Rédactrice en chef, Photographe
Nous y sommes. Enfin. 8 ans après Total, un des albums les plus emblématiques de l’électro française, SebastiAn livre son deuxième opus : Thirst. Featurings dorés, mélodies brutales et enivrantes, retour sur l’un des disques phare de ce mois de novembre.
Ce serait se leurrer que de croire qu’en 8 ans, Sebastien Akchoté (aka SebastiAn) s’est reposé sur Total. Il a pris ce temps pour œuvrer aux côtés de Charlotte Gainsbourg, Philippe Katerine, Frank Ocean ou encore la maison de couture Yves Saint Laurent et surtout pour revenir avec un album marqué par ses différentes rencontres artistiques.
Toujours fidèle au label Ed Banger, le pionnier de la French Touch largue un Thirst solide en 14 tracks (auxquelles s’ajoutent 3 versions éditées) et dont l’artwork fait clairement écho à celui de son prédécesseur, passant de l’artiste qui s’aime et se contemple à l’artiste qui se bat furieusement contre lui-même.
Le disque extra-teasé (six singles) est ponctué par toute une flopée de featurings. En effet, Charlotte Gainsbourg, Sparks, Syd de The Internet, Loota, Gallant, Allan Kingdom, Sevdaliza, Sunni Colón, Bakar et Mayer Hawthorne sont de la partie. Du beau monde, donc. En s’entourant autant, SebastiAn aurait pu se perdre et noyer Thirst sous cette pluie de noms et de genres musicaux si distincts les uns des autres. Cependant, il n’en est rien.
Audacieux et surprenant, Thirst est tout sauf la suite de Total. Dépassant ses acquis, SebastiAn livre là un opus ultra influencé par ses expériences musicales. Construit au fur et à mesure de ses voyages autour du globe, chaque morceau semble se démarquer des autres. Allant des airs mélancoliques de Better Now ou Run For Me aux sonorités hip hop de Yebo ou Sober (dont le clip produit par Yves Saint Laurent vient de paraître) et frisant la pop-rock avec les Sparks sur Handcuffed to a Parking Metter, Thirst est un album séquencé et inattendu.
Si SebastiAn explore une nouvelle facette de sa créativité en faisant évoluer la French Touch avec lui, il n’oublie pas la house cinglante de ses débuts. Thirst, Movement et l’incroyable Beograd sont de bons exemples d’électro brutale et prenante qui satisferont sans aucun doute les fans de longue date.
S’il faut plusieurs écoute pour apprécier cet opus à sa juste valeur, certains morceaux se révèlent très vite comme étant les pièces fortes de cet ouvrage. C’est le cas de Pleasant, sensuel et entêtant à souhait, porté par Charlotte Gainsbourg, mais aussi de Better Now et sa tendresse apaisante ou bien évidemment de Run For Me et son efficacité déconcertante.
La plus belle surprise que nous offre Thirst s’intitule Devoyka. Titre sombre et mystérieux aux influences classique, c’est le moment le plus grandiose de l’opus. Et de loin.
Avec Thirst, SebastiAn ne s’est pas contenté de rester dans sa zone de confort et d’offrir un Total 2 aux fans impatients. Il fait le pari d’aller là où on ne l’attend pas forcément. Risqué mais réussi, cet opus sur-influencé maintient le DJ et producteur français dans la cour des grands. Thirst fonctionne parce qu’il déborde d’expériences et de références plus riches les unes que les autres mais il demande qu’on s’y attarde suffisamment pour saisir le maximum de son potentiel.
En bref, 8 ans c’est long, mais ça en valait la peine.
Tracklist
1. Thirst
2. Doorman (feat. Syd)
3. Movement
4. Better Now (feat. Mayer Hawthorne)
5. Pleasant (feat. Charlotte Gainsbourg)
6. Yebo (feat. Allan Kingdom)
7. Sev (feat. Sevdaliza)
8. スィートSweet (feat. Loota)
9. Sober (feat. Bakar)
10. Time to Talk (feat. Sunni Colón)
11. Beograd
12. Handcuffed to a Parking Meter (feat. Sparks)
13. Devoyka
14. Run for Me (feat. Gallant)
Notre sélection : Devoyka, Beograd, Better Now, Pleasant
NOTE : 17/20