemple te citer Nicholas Britell que j’écoute pas mal.

Un dernier mot pour conclure cette interview ?

Je suis très heureux de pouvoir jouer ce soir pour Mokado et également d’ouvrir pour Rone à La Laiterie. Ça faisait hyper longtemps que j’en rêvais et ça s’enchaîne parfaitement avec Sylvain (Mokado) !

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