Jeune artiste québécois, Fredz est venue pour la première fois en France à la rencontre de son label pour la sortie de son album Astronaute.
Hello Fredz ! Merci de nous accorder cette interview. Raconte-nous ta venue en France et la rencontre avec ton label ?
C’est cool parce qu’à la maison (ndlr au Québec) je suis plusieurs personnes : je suis étudiant, je fais de la musique, je travaille alors qu’ici je suis Fredz – je fais que de la musique. J’ai l’impression de la faire vivre et c’est fou, je rencontre des vrais personnes qui écoutent ma musique. Je mets aussi des visages sur des gens qui travaillent depuis plus de deux ans avec moi !
Justement, comment arrives- tu à gérer ces différentes casquettes ?
Je vais continuer mes études car pour moi c’est important mais c’est une autre réalité. Les opportunités que j’ai en France me remettent en question; en ce moment j’ai pas la tête à gérer l’école mais pourtant je dois le faire. Je ne m’attendais pas à tant d’engouement sur ma musique en venant ici !
On est à une semaine de la sortie de l’album, comment te sens-tu ?
Je ne me suis pas encore projeté mais si j’y pense je me sens excité. J’ai hâte parce que c’est officiel ! Tu fais un projet pendant tellement longtemps et tu ne rentres pas forcément dans le concret mais là on y arrive, les gens pourront écouter mes chansons dans une semaine ! Je ne suis pas trop stressé, je n’ai aucune attente car j’ai déjà dépassé mes espérances personnelles sur ce projet en termes de succès et artistiquement. I’m good !
Ton album s’appelle Astronaute, j’ai lu que ça vient de cette impression de vivre sur une autre planète. Peux-tu nous expliquer ?
Au Québec on était confinés et plus longtemps qu’ici. J’étais chez moi et j’ai fait cet album. Je me suis rendu compte qu’être dans sa maison ce n’est pas nécessairement se sentir chez soi. Je ne prenais pas mon bus comme tous les matins, je ne voyais pas mes amis – j’étais à la maison mais je me sentais ailleurs, dans l’espace. C’est pour ça que j’ai pris cette métaphore parce que j’ai créé l’album dans une genre de bulle. Je suis content d’en être sortie, ça a créé un bon album mais je ne veux plus y retourner c’est pour ça que je me sentais comme un astronaute.
Je me suis rendu compte qu’être dans sa maison ce n’est pas nécessairement se sentir chez soi.
Tu parles de tes angoisses, tu as peur de l’échec comme dans le titre Si ça ne marche pas, est-ce que dans cette période compliqué écrire des chansons t’a permis d’évacuer tes angoisses ?
Complètement, ça m’a permis d’extérioriser mes craintes. Dans le milieu artistique, la réussite ce n’est pas quelque chose que tu choisis c’est plutôt le métier qui va te choisir. Tu fais de la musique, tu travailles des heures et des heures mais tu ne sais jamais si ça va marcher. Ce n’est pas le temps de travail qui le détermine. Quand tu es dans un bureau tu travailles huit heures et tu as un salaire fixe. De mon côté, je peux travailler trente heures et gagner vingt dollars en streams puis travailler une heure, faire un show et être payé dix mille dollars – c’est tellement aléatoire c’est clair que la crainte de l’échec est toujours là.
Aujourd’hui, la jeunesse est très angoissée par le monde qui l’entoure, penses-tu que par ta musique tu peux aider des jeunes ?
Oui je pense, ce qui peut aider c’est mon côté humain qui est reflété dans mes chansons. Comme tu le dis, on est une génération extrêmement anxieuse et sous pression probablement à cause de la rapidité des choses. On se pose plus de questions mais à un moment donné il faut ralentir et revenir à l’essentiel. Dans ma musique c’est ce que j’essaie de faire et je suis content si ça peut aider du monde.
Tu as d’autres titres plus optimistes comme J’ai pas fini, peux-tu nous expliquer cette ambivalence ?
Je trouve ça dommage d’arriver avec un premier album et de juste se plaindre; surtout que dans la vie je suis assez optimiste. Dans J’ai pas fini je voulais terminer sur une bonne touche. Oui, il est possible que ça ne marche pas mais je me dis ne t’inquiète pas, on continue et on reste fort !
Tu as fait tout ton album dans ta chambre, c’était une vrai volonté de le faire ou était-ce que parce que tu étais enfermé ?
J’avais cette volonté, mon label aurait pu me payer des sessions en studio mais je ne voulais pas. Lorsque j’ai le minimum, ma personnalité ressort, je veux enlever les fioritures et rester simple. Être dans sa chambre permet de parler des choses du quotidien comme “je suis chez moi, je suis déprimé, ma copine me répond plus” – ça arrive et ça parle à n’importe qui.
Qu’est ce qui t’influence et t’inspire ?
J’aime beaucoup Karim Ouellet, un artiste québécois très talentueux qui fait de la chanson un peu comme Stromae : la musique est joyeuse mais les paroles sont tristes – ça m’a beaucoup inspiré et Stromae aussi; ils m’ont apporté la subtilité de l’écriture. J’ai découvert très récemment Orelsan, j’ai adoré Civilisations qui est ambitieux par ses propos. J’écoute aussi les Casseurs Flowters c’est exactement ce que j’essaie de faire dans mes chansons, c’est deux garçons qui parlent de choses auxquelles tout le monde pourrait s’identifier.
J’aimerais revenir sur ton titre “A ce qu’il paraît” qui est une belle réussite. Comment l’as-tu vécu ?
J’étais dans une période difficile de ma vie personnelle puis est arrivé A ce qu’il paraît et ça m’a fait perdre un peu le fil. Je n’étais pas prêt. Ce n’est pas un succès qui a changé ma vie mais ça a changé d’autres choses, ça a été mon premier espoir. Tu fais 100 000 vues pendant des années et là tu sors un titre et tu en as 4 millions. Ce n’est pas gros mais quand tu es québécois et que nos plus gros artistes ont 70 000 auditeurs mensuels sur Spotify et que tu arrives en deux jours à 250 000 – tu ne comprends pas et tu peux avoir des proches qui changent avec toi. C’est un petit succès et je le dis humblement. J’étais sur un plateau depuis un an et demi et il y a eu ça donc négatif au début puis positif avec du recul.
Tu as une communauté sur Tik Tok qui est très active, comment vois-tu ton lien avec elle ?
Je suis content parce que j’ai un lien assez fort avec ma communauté, je suis très authentique et j’essaie de le laisser paraître. Je ne veux pas avoir une image “corpo”, c’est moi qui fais mes stories et qui filme dans ma chambre. Tu n’as pas plus moi que mes réseaux sociaux, ça paraît et ça crée du lien; je reçois beaucoup d’amour de la part de ma communauté. Aujourd’hui la beauté n’est plus dans la fausse perfection et les gens commencent à le reconnaître – la beauté est dans la réalité.
La beauté est dans la réalité.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Sortir l’album, faire des concerts et travailler sur des collaborations !
Tu as des collaborations rêvées ?
Totalement, j’ai rien de fait encore mais ma première collaboration avec Kemmler m’a ouvert à l’idée d’en faire. J’aimerais viser des artistes comme Nekfeu mais la vie n’est pas faite ainsi donc plutôt avec des artistes en développement.
Tu as un mot pour conclure ?
Allez streamer l’album !!