Review : Silly Boy Blue – Breakup Songs
Breakup Songs, le premier album de Silly Boy Blue est sorti aujourd’hui. Bouleversant, mélancolique et empli de résilience, ce premier album, d’une beauté magistrale, est la claque de ce début d’été.
Depuis son onirique et délicat premier EP dévoilé en 2018, Silly Boy Blue nous enchante à chaque nouveau projet. Après Make It, en duo avec Isaac Delusion, c’est avec non moins de quatre singles, que la chanteuse nous a teasé son nouvel album. Celle dont le nom est un hommage à David Bowie retranscrit à sa manière l’insoumission et la liberté du chanteur dans son ambition musicale illimitée.
Influencée par des artistes tel.les que Siouxsie & The Banshees, Marilyn Manson, The Cure, Fever Ray, Lady Gaga, Prince, Yeah Yeah Yeahs, Christine & The Queens, Frank Ocean ou Joan Jet qu’elle considère comme des êtres presque irréels, Silly Boy Blue s’est forgé un solide univers entre onirisme ethéré et pop indie. Compositrice, interprète, multi-intrumentiste et productrice, la jeune musicienne a de nombreuses casquettes qu’elle maîtrise toutes avec une redoutable douceur.
Un album comme une bulle hors du temps
La voix vaporeuse de Silly Boy Blue nous guide tout le long de cet album. Ethérée, hors de notre réalité, la voix de la chanteuse se révèle aérienne ou plus marquée au gré des titres. Sur Hi It’s Me Again, single qui tourne déjà en boucle dans nos playlists depuis sa sortie à l’été 2020, la voix tranquille de Silly Boy Blue nous hante et exprime ce qu’on ne dit pas. Quand plusieurs personnalité, certaines fortes, certaines plus faibles, se battent au fond de soi pendant un moment difficile, ici une rupture.
Hi It’s Me Again, c’est tous les textos non envoyés après une rupture, tout ce que j’aurais aimé pouvoir dire mais que je n’ai pas osé, toutes les questions que je me suis posées après. C’est le moment juste avant la résilience, quand on commence à comprendre certaines choses mais qu’il nous manque des clés pour comprendre. L’écrire m’a permis de ne pas être l’ex folle, qui envoie des messages à 3 heures du matin.
The Riddle, nous apprend à lâcher prise quand la personne que l’on aime n’est pas celle qu’il nous faut. Sur un rythme pop et des synthés très 80’s, Silly Boy Blue nous promet que de meilleures expériences nous attendent ailleurs et qu’il est temps de partir. Be the Clown, dans un style pop indie, raconte justement ce tournant d’une relation où l’on devient le jouet de son ou sa partenaire. Ici, on se perd totalement pour correspondre aux attentes de l’autre, sans jamais y parvenir réellement. Avec Cecilia Part II, ballade piano-voix ultra mélancolique, on réalise que quand on s’est battu autant que l’on pouvait le faire, il est temps d’abandonner le combat. Mais même dans ces moments difficile, une lumière est toujours perceptible, celle de la résilience qui vient après la souffrance.
Des élans un peu folk viennent ajouter à cet album une dimension inattendue. Toujours avec douceur, sur une guitare sèche sans fioriture, avec Creepy Girl la chanteuse rend hommage à ces relations fantasmées que l’on construit dans nos têtes mais qui n’existeront jamais dans la vraie vie. Avec Lantern, deuxième titre en guitare-voix de cet album, Silly Boy Blue nous parle de ces relations où l’on se déchire, quand on est incapable de se faire autre chose que du mal.
Goodbye, single pop et rythmé également dévoilé en 2020, parle lui de résilience avec justesse et puissance.
J’ai écrit Goodbye après une rupture. C’est le moment où tu te réveilles un matin et tu te rends compte de ce que tu as traversé, avec la lucidité qu’il te manquait depuis plusieurs mois. C’est aussi le jour où je me suis sentie prête à passer à autre chose, et où je me suis rendue compte que je n’attendais plus désespérément le retour de la personne. C’est ce fameux jour que tu espères tout au long d’une rupture, le jour où tu ne penseras plus à l’autre
Illustrant à merveille cette idée de bulle hors du temps dans laquelle nous fait entrer cet album, The Fight – Orchestral Version nous raconte l’abandon. Sur des violons lancinants et de sa voix éthérée, Silly Boy Blue nous touche en plein cœur, et nous plonge dans ces moments où tous les mots de nos ami.es ne suffisent pas à apaiser cette douleur de la séparation.
Une pop assumée et réinventée
Maîtrisant avec justesse les sons ethérés et aériens de nombre des chansons de cet album, Silly Boy Blue nous entraîne aussi dans les élans indie pop qu’on lui connait. Réinventant sa pop indé grâce à des emprunts pop rock et électroniques, la compositrice a décidément plus d’une corde à son arc.
Sur Teenager, le piano vient nous frapper en plein cœur et appuie à merveille l’air mélancolique sur lequel la chanteuse expose les questionnements sur son orientation et sur sa capacité à être aimé, que l’on peut se poser quand on est adolescent.e, et tout au long de sa vie. Sur le même style, mélange de piano et de pop rythmée, 22 exprime cette douleur et cette incompréhension lorsque, après une séparation, la personne avec qui on était semble surmonter ça avec facilité et légèreté pendant que l’on souffre soi-même comme jamais auparavant.
Mêlant à sa pop des sonorités plus rock et électro, sur 200 Lovesongs il nous semble reconnaître l’influence de Teardrop par Massive Attack, dans une version accélérée, comme une sorte d’urgence à essayer d’oublier la personne qui nous fait souffrir.
Les apports électroniques que l’on retrouve sur plusieurs des chansons de l’album sont bien représenté sur Oh Please. D’une voix claire, Silly Boy Blue règle ici ses comptes avec cet.te ex qui, feignant d’apporter tout l’amour espéré, se servait d’une relation pour exister seul.e et se valoriser.
En bref
Avec Breakup Songs, Silly Boy Blue nous offre un premier album puissant de mélancolie et de douceur. Cherchant à rendre l’invitation à l’insoumission et à la différence qui lui ont été offerte par Bowie et les autres, la musicienne s’est totalement livrée dans cet album. Le résultat est une pépite indie pop de résilience, de bienveillance et d’amour.
Il m’aura fallu 25 années, un bon paquet de ruptures amoureuses et amicales, des proches, des crushs, des cicatrices, beaucoup d’amour aussi, des ratés et des réussites, des déceptions et pas mal d’espoir pour qu’il existe enfin. Il est à vous, et malgré son nom, je crois que c’est ma plus belle histoire d’amour.
Tracklist
1. Hi It’s Me Again
2. Teenager
3. The Riddle
4. Be The Clown
5. Creepy Girls
6. 200 Lovesongs
7. Goodbye
8. Lantern
9. Oh Please
10. 22
11. Cecilia Part II
12. The Fight – Orchestral Version
Notre sélection : Hi It’s Me Again, Teenager, Lantern, Cecilia Part II, The Fight – Orchestral Version