Review : Iliona – Tête brulée

Dans un monde où tout va trop vite, Iliona prend son temps et elle a bien raison. L’année dernière marquait les débuts remarqués de la jeune Bruxelloise avec la sortie de Tristesse, un premier jet doux et morose. Pour commencer cette nouvelle année, Iliona compte bien ajouter de nouveaux et nouvelles amateur.ice.s de sa musique avec Tête Brulée, deuxième EP : mélancolique et élégant.

Une écriture tout en finesse et une production moderne et nostalgique, à 21 ans, Iliona a gardé tout ce que ses parents lui ont appris. L’importance des mots par sa mère et celle de la musique – notamment électronique – par son père. Tristesse résonne en nous comme des chansons post break-up à se morfondre dans notre lit (Moins Joli, Reste) dicté par des instrumentations électroniques futuristes (Marguerite) ou d’une pop contemporaine (Une autre vie).

Un an après, Iliona continue de proposer sa collection de morceaux toujours aussi personnels en rajoutant 9 nouveaux titres qui vont déjà rythmer notre année 2022. Pour Tête Brulée, Iliona met en avant sa passion pour la variété française des années 60/70. On pensera évidemment à Françoise Hardy, Barbara… Des artistes qui cartonnaient en chantant à nos coeurs – souvent brisés – (il faut être inhumain pour ne jamais avoir pleuré sur Message Personnel).

Comme depuis le début de sa carrière, Iliona s’attache à tout gérer, autant dans l’écriture que dans la production. Tout ! Même les vidéos à l’instar de Si tu m’aimes demain dévoilé en novembre. En costume, accompagnée de ses musiciens à la dégaine des Kinks ou des Talking Heads, les yeux bleus d’Iliona envoûtent. On la retrouve fredonnant ses paroles minaudantes sur un riff de guitare redonnant instantanément le sourire, rêvassant de l’amour éternel d’un couple star des seventies. Ta vedette et Cocoon se distinguent par leurs production toujours aussi alléchantes et modernes, Iliona nous fait voyager dans le passé en restant bien présente en 2022 avec sa mélancolique amoureuse naïve : « Aime-moi, fais-le comme tu veux / Traîne-moi, je suivrai tes yeux ». Un premier pas vers la joie et la gaité, un an après la sortie de son premier EP Tristesse.

Tout vient de manière instinctive dans la musique d’Iliona qui se laisse guider par ses émotions, ses peurs, ses doutes. Micha raconte une rencontre au beau milieu de la nuit, quand la soirée bat son plein, qu’on domine à toute allure sur la piste… Un moment de spleen conduit par une production tout aussi mélancolique et charmeuse à se transcender jusqu’au petit matin. Wherever you hide, the party finds you, piste 100% deep électro où cette urgence de se perdre dans la fête s’accélère au fur et à mesure, avant d’entendre le bruit d’un téléphone et d’une sirène de police. Comme si ce trop plein d’excès avait rendu la fin de la soirée triste et maussade.

Iliona n’oublie de s’accompagner de son fétiche piano ; sur cent fois, elle donne de l’espoir aux rêves d’une jeunesse désemparée. Avec sa pochette patchwork, apparaissant derrière un ciel brumeux, Iliona s’entoure d’étoiles. Pour éclairer nos nuits, elle s’éloigne de l’espace temps et veut se rendre dans un univers parallèle pour se distancer de ses soucis : « Parfois, je voudrais voir hors de la Terre / Promis, je pourrais marcher à l’envers / Très loin, voir des aliens qui danseraient » (Tête brulée). ll est question de corps et d’idéaux sur la société dans Garçon manqué.

La poésie de l’artiste se conclut sur le rétro futuriste quelque chose de. En quête de sens, elle tente de vivre d’aventure et de tendresse et de se débarrasser de tous ses troubles. Un voyage auditif dans les étoiles. À noter qu’on retrouve Maxime Le Guil au mixage de l’album qui a notamment travaillé pour Radiohead ou Christophe (des p’tits noms dans l’industrie musicale).

La pop belge vole décidément haut après Angèle ou Claire Laffut ; Iliona a tout une place à se faire avec son propre univers et ses récits montrant avec ce nouvel EP une autre facette de sa musique, plus chaleureuse et virevoltante, une musique lo-fi toujours aussi romantique et mélancolique.