Yuksek nous a parlé de son dernier album placé sous les signes du plaisir, des collaborations et surtout de la liberté. 3 EPs de remixes sont prévus, le premier proposant 5 remixes de Gorgeous sort aujourd’hui !
Hello ! On va rentrer directement dans le vif du sujet : en quelques mots, comment décrirais-tu Nosso Ritmo, ton dernier album sorti en février ?
En un seul mot je dirais « liberté ». Je me suis senti libre de faire ce disque comme j’avais envie de le faire. Je l’ai fait sur mon label en invitant les gens avec lesquels j’avais vraiment envie de collaborer depuis longtemps, et voilà, donc liberté !
Il y a une diversité de styles musicaux très large ! On retrouve des sonorités à la fois bossa, disco, house, quels ont été tes inspirations ?
Oui c’est assez brésilien finalement. Il y a deux ans, c’était une période où j’écoutais beaucoup de musiques brésiliennes et de morceaux dans le genre. Après, « disco » aussi parce que c’est une culture que j’ai et que je continue à approfondir dans la mesure du possible. Et puis « club » en général un peu dans tous les sens du terme, que ce soit des trucs plus chauds, plus house voir des trucs un peu plus technos ou plus minimaux en tout cas. Enfin ça va un peu dans tous ces trucs-là mais toujours avec un truc très rythmique, très percu, très sud-américain voir aussi un peu africain.
Tu es influencé par ces cultures car tu as été là-bas ou est-ce simplement des musiques que tu aimes écouter ?
Les deux. Je suis allé au Brésil plusieurs fois, au Mexique aussi et puis dans d’autres endroits. C’est clairement une musique qui m’inspire. En tout cas, au-delà d’une musique, une vibration qui m’inspire.
Il y a également beaucoup de featurings ; 12 sur 15 morceaux ! Pourquoi ce choix de faire de nombreuses collaborations avec des artistes qui ont des univers très différents ?
A la base l’idée n’était pas forcément de faire un album. J’ai fait des collaborations avec des gens parce qu’après mon dernier album j’en avais un petit peu marre de faire de la musique pour moi et tout seul. Donc j’ai calé plein de sessions en studio avec des personnes que j’aime bien, des potes, des gens que je connaissais moins… En gros, je voulais juste faire de la musique avec des gens ! C’était plus dans l’idée de… enfin sans idée finalement !
C’était soit de sortir les collaborations en tant que singles, soit que je sois en featuring sur un des morceaux de ces artistes-là. Il n’y avait pas vraiment de but et surtout pas celui de faire un album mais finalement, en cours de réalisation de toutes ces collaborations, j’ai commencé à en sortir, j’ai vu que ça ne marchait pas trop mal et je me suis dit « faisons un album ». J’ai donc rajouté quelques trucs. Ça s’est vraiment construit tout seul, sans pression et sans avoir un vrai poids en se disant « il faut absolument que je fasse de la musique avec un tel ou un morceau dans ce style ». Honnêtement ça s’est fait tout seul quoi. C’est pour ça que je te disais liberté aussi.
Et donc, avec quel artiste rêverais-tu de collaborer ?
Justement, je n’ai jamais trop réfléchi comme ça et ce n’est toujours pas le cas. C’est plus une question de rencontre avec des gens que j’apprécie aussi humainement et que je respecte en tant que musicien. Et puis parfois j’aurais même peut-être peur d’être déçu parce que passer du temps en studio avec quelqu’un c’est un peu particulier. Il y a une vraie promiscuité. Généralement on reste longtemps, on travaille ensemble donc il faut quand même qu’il y ait un truc humain qui se passe sinon ça peut vite être super pesant voir gênant. Et vu que je n’ai pas du tout envie de me prendre la tête de manière générale dans la vie et encore moins en studio, je préfère le faire avec des gens que je connais déjà personnellement avant.
Ok donc c’est vraiment pour le plaisir de faire de la musique !
C’est ça ! Mais après c’est parce que j’ai la chance déjà d’être dans cette histoire depuis quelques années quand même et d’à côté de faire de la production pour des artistes dont certains qui marchent pas mal comme Clara Luciani, de faire des musiques de films, de commencer à en faire plus et du coup de ne plus trop me mettre la pression sur quoi que ce soit finalement. J’ai la chance d’avoir beaucoup de choses différentes à faire qui m’éclatent et même si cet album n’avait pas marché ça n’aurait pas été la fin du monde. J’ai la chance qu’il ait marché donc c’est cool ! En fait aucun de tous les trucs que je fais ne m’est indispensable, c’est un luxe. Donc je peux tout faire en détente… Enfin j’exagère un peu… Je me mets la pression aussi mais globalement j’essaie d’approcher tout ça avec plus de recul et de détente possible.
Le 19 juin sort un 1er EP de remixes consacré à Gorgeous. Comment as-tu réagi quand tu as entendu ces remixes pour la première fois ? En général, comment réagis-tu quand tu reçois des remixes dans ce genre ?
C’est moi qui aie initié le truc : j’ai choisi les gens qui allaient le remixer donc je n’ai pas été vraiment surpris. Et puis encore une fois, les artistes auxquels j’ai proposé de faire des remixes ce sont des personnes que je connais depuis longtemps donc je savais que je ne serai pas déçu. Le premier maxi c’est des remixes de Gorgeous mais en fait il y a trois maxis, deux qui arrivent après sur d’autres morceaux de l’album !
Après, les remixes c’est vrai que c’est compliqué parce que parfois même des gens qu’on connait, qui sont talentueux, envoient des trucs qui ne plaisent pas forcément et ce qui m’est déjà arrivé sur mes albums précédents… Parfois j’étais un peu déçu et du coup c’est un peu compliqué à dire à quelqu’un « en fait désolé je ne trouve ça pas bien ». Là j’ai la chance que ça ne se présente pas sur cet album donc pareil, tranquille, tout se passe bien.
C’est que du bonheur cet album !
Bah voilà écoute, oui c’est bien ! Et puis pareil, c’est assez varié mais ça va dans le même sens. Là le remix de Dombrance sur ce maxi en mon sens va plutôt bien marcher donc c’est cool.
Je ne savais pas du tout que c’était toi qui avais initié ces remixes…
Si ! Etant donné que c’est sur mon label, c’est moi qui m’occupe de tout ça. Enfin pas tout seul mais c’est moi qui suis à la direction artistique on va dire.
Par rapport à cette période compliquée, le confinement, toutes les restrictions qu’il y a encore pour les lives est ce que tu as des futures dates prévues de concerts/ festivals ou pas du tout ?
Oui carrément ! Là on recale tout à partir du 15 septembre, enfin tout… Une grande partie disons. Il y a déjà beaucoup de dates qui sont pour l’instant confirmées. On va voir si ça tient mais normalement la tournée va repartir à partir du 15 septembre. Et, là on est dans un cas de figure où du coup je commence à avoir des demandes pour cet été, mais un peu au dernier moment. Il y a pas mal d’endroits qui se réveillent un peu. Je fais un petit truc à Marseille le 18 juillet sur un bateau. J’y retourne sur une autre date cet été, je vais en Corse… Il y a pleins de gens ces derniers jours qui essaient de remonter les événements un peu plus petits dans des lieux un peu rigolos ! Les trucs un peu intimistes et marrants qui vont avoir lieu cet été je pense que ça va être assez cool. Je pense que les gens en ont vraiment envie et en plus généralement je préfère jouer devant 200-300 personnes super motivées et contentes. On est ensemble et c’est vraiment cool, plutôt que des très grosses capacités où des fois on ne sent pas vraiment trop les gens. On est plus loin donc là je le sens pas mal pour cet été.
Donc t’es plutôt dans un mood positif après tous ces mois compliqués…
Oui j’essaie ! Pourtant ce n’est pas vraiment ma nature mais j’essaie.
Ça été pour toi le confinement ? Parce que ton album est sorti et dans la foulée le confinement a été annoncé.
Le premier mois a été compliqué comme pour tout le monde je pense. Après on était dans un truc quand même où on ne savait rien. On ne savait pas si on n’allait pas tous crever ou rester enfermer chez nous pendant 3 ans quoi donc il y avait une vraie angoisse personnelle en tant qu’être humain. Et évidemment, moi par rapport à mon album me dire « c’est bon je viens de sortir un album, je peux le mettre à la poubelle »… Et puis rapidement sur le côté professionnel, on a eu les premiers chiffres de ventes et de streams de l’album où on était carrément sur des bons chiffres, on a même fait un repressage du disque en vinyle pendant le confinement, ce qui est assez hallucinant ! Et donc je me suis dit de ce côté-là finalement ça ne se passe pas si mal.
A priori ça devrait se finir un jour, les dates vont être reportées et puis personnellement je me suis dit « bon ça va se finir un jour quand même ». Après j’ai été bien occupé, j’ai signé deux grosses musiques de films juste avant le confinement donc c’était l’essentiel de mon travail et puis dans le même temps une résidence sur Nova tous les vendredis soir depuis le début du confinement. C’est la quatorzième demain et ça dure jusque début juillet donc ça c’était cool. Deux heures tous les vendredis soir sur Nova, c’est fun.
Oui c’est pas mal et ça te fait un petit truc régulier toutes les semaines.
Oui c’est ça, c’est pas mal de travail et en même temps ça garde aussi un contact avec les gens et puis j’aime beaucoup Nova donc c’est cool.
Comme tu le disais, ça fait un petit bout de temps que tu es dans le milieu. Quel est ton plus beau souvenir de carrière ?
C’est dur de sortir un seul bon souvenir mais globalement ce qui m’a le plus plu dans tout ça c’est de faire le tour du monde, de voir des pays que je ne connaissais pas. Je ne suis pas forcément un grand fêtard ou un grand clubbeur mais par contre le voyage ça m’excite pas mal donc je suis allé très rapidement au Japon, en Australie. C’était assez dingue ! Je ne pensais pas forcément que la musique m’emmènerait aussi loin géographiquement donc j’étais heureux et je le suis toujours.
C’était dans le cadre professionnel que tu es parti au Japon et en Australie ?
Oui, j’en ai fait pas mal ! C’est vrai que l’Australie je n’y suis pas allé depuis longtemps et le Japon la dernière fois c’était il y a deux ans je crois. L’Australie au début j’y suis allé quasiment tous les ans pendant 5 ou 6 ans, après disons que les pays évoluent, les carrières aussi. Là c’était vraiment au début de la scène électro en Australie où il y avait beaucoup de choses différentes. Les premiers festivals que j’ai fait on était sur les mêmes plateaux avec Diplo et Metro Area parce que c’était le début donc les gens découvraient ça. Nous en tant qu’artistes on avait tous envie d’y aller, même les gros, il y avait un truc un peu comme ça et puis vite ça s’est structuré comme dans tous les pays donc malheureusement ces dernières années c’est un peu plus compliqué.
Pour finir, qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ?
Ecoute… Rien de spécial à part que je continue à prendre du plaisir dans ce que je fais. Je crois que c’est l’essentiel pour tout le monde !