De passage en France, l’artiste de 24 ans a répondu à nos questions en prévision de la sortie de son deuxième EP dans les semaines à venir.
Salut Claire, comment vas-tu ?
Très bien, merci beaucoup !
Tu es franco-algérienne-coréenne, quel est ton rapport avec la France ?
Pour moi, la France ça me rappelle beaucoup les vacances ! J’ai grandi à Los Angeles, mais ma famille française habite à Ivry-Sur-Seine donc quand j’étais plus jeune je passais Noël et l’été avec eux, ici en France.
Tu habites toujours à Los Angeles ?
Oui je suis toujours à Los Angeles. J’ai fait une année au collège en France, la 4ème ou la 5ème, je ne m’en souviens plus… Mais je suis repartie après aux Etats-Unis.
Et vis-à-vis de la Corée, quel est ton rapport ?
Je pense qu’à Los Angeles, et je m’en suis rendu compte en grandissant, la culture asiatique a été moins acceptée que la culture française. En grandissant là-bas, ma mère préférait que je m’insère davantage dans la culture américaine et française. Elle ne m’a jamais appris le Coréen, ce qui aurait pu être cool, notamment avec tout ce qui se passe dans l’industrie musicale coréenne comme la K-Pop. Mais peut-être un jour !?
Comment t’es-tu intéressée à la musique ?
Mes deux parents travaillaient dans un studio d’enregistrement « post-production ». Il y avait beaucoup d’enregistrements, d’orchestres. Quand j’étais petite je traînais souvent là-bas et j’ai très vite compris qu’on pouvait travailler dans la musique. C’était super cool !
En plus de ça, mon père fait du saxophone, de la flute et compose des morceaux. Ma mère joue du piano et de la harpe. En soi, j’ai toujours baigné dans la musique.
Le chant et l’écriture arrivent à cette période ?
Non, c’est venue plus tard, vers 12-13 ans. Vers 8 ans, j’ai pris des cours de harpe, piano et violon mais j’ai détesté. Du coup, j’ai trouvé la guitare, un instrument bien plus facile pour m’accompagner au chant que la harpe. Apprendre la guitare m’a beaucoup aidé pour composer et écrire des chansons.
Pourquoi tu as choisi de prendre un nom de scène ?
En fait au départ, spill tab c’est un duo entre David Marinelli et moi. On travaillait ensemble sur tout et on voulait un nom qui nous correspondait. Depuis spill tab c’est mon projet solo mais David est aujourd’hui mon bras droit et ça marche très bien comme ça.
Et comment vous travaillez aujourd’hui tous les deux ?
Je suis « very control spirit ». Si ce n’est pas moi qui écrit les paroles, je ne me sens pas attachée à la chanson même si David est un écrivain incroyable et qu’il a d’ailleurs son propre projet. On travaille ensemble sur la production. Je suis super intéressée par cette phase de création : c’est un monde entier qu’on peut découvrir et qui prend des années à tout capter. Il y aura toujours des trucs à apprendre.
Parfois, je commence des prods, d’autres fois c’est lui. C’est un vrai travail d’équipe.
Tu as sorti des titres en français (Calvaire, Santé) et d’autres en anglais (Cotton Candy, Name) ? C’est important pour toi de montrer ces deux facettes ?
C’est surtout que les sonorités sont plus belles en français. Ça rend mieux dans le cadre de morceaux « club chill » mais je suis plus à l’aise en anglais pour écrire des chansons plus personnelles et intimes.
Quel·le·s artistes as-tu écouté.e.s plus jeune ?
J’ai grandi au collège dans une phase un peu punk avec entre autres Paramore, Escape the Fate. Et au lycée c’était plus Young the Giant avec des rythmes et des mélodies hyper intéressantes. En ce moment j’adore Moses Sumney, Charlotte Day Wilson et Bon Iver.
Tes chansons durent généralement moins de 2 minutes. Pour quelles raisons ?
En fait quand j’écoute de la musique en voiture, je passe le morceau au bout du deuxième couplet. Je voulais écrire des chansons que je puisse moi-même écouter jusqu’à la fin. De plus, je pense avoir réalisé qu’au lieu de créer une chanson sur l’ « horizontale » et que ce soit plus long, je préférais davantage créer sur la « verticale » en ajoutant des éléments directement.
Oui, car il y a pas d’intros dans tes titres…
Exactement, je veux qu’on puisse réécouter la chanson plusieurs fois et entendre de nouvelles choses. Pour moi, vu de cette façon c’est comme si la chanson durait plus longtemps !
Est-ce que toi en tant qu’auditrice tu écoutes encore des albums « classiques », type 14 titres, 45 minutes ?
Oui mais il faut vraiment que ce soit un artiste que j’adore, pour écouter la façon dont il a voulu faire parler son art. Mais vraiment la plupart du temps, comme la plupart des gens, j’écoute de la musique à travers des playlists. On vit au temps des réseaux sociaux où tout passe très vite et si tu n’es pas intéressé.e, tu passes à autre chose car il y a des millions de trucs qui t’attendent.
Tu as collaboré avec déjà pas mal d’artistes comme Tommy Genesis, Aaron Toas ou plus récemment Metronomy. Comment s’est fait la rencontre avec ces derniers ?
Sur le net. Puisque Joseph Mount est basé aux Etats-Unis, le groupe a envoyé 8 – 10 sons à différents artistes pour collaborer et j’ai choisi Uneasy car j’ai beaucoup aimé le début, la batterie. Puis j’ai écrit une partie de basse dessus, les paroles, et je leur ai tout envoyé.
J’ai vu qu’avec Tommy Genesis également la rencontre s’est faite sur internet.
Oui, oui. Avec le Covid c’était un peu compliqué. Tous les artistes sont en train de se défouler pour sortir leurs projets et faire des lives.
Et justement tu as commencé à concevoir une certaine notoriété au moment du confinement. Comment as-tu vécu cette période en tant que jeune femme, mais aussi artiste débutante.
Franchement, ça été super cool qu’il se passe quelque chose. Avant le Covid je faisais des tournées mais du coté merch puisque je voulais travailler dans le management de tournée. J’étais vraiment prête à me lancer dedans. Mais avec la crise tout a été annulé, donc je suis passée à la musique car je n’avais rien d’autre à faire. David habite à 15 minutes de chez moi et on a réellement commencé à travailler ensemble à cette période.
On a sorti Calvaire puis on a commencé à intégrer différentes playlists sur Spotify. C’était super cool de faire ça entre nous, sans boîte, sans management, en totale indépendance.
Du coup, tu as jamais fais de concerts est-ce que tu vois ça comme une frustration ?
Ça n’a pas été hyper frustrant puisque tout ça est vraiment arrivé par hasard et c’est super récent. Mais oui, j’ai de plus en plus hâte de monter sur scène !
De quoi t’inspires-tu pour écrire tes morceaux ?
Ça dépend totalement. Par exemple, Cotton Candy c’était simplement avec mon ukulélé alors que Pistolwhip c’est David qui a joué des accords au piano et j’ai écrit une mélodie par dessus. C’est vraiment différent à chaque fois, ce qui rend les choses encore plus intéressantes.
Tu parles souvent d’amour un peu badass et de manière brute. Tu aimes justement en 2 minutes tout exprimer et évacuer ?
Oui totalement ! Mais en ce moment je suis dans une relation « very happy » mais j’aime rentrer dans des mondes plus dark, plus intéressants, plus « HBO ». C’est super fun !
T’imagines-tu dans quelques années écrire sur des sujets plus politiques ou de société ?
J’admire beaucoup les artistes qui écrivent sur ces sujets. Je pense que c’est un truc de confiance aussi en soi, ce que pour l’instant je n’ai pas.
Et écrire pour les autres ça te plairait ?
Oui je le fais déjà. J’ai travaillé avec Dixie sur le titre Psycho dans lequel j’ai fait quelques arrangements.
J’apprécie de plus en plus faire ça car c’est comme une coupure dans mon projet perso. Les étapes sont les mêmes mais je ressens moins de pression et j’aime surtout aider les artistes à s’exprimer.
Ton EP arrive dans quelques semaines. Que peux-tu nous confier à son sujet ?
Il y aura 6 titres au total dont 3 duos avec Gus Dapperton, Tommy Genesis et JAWNY. Je vais d’ailleurs bientôt faire les premières parties de Gus et JAWNY. Ça sera mes premiers véritable pas « on stage » !