Il est beau de rêver. Romane en réalise aujourd’hui un : sortir un album ! Ways Of Dreaming, 11 titres symboles de la détermination et de l’espoir d’une jeune fille timide devenue une adulte confiante et sûre de ses choix. Une soul-pop puissante et éloquente, à découvrir sans modération.
Ça y est, ton premier album Ways Of Dreaming vient de sortir. C’est le titre du projet et aussi le premier morceau, sur le rêve, la détermination, l’espoir. Des thèmes que tu avais envie de défendre avec ce premier LP ?
Totalement ! Et tu vois la finalité de cet album c’est un peu de remercier tout ce qui s’est passé ces deux dernières années. Le premier EP et son accueil : c’est une belle manière pour moi d’exprimer cette reconnaissance. Aller au bout de ses rêves et croire aux prochains. C’était important que l’album porte ce titre.
On retrouve 11 titres sur cet album, certains que l’on connaissait déjà avec l’EP I Know. Comment s’est faite la traklist de l’album ? Vous avez enregistré beaucoup de chansons ?
Effectivement, il y a trois sons qu’on a pu découvrir en amont. Après la sortie de l’EP, j’ai continué à aller en studio, au début on ne savait pas si on allait faire un deuxième EP, un single ou un album. En fait, en studio avec Dan Black, on avait déjà composé You Broke My Heart et The Stars. Je l’ai chantée en live mais elle n’est pas encore sortie. Ils étaient presque prêts ! Petit à petit on s’est dit qu’on allait inclure Loris de Global Network, avec qui j’ai bossé sur Ways Of Dreaming, sur un projet assez complet.
J’ai compris que les sujets que j’abordais étaient ultra personnels et qu’ils racontaient mon histoire. On a rapidement su qu’on allait faire un album puisque c’était le bon moment de le faire, qu’on avait tous les outils en main et que c’était déjà lancé. Ce n’était pas hyper calculé mais dès qu’on s’est dit qu’on partait sur un album, je pense qu’il n’y avait plus ce truc de « contrôle ».
Dans The Stars, tu dis « someday I feel lonely / I feel lost in my room« . Tu étais une ado timide, réservée ; est-ce que tous ces textes représentent tout ce que tu aurais voulu te dire plus jeune ?
Carrément ! La période de l’adolescence, on est tous passé par là et ce n’est pas forcément une période facile pour moi. J’étais très solitaire et j’avais du mal avec le regard des autres.
La musique m’a aidée à me recentrer et à vider mon sac dans ma chambre quand ça n’allait pas. C’est vrai que dans cet album il y a des phrases qui auraient pu m’aider à l’époque. Du coup, aujourd’hui de pouvoir le dire et l’affirmer c’est une manière de me dire que malgré toutes ces épreuves, je l’ai fait !
Maintenant je me sens mieux ; c’était peut-être un passage obligé pour pouvoir te dire tout ça aujourd’hui.
Un super clip pour Self Love est sorti ! Ça rejoint un peu tout ce que tu viens de dire, mais concrètement le « self love » pour toi, c’est quoi ?
C’est un peu une mentalité. C’est un exercice dans lequel on se dit qu’on s’aime pleinement et qu’on s’accepte. C’est juste la base de toute expérience de vie que ce soit sentimentale, amicale ou professionnelle. C’est la base pour pouvoir exister sereinement, s’épanouir et se développer.
Le “self love” pour moi c’est s’accepter et se poser des limites à soi-même et aux autres. Le déclencheur peut être une relation amoureuse toxique, amicale, etc.
Ce « self love », je trouve que ça se ressent dans morceaux comme (I Don’t Feel) Too Young ou Home. Il y a une certaine forme de rage, d’envie forte d’émancipation. D’où ça te vient ?
C’est vrai que j’ai eu un long parcours. Dans le sens où j’ai toujours voulu faire de la musique et en fait, quand j’étais ado, j’étais hyper naïve. Je me disais que je devais appeler des grosses boîtes, j’appelais et je disais : “Bonjour, je m’appelle Romane, j’ai 14 ans et je chante”. Sauf qu’évidemment ça ne se passe pas comme ça, c’est un milieu hyper fermé, autant en France qu’à l’étranger.
Même une fois que tu y es, rien n’est gagné. Il faut toujours aller au-delà de ses limites. Moi ça m’a donné cette envie d’aller de l’avant et de me battre quoi qu’il en coûte. J’ai eu des retours dans mon parcours, de gens à qui j’envoyais des maquettes, qui voyaient un potentiel, un potentiel que j’ai développé pour en arriver là et il faut encore que je travaille pour aller plus loin. C’est aussi mon caractère et mon expérience de vie qui font que j’ai ce tempérament là : ne pas lâcher, aller au bout des choses et ne pas me laisser faire. Dans la musique ça m’aide et c’est une valeur que je défends.
Dan Black a travaillé sur l’ensemble des morceaux. Comment s’est passé la collaboration, surtout que tu nous dit que tu es quelqu’un de solitaire ?
Dan je le connais depuis fin 2019 donc ça fait un petit moment maintenant. Au début, en studio, c’était un peu particulier de faire de la musique avec quelqu’un et puis au fil du temps et des chansons il y a ce truc de confiance qui s’installe et j’ai pu lui parler de toute ma vie. On a papoté et puis on a décidé de quel sujet allaient parler les chansons.
C’est avec le temps que la confiance s’est installée et qu’on a créé une vraie amitié. Je suis solitaire mais je peux faire pleinement confiance.
On retrouve aussi James BKS ou le duo Global Newtwork. Est-ce que maintenant c’est plus facile pour toi de travailler en équipe et d’avoir ainsi un retour direct sur tes créations ?
Avec l’expérience, je pense que j’aime désormais avoir ce truc de partage autour de la musique, qu’on soit plusieurs en studio et que chacun donne son avis sur ce qui marche, ou pas. Ça a un impact positif sur ma créativité et ça m’aide à prendre des chemins que je n’aurais pas empruntés à la base.
Je pense au titre Home avec James BKS notamment. Il a emmené cette sonorité afro à laquelle je n’aurais pas pensé sur ce track-là. A partir du moment où ce sont des personnes de confiance et qui ont vraiment cerné la personne que tu es, ça ne peut être que bénéfique et ça permet d’ouvrir les frontières de ton esprit.
En regardant le clip de Stop, j’ai appris que tu avais fait du hip-hop plus jeune. Est-ce que c’est un discipline que tu as envie de développer ?
C’est vrai que j’ai fait du hip-hop étant petite (rires). Je ne sais pas où tu as eu cette info. J’ai toujours aimé la danse ; tu vois je regardais, et parfois encore, des films américains de danse comme Step Up. C’est un art qui me fascine ! C’est dingue ce que les danseurs sont capables de faire avec leur corps. Même la danse classique me fascine. J’ai une de mes meilleures copines qui en faisait.
Peu importe le style de danse, je trouve ça hyper beau. Après je ne sais pas si personnellement j’ai envie de développer cet aspect là mais en tout cas je trouve ça cool d’avoir des petits pas de danse dans mes clips même si je ne suis pas sûre qu’il y ait un jour une vraie chorégraphie. Je ne peux rien promettre.
La danse c’est un autre moyen d’exprimer la musique. Dans le clip de Self Love on a fait venir deux danseurs contemporains, il n’y pas de chorégraphie, c’est juste de l’impro et ce qui en ressort c’est comment eux ils ont perçu la musique et comment ils l’ont transformée grâce à leur art. Je trouve ça aussi beau que le chant.
Tu parles beaucoup de love dans ce projet. Pas forcément en bien… C’est quoi pour toi la chanson parfaite pour les coeurs brisés ?
Ça dépend dans quel mood je suis. Si je suis dans un mood de rupture vraiment triste et que je suis passée à autre. je partirais sur Mariah Carey, We Belong Together. Et quand je passe dans un mood plus “méchante” et move on c’est Pocketful of Sunshine qui est dans le film avec Emma Stone. C’est un titre qui fait que, peu importe ce qu’il t’arrive, tu vas mieux. Un bon moment de dire “ok j’suis le soleil et puis tchao”.
C’est quoi le rapport à l’amour dans cet album ?
Il a beaucoup évolué, contrairement au précédent EP. Il y a un truc plus positif, moins toxique. Une chanson comme Weakness, ce n’est pas forcément un titre triste. Ca veut juste dire “moi je suis prête à de donner ca, toi pas forcément, on verra demain”.
Le clip Home met en avant ta première tournée des festivals. Raconte-nous comment ça s’est passé ?
Première expérience de festivals, de concerts, de contact avec le public. C’était hyper cool, que du positif !
Est-ce que tu as une anecdote ? Je t’ai vu aux Francofolies de La Rochelle pendant l’inter-scène [ndlr : entre chaque tête d’affiche, des jeunes talents du « chantier des Francos » chantent 2-3 chansons]. Comment s’est passé ce moment ? Dans quel état d’esprit étais-tu ? Tu es passée entre Sopico et Lujipeka en plus, deux artistes à l’opposé de ton univers.
Quelques heures avant ça n’allait pas du tout. On était à table avec mon claviériste et mon ingé son, on n’avait plus d’appétit tellement on était stressé de monter sur scène quelques heures après.
Il y a ce truc complètement fou avant de monter : tu ne réalises pas du tout ce que tu vas faire mais finalement après tu ne réalises pas non plus (rires). C’est un sentiment hyper bizarre et je suis super contente de l’avoir fait. Je ne sais même pas expliquer ce que j’ai ressenti puisque ça s’est passé en un claquement de doigts. Le public de La Rochelle m’a super bien accueillie en plus.
Justement il y a plusieurs concerts de prévus dont une Boule Noire à Paris le 15 dévier 2023. D’autres scènes qui arrivent ?
Oui, on est en train de travailler sur une tournée pour le début de l’année prochaine. J’ai de hâte repartir sur les routes.