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Interview : Peur Bleue

Interview : Peur Bleue

A la suite de leur concert à FGO-Barbara, on a discuté sensibilité et énergie musicale avec l’attachant duo Peur Bleue.

Hello ! Merci beaucoup pour ce concert et cette très belle prestation – comment vous sentez-vous ?

Jérémie & Quentin : Super bien, on se sent en pleine forme !

Comment décririez-vous Peur Bleue à quelqu’un qui vous découvre ?

Jérémie : C’est de la chanson en français, électronique. On s’amuse à flouter la frontière entre le format chanson : couplet/refrain et des formats plus évolutifs que l’on retrouve dans la musique électronique ou dans des musiques plus transcendantales.

Comment est né votre duo ?

Quentin : Je ne vais pas dire grâce à moi ça serait trop me donner d’importance (rires). Régulièrement, je me mettais au piano et je faisais des mémos. Comme Jérémie avait déjà un groupe à l’époque, je lui envoyais.

Jérémie : Et je suis ton frère, c’est aussi une des raisons pour laquelle tu me demandais mon avis !

Quentin : Aussi, et donc, je voulais savoir ce qu’il en pensait et il a trouvé ça bien. Au début c’était juste un mémo, c’était la chanson Parle lui. J’ai créé cette chanson sans aucune arrière pensée. Puis, je lui ai envoyé un autre mémo et on a continué à faire des chansons et au fur et à mesure on en a eu cinq, six, sept. Et, assez rapidement on s’est dit : « on peut peut-être en tirer quelque chose ». Jérémie a pu les faire écouter autour de lui et c’est grâce à Grand Musique Management qu’on a pu commencer à enregistrer un album – L’étrange innocence des objets. Enfin déjà un EP, puis un album qu’on a sorti en novembre.

 

A la suite de tout ça, comment avez-vous choisi le nom « Peur Bleue » ?

Jérémie : On a eu le nom plus tard que les premières chansons, en lisant tous les textes. On écrit les textes ensemble et on co-écrit aussi beaucoup avec des amis ou des personnes avec qui on a travaillé pour d’autres projets et au fur et à mesure des rencontres. On s’est rendu compte que dans tous les textes, on a cette impression qu’ils ont été construits après une catastrophe. Elle peut être personnelle ou humaine – je ne sais pas à quel niveau se situe la catastrophe à chaque fois mais il s’est toujours passé quelque chose avant les chansons. Il y a a cette idée de trauma et on cherchait un nom autour de l’angoisse. On est des personnes sensibles à ce qui nous entoure, on est assez émotifs tous les deux donc ça nous paraissait résonné avec nos caractères. Et il y a aussi la sensibilité de la musique, ce truc de toujours être à fleur de peau. Ce nom, Peur Bleue, une fois qu’on l’a trouvé, c’est comme le nom d’un enfant. Au bout d’un moment tu trouves le bon et tu es sûr que c’est celui-là.

Tu parles d’émotion, on sent que c’est au cœur de votre musique et en même temps vous la contrebalancez avec un univers planant, électro. Qu’est-ce qui vous influence en plus de vos émotions ?

Jérémie & Quentin : On écoute beaucoup de musique.

Jérémie : C’est vrai que j’écoute beaucoup de son et j’ai l’impression d’en écouter de nouveaux tous les jours. J’adore ça ! Le plaisir qu’on a c’est d’écouter un morceau…

Quentin : … et ça peut déclencher des idées de chansons.

Jérémie : Parfois on écoute des instrus, il y a une mélodie qui vient, c’est beaucoup de musique anglaise comme John Talabot. On aime bien cette ambiance où on est dans une énergie de musique, ça bouge et au bout d’un moment il y a une voix qui s’ajoute. Ce n’est pas vindicatif mais c’est plus doux, mental et intime. On pourrait faire des concerts au casque je crois, avec la voix qui arrive au creux de l’oreille et où tu as quand même un sub derrière pour pouvoir danser – ça serait assez cool !

Tu parlais de trauma du monde qui nous entoure. Comment vivez- vous la période actuelle ?

Quentin : On en sort bientôt j’espère !

Jérémie : Le virus ce n’est pas ce qu’il y a de plus angoissant pour moi.

Quentin : C’est tout ce qu’il peut déclencher derrière.

Jérémie : Même avant le virus j’étais angoissé par ce qu’il se passait. Je trouve qu’il se passe beaucoup de choses difficiles dans le monde et on parle avec tout le confort qu’on a. On est pas les plus traumatisés des Hommes. Il y a un philosophe qui a été emprisonné pendant des années sous une dictature au Chili, à sa sortie, il est arrivé en Europe et il disait que c’était plus difficile de vivre en Europe car l’ennemi est moins personnifié, il existe de manière latente. C’est lui qui le dit, je ne sais pas si j’aimerais être à sa place (rires). Je trouve ça assez sage. En tout cas, je ne sais pas si des gens ont l’impression de pouvoir exister pleinement. Les textes, les musiques sont nourris de tout ça. La musique permet d’exister quand on l’écoute, la ressent ou la joue, ça permet d’aller au-delà de soi même.

Quentin : Et on ne pense pas à autre chose !

Jérémie : C’est vrai, on pense pas trop concrètement, on se laisse dériver. Quand on va au musée Guimet, on voit toutes les statues de l’art asiatique et c’est fascinant de voir la façon dont il évolue de façon très douce comparé à l’art en Europe. Ici, on a de grosses cassures artistiques, on ne se laisse pas autant aller. Quand on est artiste dans notre culture, on veut se définir personnellement; c’est à la fois bien et lourd. Parfois, on réécoute nos anciennes chansons et on se demande pourquoi on a fait ça et c’est parce qu’on voulait avoir une image en particulier ou on voulait être connu alors que ce n’est pas ce qu’on aime. On s’en rend compte avec le temps.

La musique permet d’exister quand on l’écoute, la ressent ou la joue, ça permet d’aller au-delà de soi même.

C’est comme ça qu’on apprend aussi !

Jérémie : Oui, on apprend à se connaître et ça sert à ça la musique aussi.

Est-ce qu’il y a des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?

Jérémie : Franchement la collaboration à deux déjà, entre frères c’est pas évident. Il faut qu’on veille à s’exprimer tous les deux dans ce qu’on fait. Après musicalement, il y a des chansons où on aimerait inviter des musiciens. Il y a des moments qui se prêteraient bien à l’expression instrumentale.

Comment fonctionne votre duo ?

Quentin : C’est parfois tendu (rires) mais en étant frère on peut plus facilement se dire les choses, résoudre les problèmes. On est moins dans la retenue donc ça peut faire avancer les choses différemment.

Quels sont vos projets pour la suite de 2021 ?

Jérémie & Quentin : Un enregistrement d’EP cet été ou vers la rentrée, on ne sait pas encore quand ça sortira.

Jérémie : On a pas mal de chansons. Ça va être un EP fait à partir d’idées qu’on a eu au moment de l’enregistrement de l’album. On va le faire avec les mêmes personnes donc j’espère que ça sera au moins aussi bien. Pour l’instant, quatre-cinq chansons sont prêtes à être enregistrées. On aimerait aussi jouer en groupe un jour… On a pleins de projets et de rêves !

Quentin : On va faire mûrir tout ça. Et sinon, faire des lives (beaucoup) !

Jérémie : On a fait un album en pensant au live. Le public ressent autre chose qu’à son écoute. On s’exprime différemment sur scène, on fait vivre l’album.

Quentin : C’est aussi moins réfléchi quand on est sur scène par rapport au studio où tu réfléchis au moindre petit détail. Là c’est plus brut, ça donne une bonne énergie.

Le mot de la fin ? 

Jérémie : Il faut que j’écoute Poni Hoax (rires) car je connais très peu et j’ai vu un documentaire il n’y a pas longtemps qui s’appelle Drunk in the House of Lords que je recommande fortement, c’est incroyable et très émouvant. Ça me parle beaucoup et ça peut faire naître pleins d’idées !

Quentin : Je vais laisser ce mot de la fin (rires).

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