Review : Spider ZED – Club de coeur
Spider ZED sort son deuxième album Club de coeur, un projet de 12 morceaux où arrive l’âge fatidique : 25 ans. Un premier bilan s’impose.
Depuis 2016, Marvin aka Spider ZED ne cesse de nous surprendre et de s’imposer ! Spider ZED écrit sur ce qu’il vit, ce qui le concerne. Après plusieurs EPs et un premier album intitulé Jeune intermittent en 2020 où le jeune artiste nous impressionnés par ses mots piquants et ses punchlines railleuses, il revient en force avec ce nouveau disque.
Le club des coeurs
Aujourd’hui, Spider ZED sort Club de coeur. Une équipe que tu ne peux pas abandonner et qu’il faut aimer et soutenir malgré les différents, les disputes… La famille quoi.
La pochette créée avec l’aide de Johnna Doukov a été shootée au moment du clip En ce moment. Les lasers qui sortent des yeux de l’artiste font écho à l’album de Massive Attack, No Protection. Un album qui avait interpellé Spider ZED par sa photo représentant des super-héros mais qui, au final, n’était pas à son goût. Une envie de “revanche” pour faire un projet qui lui plaît de A à Z.
Les lasers représentent aussi un outil fait pour blesser, faire du mal. Les cœurs qui en ressortent anéantissent l’ennemi par de l’amour malgré tout.
Le club de la famille
“J’ai déçu mère, j’ai déçu père. La vraie vie c’est nul, on m’avait dit qu’c’était super” chantait Spider ZED dans Overdose en 2020. Aujourd’hui, les relations familiales ne se sont toujours pas améliorées. Son père est décédé au moment où Spider ZED finissait d’écrire ce projet. “Si il avait pu l’écouter, j’espère qu’il se serait dit que je comprends un peu mieux” dit-il dans une note d’intention.
Ses rapports à sa famille sont omniprésents dans son projet. Il y parle de son mode de vie de privilégié : « J’viens des familles bourgeoises où on préfère que tu sois triste plutôt qu’tu sois mal vu” (Club de coeur), “J’suis un gosse riche, qu’est-ce qui peut bien m’arriver. A part tomber dans la drogue et puis me suicider” (Enfant Star).
Le manque de confiance de Spider ZED vient de cette rébellion entreprise plus jeune. Il sait qu’il ne suit pas les traces de ses parents et pensent qu’ils ne sont pas fiers de ce qu’il veut entreprendre : “Mes parents se demandent pourquoi j’suis comme ça” (Pq j’suis comme ca).
Le morceau 25 ans est un ego trip puissant où tout le monde en prend pour son grade de son héritage “Merci beaucoup papa pour l’héritage mais j’crois qu’j’aurais préféré avoir une famille”, à sa mère “Maman je t’aime, pourtant quand on s’parler j’ai l’impression qu’on s’est jamais rencontré”, à sa façon de vivre aujourd’hui “J’me suis toujours demandé si j’étais légitime j’me suis pas demandé si j’étais heureux”.
Le club des imposteurs
A cause de son éducation, Spider ZED continue encore aujourd’hui de se dénigrer et de ne pas se sentir légitime dans le game (Moins con, Pq j’suis comme ca).
Spider ZED se sent constamment triste et déprimé. Dans ma tête nous fait ressentir les traumas lourds et intenses de l’artiste : “Crise d’angoisse sur crise d’angoisse // Mais j’ai l’air d’m’en battre les cou**lles”. Toujours anéantit et mélancolique Spider ZED se sent “déjà mort” (Domaj).
« Même s’il m’arrive jamais rien, j’prends du recul et je lui cherche un sens” (En ce moment). Spider ZED a constamment été rabaissé par son père sur son quotidien de « privilégié » et de rien avoir vécu. Écrire et se poser des questions sur ses états d’âme est une manière pour se confier, de dire ce qu’il pense et de prendre ENFIN la place à table. Une table familiale où il est considéré comme “trop effacé”.
Le club des potes
Y’a mes potes est le constat de toutes ces amitiés qui suivent des trajectoires différentes. Certains sont déjà mariés, d’autres au chômage ou encore celui qui se cherche encore. Une famille que Spider ZED s’est créé, inséparables et les seuls à le comprendre.
Johnny Jane est présent sur Tous les deux. Un titre de love ambigu absolument fabuleux qui donne envie de danser corps contre corps auprès de celui/celle que l’on désire. Comme une scène de films où deux individus savent qu’ils sont faits l’uns pour l’autre.
Le club des adultes
Toutes les bonnes choses ont une fin. Spider ZED a vu sa famille le juger, ses potes s’éloigner, sa santé mentale éclater… Renfermé, il dit tout haut ce qu’il a longtemps gardé pour lui (Ce que tu veux). “Pas très bavard mais rien à redire” voilà comment il est décrit par un passager lors d’un trajet BlaBlaCar.
Avoir 18 ans. Vous vous souvenez ? Le permis, partir de chez ses parents, aller à la fac, penser à “l’après”. Oui mais justement arrive le moment fatidique des 25 ans. Moment où la société nous considère souvent comme des adultes. Moment où le CDI doit être signé, où on doit nous appeler “papa” ou “maman”, etc…. Spider ZED veut simplement faire ce qu’il aime, sans constamment être jugé et critiqué par les autres. 25 ans est un condensé de 4 minutes sur ses hontes : “J’ai conscience de mes défauts, dis-moi est-ce que ca les excuses un p’tit peu”.
On me demande d’avoir un avis sur tout alors que j’ai surtout un avis sur rien.
En bref
Spider ZED a écouté beaucoup d’indie pop et de pop-rock ces derniers temps. Ça se ressent sur des productions plus pop que rap. Celui qui a grandi avec Orelsan, Sexion d’Assaut ou 1995 poursuit son évolution avec une introspection et des questionnements sincères et matures.
Spider ZED c’est notre pote, notre grand frère, ce mec lambda sur qui on sait qu’on peut compter… Bref, il fait partie de notre « club de coeur » aussi.
Tracklist
1. En ce moment
2. Moins con
3. Club de coeur
4. Ce que tu veux
5. Tous les deux (feat. Johnny Jane)
6. Y’a mon pote
7. Enfant star
8. Domaj
9. Dans ma tête
10. Pq j’suis comme ça
11. 25 ans
12. Devenir adulte
Notre sélection : Y’a mon pote, Devenir adulte, Pq j’suis comme ça
