Ancienne membre de Part-Time Friends, Poppy Fusée vient de dévoiler La Lune, premier EP de douce pop/folk remplie d’onirisme et authenticité, clairement idéal pour la saison.
Quelques temps après la fin de Part-Times Friends, tu es partie en Normandie. Comment s’est faite la transition avec ta nouvelle vie ?
Cette nouvelle vie, je la voulais depuis très très longtemps. J’avoue qu’un peu comme tout le monde, le confinement a un peu accéléré les choses. Me retrouver cloisonnée dans mon appartement m’a un peu secouée.
La fin du groupe est arrivée et c’était le bon timing. Je ne me serai pas autorisée à partir si le groupe n’était pas fini, parce que Florent était toujours à Paris et on était dans une dynamique de groupe.
Pour être tout à fait honnête, je pensais vraiment arrêter la musique. Avant le groupe je ne faisais pas de musique ; je me suis mis à la musique avec ce groupe. Pour moi la fin de ce duo c’était la fin de la musique. Je me suis installée en Normandie et, quelques mois plus tard, ça m’a rattrapé. Cette envie surtout de sortir un morceau que j’avais retrouvé dans mes mails : Pesanteur.
Et du coup l’idée de Poppy Fusée est née avec l’idée de sortir ce morceau avant tout. Je n’envisageais même pas de suite ! J’avais simplement envie qu’il existe parce que ce titre était très important pour moi.
Pourquoi Poppy Fusée comme nom de scène ?
Je m’appelle Pauline dans la vie et Poppy c’est le nom que mes ami.e.s me donnent. Et Fusée je me disais que ça allait bien avec Pesanteur parce que, comme je te l’ai dit, je ne voyais pas vraiment plus loin. Ainsi, je suis allée voir mon ancien label en leur expliquant que j’adorais ce morceau, qu’à l’époque il m’avait fait trop du bien et que j’avais très envie qu’il existe.
Je vois un peu les choses jour après jour avec ce projet.
Pesanteur est un titre en anglais, comme les morceaux de Part-Times Friends. Ce nouvel EP est composé majoritairement en français. Comment décides-tu dans quelle langue tu vas écrire ?
C’est venu hyper naturellement. J’avoue que depuis la fin de Part-Times Friends j’ai beaucoup de mal à écrire en anglais. Ça me vient moins naturellement qu’avant. Pour cet EP je ne me suis rien interdit. Je suis allée en studio et tout est venu comme ça. J’espère que l’anglais reviendra parce que chanter en anglais ça me met dans un état totalement différent.
L’EP s’appelle La Lune, symbole de nuit, de rêverie. C’est dans ces moments-là que tu écris ?
Pas vraiment. C’est assez compliqué de comprendre comment je travaille. Je suis une grande feignante (rires). Je suis vraiment incapable de me dire quand je suis sur mon canapé par exemple : « tiens là je vais écrire une chanson ». Il me faut un cadre. À chaque fois je bloque un studio et je me dis : « ok j’ai 4 jours il faut que j’écrive des chansons ». Cet EP a été écrit en 5 jours en studio, avec juste quelques petites notes écrites sur mon téléphone avant.
Tu parles d’écologie dans cet EP en disant notamment sur La Lune : « J’aurais du faire des études // Pour porter le costume d’un autre // Je veux move in sur la lune // Mais je suis pas milliardaire ». Comment t’es venue cette envie d’aborder de ce thème ?
Alors c’est marrant puisque cette phrase m’est venue lors d’une balade en forêt. En fait, je suis révoltée par la conquête spatiale, que les milliardaires mettent tout leur argent pour développer des moyens pour aller vivre sur Mars. Ça envoie vraiment le message qu’on a baissé les bras pour sauver la planète. Et ça me serre le coeur à chaque fois. Donc on a tous ce fantasme d’aller sur la Lune, mais en fait « non », il y a des priorités avant de s’occuper de ça.
Parlons de l’incroyable titre Titanic, ma chanson préférée de l’EP. Il y a vraiment tout dans ce morceau avec au final, très peu de mots. Tu parles autant de tes souvenirs – joyeux et tristes avec ta famille – tout en gravant ce film Titanic dans nos mémoires. Un film avec lequel on a tous et toutes des souvenirs, autant à 50 ans, qu’à 20. Qu’est-ce que représente ce film pour toi ?
Merci beaucoup ! Quand j’étais ado j’avais un poster géant de Titanic ! Et en fait j’ai voulu écrire ce morceau pour raconter des petites scénettes de mon adolescence. Il a vu mes chagrins, des choses géniales, d’autres moins. J’étais obsédée par ce film quand il est sorti. Je devais avoir 10-11 ans, et après je l’ai eu en cassette. C’est vraiment l’emblème de mon adolescence. J’avais même un classeur Leonardo DiCaprio (rires).
On entend même le magnétoscope dans le titre…
Exactement. Et la fin, j’ai retrouvé des vidéos de moi et mon amoureux de l’époque. C’est ça qu’on entend.
Tu parles de « carnet de ton enfance ». Quel genre d’enfant tu étais ?
C’est très drôle que tu parles de carnet parce que je viens de faire le lien avec Titanic. En gros depuis que je sais écrit, j’écris dans des carnets. Après mon bac, je suis partie vivre à Aix-En-Provence et j’ai laissé ces carnets dans la cave de mon père. Il y a eu un dégât des eaux, ils ont donc pris l’eau…
Et depuis ce jour je n’écris plus dans les carnets. Après ça mon rapport aux objets a changé : je n’ai plus autant d’attaches qu’auparavant. J’écris tout sur mon téléphone, comme ça je suis sur que ça va rester. C’est très drôle cette symbolique entre les carnets et Titanic que je n’avais pas fait avant (rires), ils ont pris l’eau comme le Titanic.
Comme enfant, je séchais beaucoup les cours, je falsifiais mes bulletins… J’étais une rebelle très drama, une grande rêveuse et amoureuse.
Tu écoutais quoi à cette période ?
J’ai eu deux éducations musicales puisque mes parents se sont séparés quand j’avais 6 ans. Avec ma mère c’était Larusso, L5, Spice Girls, Britney Spears… Tout ce qui était interdit chez mon père finalement. Il y avait David Bowie, Lou Reed, Red Hot. C’est cool parce que j’ai eu une culture musicale 360.
Dans Paranormal, tu parles de Flavien Berger à deux reprises. En écoutant le titre je me suis dis que tu devais avoir un crush (rires)
Pas vraiment mais presque. En fait, Flavien Berger c’est ma vie. Ses albums laissent une trace dans ton âme quand tu les écoutes. Et au tout début de ma relation avec mon copain, sa chanson Pamplemousse raconte exactement ce qu’on faisait, à savoir être assis en position Tetris, qui n’est pas du tout une position sexuelle (rires), en écoutant Flavien Berger pendant des heures. J’avais envie de le raconter simplement avec les vrais mots. C’est une chanson d’amour super niaise entre mon mec et moi.
Tu finis l’EP avec ces mots : « Il y a quoi après ? ». Tu disais au début de l’interview vivre jour après jour avec ce projet, as-tu tout de même des choses de prévues dans les prochaines semaines ?
Je pense partir en tournée en 2023. Sinon, je suis contente car je suis en train de parvenir à trouver un équilibre entre vivre à la campagne et vivre de ma musique. J’ai besoin de cet équilibre, c’est trop important pour moi et j’ai envie de donner une vraie chance à cet EP.