Rédacteur en chef, Fondateur
Lors de la première édition du Biarritz en été, nous avons eu l’immense plaisir de rencontrer Flore et Charles de L’Impératrice. On vous raconte.
Arrivée à la Cité de l’Océan aux alentours de 16h, on se dirige au rythme des balances de Juliette Armanet vers la Villa Schweppes à la rencontre du groupe le plus prometteur de la nouvelle scène musicale française : L’Impératrice. Et malgré un temps bien capricieux, on aura la chance de discuter durant un peu plus de vingt minutes avec les sympathiques Flore et Charles.
Salut vous deux. On va commencer par le début. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et toi Flore, comment es-tu parvenue à t’intégrer dans ce groupe d’hommes ?
Charles : Tu veux pas qu’on inverse ? Je réponds pour toi et tu réponds pour moi ? Je m’appelle Flore et toi Charles ?
Flore : Ok. Donc moi c’est Charles, j’ai créé le groupe en 2012 et au début je composais mes morceaux tout seul dans mon appart.
Charles : T’étais pas journaliste au départ ?
Flore : (en riant) : C’est mon histoire, ok ? Donc oui j’étais journaliste au départ et je me suis mis à faire de la musique parce que je voulais voir l’envers du décors. De plus, c’est bien beau d’écrire sur la musique mais il faut aussi savoir comment ça se passe vraiment. Du coup, j’ai écris le premier EP éponyme de L’Impératrice et un problème est survenu quand il a fallu jouer cette musique : « Est-ce que je joue en live, avec un ordinateur, en mode DJ avec ses machines, tout seul ou je m’accompagne d’un vrai groupe et je fais de la musique vraiment live ? ». Et là, tout de suite, je me suis dit que l’intérêt de cette musique c’est ce groove qui va faire danser les gens. Il fallait une énergie organique qu’on peut trouver, je pense, qu’en live. A ce moment là, j’ai rencontré les musiciens, tout d’abord Hagni – le claviériste du groupe – par hasard à Belleville après une soirée très arrosée. (rires) J’ai proposé à Hagni qui est violoniste à l’origine de jouer du violon sur le premier EP et en fait, il s’est avéré qu’il savait également jouer du synthé et qu’il préférait jouer de cet instrument pour ce que je lui proposais. Ça a commencé comme ça. Il connaissait déjà très bien les trois autres qui sont aussi de très bons amis d’école et de très bons musiciens. Tom, le batteur, m’a présenté David, le bassiste qui après m’a présente Achille, le guitariste. Et paf, ça a fait L’Impératrice ! Du moins la première monture. On a tourné comme ça pendant trois ans.
Charles : Du coup moi c’est Flore Benguigui, 26 ans depuis quelques jours. A l’époque je chantais pour plusieurs autres groupes et j’avais un quartet de jazz. J’étais au conservatoire du 9° rue poissonnière.
Flore : Rue Rochechouart.
Charles : Tu sais mieux où j’ai fait mes études ? Donc j’ai rencontré Charles à la sortie d’un concert, je suis allée vers lui parce que j’aimais beaucoup ce qu’il faisait avec L’Impératrice. Et puis, il m’a proposé, ayant entendu ma voix sur deux morceaux, de passer des essais. Je suis venu chez lui écouter des démos de l’EP Odyssée et j’ai fait mes premiers essais sur le morceau Parfum Thérémine, il a trouvé ça super. Il en a parlé à tout le monde et il y a eu ce moment marrant où ils jouaient en concert, il m’a présenté comme la nouvelle chanteuse du groupe et ça a été un peu officiel à partir de ce moment là. Et depuis l’aventure est grande !
Comment décririez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas ?
Charles : C’est compliqué parce qu’on n’aime pas trop les cases à la base. Il y a un truc de réducteur parfois quand on étiquette la musique. Mais la décrire c’est autre chose. On est un groupe qui vient d’univers très différents : du jazz, du rock, classique, le baroque. Et moi j’écoutais énormément de musiques urbaines plus jeune, beaucoup de hip hop dans les années 90-2000. J’aimais beaucoup la musique à samples et un jour, très spontanément je me suis tourné vers les originaux, j’ai cherché des samples et je me suis mis à écouter du disco avec toujours cette notion de groove en fil conducteur. On est très inspirés par ça mais aussi par la musique de films. On est des grands amoureux de cinéma, de compositeurs comme Ennio Morricone, Michel Legrand, Vladimir Cosma… L’Impératrice c’est un peu un condensé de tout ça, de ce qu’on aime avec notre touche pleine de candeur, de fraîcheur et d’originalité. De plus en plus, on apporte du détachement dans notre musique. On a vraiment ce visage hédoniste dans nos morceaux, qu’on essaie de montrer au maximum parce qu’on n’est pas un groupe engagé, on ne fait pas de la musique révolutionnaire, on n’a jamais prétendu ça mais on fait ça de manière fun en essayant de faire plaisir tout en gardant ce côté très pop qui nous vient soit des Beatles ou des Daft Punk, de tous ces gens qui ont réussi à faire de la musique très pointue tout en étant fédératrice. On est un groupe un peu de cosmique disco pop.
Comment faites-vous pour que chaque personnalité existe à travers votre musique ?
Charles : Jusqu’à maintenant c’est hyper spontané. Ça fonctionne vraiment bien. Il y a aussi ce truc où au fur et à mesure, chacun s’est mis à composer ou proposer des idées. On a des univers musicaux bien différents et il est super importants pour nous que chacun s’exprime. Pour ce qui est de la façon dont on compose, c’est souvent Flore qui nous offre une mélodie sans paroles, seulement avec des sons de voix et on s’y met un peu tous autour pour broder quelque chose qui groove bien. Mais c’est vrai que c’est souvent moi qui met le point final aux chansons qu’on compose.
Qu’est-ce qui selon vous fait la force de votre groupe?
Ensemble : La scène ! Je pense que L’Impératrice existe pour le live. C’est ce groove qu’on retrouve dans nos chansons qu’on a envie de faire vibrer sur scène. On a vraiment créé L’Impératrice pour jouer en live et partager avec notre public.
Votre récent et premier album a affolé la critique. Mais avant cela, vous aviez sortis de nombreux EPs Pourquoi avoir attendu autant de temps ? Et quelle format préférez-vous ?
On n’avait pas envie de faire un album pour faire un album. Il s’est avéré qu’au fil du temps plusieurs titres s’assemblaient bien et qu’on nous a offert l’occasion d’en produire un. Après, il est vrai qu’avoir un album à présenter au public aide énormément pour se faire connaître. Et ça fait toujours plaisir à ceux qui nous suivent d’avoir plein de chansons d’un coup. Cela nous a permis de faire plus de promotion, d’interviews, etc. On a eu également l’occasion de jouer aux Etats-Unis et ça c’est pas rien. On ne pensait pas qu’à des centaines de kilomètres de chez nous on parviendrait à faire venir du public.
De plus, faire un album requiert beaucoup d’argent, chose qu’on ne pouvait se permettre avant. C’est un réel investissement. Nos précédents EPs on les avait produit par nos propres moyens, sans label. Un EP tourne plus avec la façon de consommer actuellement.
Tout au long de votre carrière, vous avez sortis de nombreux remix. Qu’appréciez-vous dans cet exercice ?
La plupart du temps, on s’est mis à faire des remix car on nous le proposait. Mais à travers cela, on voyait la création de « ponts » entre nous et des artistes qu’on apprécie grandement. Même si certains remix sont dealés entre les labels afin de promouvoir tel ou tel artiste, on se verrait mal de proposer un remix d’un artiste qui nous intéresse pas. Le but premier pour nous est vraiment de permettre au public d’avoir une sorte de passerelle entre deux univers qui se mélangent bien.
Vous donnez l’impression de porter grandement attention à l’esthétique de L’Impératrice. En quoi cela vous est-il important ?
L’esthétique est propre à L’Impératrice. C’est un tout : on a notre musique mais aussi un esprit qu’on retranscrit dans les différents visuels. C’est complémentaire. Aujourd’hui, le lien entre la musique et la vidéo par exemple est primordial car on ne consomme pas la musique comme avant, on la regarde aussi. Et en temps que passionnés de cinéma, on adore créer un univers visuel léché qui retranscrit au mieux nos différentes inspirations.
Quelle différence ressentez-vous entre un concert et un festival ?
La grande différence entre un concert et un festival est que dans ce dernier, il faut réussir à convaincre un public qui n’est pas forcément acquis à notre cause. C’est plus compliqué mais en même temps c’est un défi plutôt agréable quand on voit que le public est réceptif et danse avec nous.
Quels sont les titres à avoir dans sa playlist ?
Oula. Y’en a plein ! Que ce soit des grands classiques incontournables que tout le monde a chez soi comme Air, les Beatles, certaines du premier album de Daft Punk ou encore plus récemment Jorja Smith avec Blue Light ou même Kali Uchis en feat avec Tyler The Creator sur le groovy After The Storm. On adore aussi Lomepal qui jouera dimanche, on a eu la chance de bosser ensemble.