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Review : Fyfe – The Space Between

Review : Fyfe – The Space Between

Après de longues semaines d’attente, Paul Dixon aka Fyfe nous revient avec son second opus The Space Between. Ecoute et critique. 

Vous vous souvenez certainement de son immense hit Solace qui date déjà de 2013 et qu’on avait le plaisir de retrouver dans son premier opus ControlPrès de trois ans après la sortie de cet excellent album, le britannique nous prend par les sentiments en nous faisant valser entre titres pop qui nous donnent envie de nous déhancher et ballades poignantes qui en viendraient presque à nous tirer quelques larmes… Avec ces onze nouveaux titres, Fyfe se livre dans un corpus très personnel qui a su attirer notre attention ! On débriefe.

Ce nouvel effort débute en fanfare avec un premier titre qui pose les bases : Cold Air. Durant ces trois premières minutes d’écoute se mêlent différents instruments, différentes tonalités, nous faisant passer dans plusieurs ambiances en un court instant. Que dire de plus ? Ce titre introductif est tout bonnement parfait ! S’en suit son dernier single, Love You More. Ici, on retrouve l’empreinte de Fyfe dans une virée pop aux rythmiques saccadées et diablement addictifs. Depuis sa sortie en février, ce titre n’a cessé d’être en boucle dans nos oreilles et la révélation de son splendide visuel réalisé par le collectif Babybaby – David Strindberg & Josefin Malmen – n’a fait que conforter cette tendance. Il confiait : « J’aime les manipulations visuelles dans le travail de Babybaby, cela illustre bien la façon dont nos esprits peuvent déformer notre propre réalité.”

Troisième extrait, troisième pépite ! Belong a été une grande surprise quand on l’a découvert car il est son tout premier featuring. Accompagné de la délicate Kimbra – révélée sur l’immense tube Somebody That I Used to Know de Gotye en 2011 – Paul sort de sa zone de confort et nous régale avec un titre frais qui traite de sa thématique de prédilection, l’amour. En effet, il explique : « Une relation peut à la fois être utile ou non en terme de compréhension de qui nous sommes en tant qu’individu et Belong relate l’histoire d’une personne qui commence à se poser ces questions, plutôt que de donner des réponses. » 

On poursuit avec le psychédélique Closer qui, par ses puissants arrangements, nous plonge dans un univers intriguant, un brin nonchalant et fortement plaisant ! Une piste notable qui précède l’incontournable Stronger découvert il y a d’ores et déjà un an. Avec un titre explicite, on retrouve notre ami britannique sur une création musicale qui mélange les genres, entremêle une électro pop novatrice avec des touches de funk pour un résultat surprenant. C’est certainement à l’écoute de ces deux titres qu’on comprend réellement pourquoi nous sommes tant fans des propositions de Fyfe : comme un chimiste, il brise les frontières entre les émotions, les sens et les mélodies pour nous régaler avec une musique éclectique, propre à son univers et en perpétuelle évolution !

En plein milieu de l’album, on retrouve le planant Relax, qui apparaît comme emprunté au divin artiste islandais Asgeir tant sa mélodie est douce et agréable ! Traitant des moments où Paul se sent vulnérable, anxieux voire frustré, cette ballade pop minimaliste parvient à nous procurer un sentiment de positivité et de plénitude grandement apprécié. Vient le tour de Borders, une piste qui nous semblait approcher la problématique d’un monde sans frontière – comme le faisait si bien M.I.A. avec son titre éponyme – mais, après son écoute, on se rend compte qu’il parle d’une liberté plus personnelle, celle qu’on ressent quand on réalise qu’on est maître de notre vie.

Quant à Rosa, une jolie ballade composée pour sa nièce, elle est la preuve de la maturité qu’a prit Fyfe entre son précédent album et celui là. En effet, davantage décidé à sortir de sa zone de confort, il s’installe sur son piano – qu’il avoue ne pas être son instrument de prédilection – et nous envoûte durant quatre belles minutes qui ne manquent pas de nous rappeler qu’on arrive bientôt à la fin de cet opus ! En effet, on attaque le tiercé final avec Fault Lines qui nous plonge directement dans l’histoire personnelle du chanteur qui a connu un grand nombre de décès récemment dans son entourage… Tout au long de la chanson, il tente de nous faire intégrer le fait que nous sommes tous mortels et qu’on ne contrôle en rien notre période d’existence sur Terre. La seule chose que l’on peut contrôler est la manière dont on souhaite façonner notre vie afin de la vivre pleinement et surtout sans regret !

All We Need s’intègre parfaitement dans la ligne directrice de cette seconde moitié d’album qui a prit une tournure à la fois plus sombre et plus sincère. En effet, cette ballade aérienne pleine de sens est la continuité de Fault Lines « I can’t give you more, but i’ll give you my time ». Quand on vous disait qu’on était passé par toutes les émotions à l’écoute de ce second album, on ne vous mentait pas ! Cette avant-dernière piste nous aura fait craquer… Bref ! Il est temps de conclure avec une onzième et dernière chanson : Closing Time. On vous présentait Cold Air comme étant le meilleur choix pour introduire cet album, et on peut désormais vous affirmer que Closing Time, comme son nom l’indique, est la conclusion idéale pour boucler ce chapitre. Uniquement accompagné de son piano, Paul nous embarque dans une ballade mélancolique poignante où sa voix se pose comme une fleur sur cette douce mélodie. Un moment de grâce léger et sensuel qui résume parfaitement cet artiste si émouvant !

En résumé, The Space Between porte bien son nom. Il met en avant la césure qu’il y a entre ses deux albums, mais aussi le temps qui a coulé et les diverses expériences personnelles qu’il a vécu depuis la sortie de Control… Avec talent et délicatesse, il parvient à traiter chaque instant de la vie, de la naissance à la mort, et toutes les péripéties plus ou moins joyeuses qui composent la vie de tout un chacun ! Pour illustrer son propos, il a fait le choix d’une cover symbolique, un bouquet de fleurs fanées, qui avec simplicité et sobriété résume l’ambiance générale de cet opus : « Ces fleurs illustrent parfaitement l’album : l’idée qu’il y ait autant de beauté dans la maladie, de décrépitude et la mort, que dans la vie. Ces fleurs sont mortes, mais avec le bon angle de vue elles sont assez élégantes pour être accrochées dans une galerie d’art. »

Ce second album apparaît ainsi comme un corpus plus réfléchi, plus authentique, que certains qualifieront sûrement « d’album de la maturité ». Nous on y voit un réel besoin d’expression, comme une thérapie nécessaire qui fait suite au décès de nombreux proches au cours de ces dernières années, et qui lui sert donc d’exutoire afin d’avancer à la fois dans sa vie personnelle que celle d’artiste. Avec justesse et sincérité, il parvient à contrebalancer les émotions tout au long de son opus qui, à la fin, nous permet de conclure sur une note très positive. D’une richesse mélodique surprenante, The Space Between saura vous charmer (du moins on l’espère !). Quoiqu’il en soit, on peut affirmer qu’avec cet album Fyfe nous aura donné grandement envie d’aller à sa rencontre en live pour partager ces instants de vie directement avec lui !


Tracklist

1. Cold Air

2. Love You More

3. Belong (feat. Kimbra)

4. Closer

5. Stronger

6. Relax

7. Borders

8. Rosa

9. Fault Lines

10. All We Need

11. Closing Time

Notre sélection : Stronger, Love You More, Closer, Closing Time, All We Need

NOTE : 17/20

 

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