« Je n’évolue pas, je voyage », rencontre avec le musicien et poète Fils Cara !
Pour commencer, d’où vient ton pseudo Fils Cara ?
On est tous l’enfant de quelqu’un n’est-ce pas ?
Comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne te connaîtrait pas ?
Pour ce qui est des textes c’est de la chanson, des portraits et des paysages racontés en français.
Pour ce qui est de la musique, c’est de la pop ! Influencé par la musique de boucle comme l’électro ou la trap et de la musique d’événements comme les Beatles et Bach.
Grâce à ton répertoire très large entre rap, pop, chanson française, tu ne rentres dans aucune case. Tu mêles parfois plusieurs genres en un même morceau. Comment l’expliques-tu ?
« Je n’évolue pas, je voyage ». Cette phrase de Pessoa hante ma manière de faire. Je fais toujours la même chose au fond, mais dans des territoires différents. C’est peut-être pour contrer ce mortel ennui cohérent de la musique actuelle.
Tu as sorti deux magnifiques EPs de huit titres avec des morceaux semblables à des poésies mises en musique ! Quelles ont été tes inspirations ? Ton processus créatif ?
Je te remercie. C’est d’ailleurs ça, mon processus créatif, remercier. Il faut savoir le faire, ces disques magnifiques pour reprendre à mon compte ton adjectif, je ne les ai pas fait tout seul.
J’ai été accompagné d’abord par Francis au piano, qui est un des meilleurs musiciens de sa génération. Ensuite par une assemblée de gens dans l’ombre, que je remercie dans Crédits, le dernier morceau de Fictions.
C’est d’ailleurs intéressant qu’on dise « dans l’ombre » pour parler de l’entourage des artistes, cet élément de langage pour moi n’est plus très valable aujourd’hui, pas parce que toutes les actrices et acteurs d’un projet prennent la lumière, mais parce qu’ils sont autant de vaillants soleils qui décorent l’univers. Ce sont eux mes inspirations, et leurs histoires avec. Les gens autour de moi sont donc ma principale inspiration.
Tu as également sorti deux superbes clips – Sous ma peau et Concorde – sur lesquels tu as travaillés avec Hugo Pillard. Tu joues avec les ombres et les lumières – pourquoi ce choix pour représenter ta musique ?
Il n’y a que deux valeurs dans l’espace, le visible et le caché.
J’ai construit ces clips avec Hugo comme des Memento Mori, pour me souvenir qu’à chaque fois que je les regarderai, que je sombre ou que je me relève, il y aura toujours un revers à la médaille.
Qu’est ce qui t’as poussé à sortir une version acoustique de Fictions ?
Les bribes de tournée cet été notamment aux Francofolies à la Rochelle, espaces dans lesquels j’ai dû monter le concert de Fictions en piano-voix devant des très petits groupes de public en accapela, à défaut d’une scène et de milliers de personnes. Je voulais apporter sur un disque la certaine magie substantielle que j’ai trouvé là-dedans. Le travail d’arrangements a été fascinant et réfléchi.
Comment appréhendes-tu les événements digitaux en cette période où il est plus difficile de créer du lien avec le public ?
Je ne prends aucun plaisir dans la quantité. Parfois je préfère me taire.
Je suis content de participer à des initiatives intelligentes comme les concerts stream sur twitch de @labouclettetv ou bien de festivals livestream comme Avant l’Après des Trois Baudets ou Open Stage d’Arte Concerts. Le reste n’est pas à proprement parler du lien, pour qu’il y ait un lien il faut qu’il y ait un rituel.
Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
Je fabrique mon premier album, à chaque instant j’imagine des futurs mois dont tu parles.
Qu’est ce nous pouvons te souhaiter pour la suite ?
Vous pouvez me souhaiter de conserver mon nez intact car je viens de m’inscrire à la boxe ! Et moi je vous souhaite un été libre après ce printemps clos !