À quelques jours de la sortie de Full Time Bored, deuxième album de Born Idiot, le chanteur et compositeur Lucas Benmahammed répond à nos questions. On évoque la genèse de cet album, la déprime dans un monde déshumanisé et le besoin d’évasion.
Comment vous sentez-vous à quelques jours de la sortie de Full Time Bored, votre deuxième album ?
Comme tout enfant avant Noël, excités j’imagine. On attend cette date depuis longtemps !
Dans quel contexte et quel état d’esprit a été composé ce disque ?
Dans une ambiance de total confinement bien avant que ce mot soit le plus utilisé sur Terre. Un moment où je me sentais abandonné et que rien d’exaltant ne se profilait en observant l’avenir (on n’aurait pas imaginé être prisonniers d’un virus l’année d’après haha). Le « désabu » a donc pris une belle ampleur, m’a fait composer beaucoup de titres en peu de temps et l’album s’est ensuite construit, enfermés à la maison.
Le nom de l’album, Full Time Bored, place l’ennui au centre du projet. Est-ce une revendication ?
J’aime toujours me dire que le second degré l’emporte même si bien sûr il y a toujours une triste vérité dans mes textes. Le mot « ennui » est un euphémisme qui symbolise un désespoir chez les jeunes de notre époque. Même si je sens une belle énergie autour de moi, je nous sens face à un immense mur sans issu. Donc, pour notre part, on s’enferme à la maison, on s’isole naturellement pour éviter le bordel extérieur et surtout, on écrit.
On retrouve beaucoup de références aux côtés néfastes des nouvelles technologies (I’d Rather Lie, You Robot, A Coin In the Jukebox). Quel est votre rapport à la modernité ?
Très difficile, on nous fait croire au progrès, je crois au néant. On flingue des générations en déshumanisant. On pense être plus libre aujourd’hui, je pense l’inverse. Et je sens que c’est difficile à gérer pour tout le monde que ce soit avec la technologie, le Covid, l’écologie… Tout est lié et ça crée un sacré merdier psychologiquement. On sent une tension qui est sur le point de péter et c’est dur à envisager dans nos petits cerveaux d’humains. D’où mes textes chantés avec ironie où j’imagine un retour à la pureté, où les émotions ne passeraient pas par des écrans… Je suis utopiste.
Le dernier titre, Trailer Park, comme un clin d’œil à la série de clips que vous aviez sortie pour Coco Trip, parle du besoin d’aventure. Est-ce que vivre dans une caravane est un de vos rêves ?
Haha bonne question, ce titre est la plus ancienne compo de l’album car comme tu dis c’est un clin d’œil à notre dernier EP Coco Trip. On s’est inspiré de la série du même nom Trailer Park Boys où des déglingos vivent dans des caravanes perdues au Canada. Je ne dirais donc pas que c’est un rêve pour nous mais qu’on se plaît à s’imaginer vivre comme dans des films ou des séries de ce genre.
Comment vont se passer les prochains mois pour vous ? D’autres live sessions en confinement sont prévues ?
Plusieurs live sessions se mettent en place et nous travaillons sur une tournée étant donné que des dates ont été annulées, en espérant que ça reprenne avant 2050.
Sinon plein de nouvelles choses…
Un conseil à nous donner pour s’évader en ces temps confinés ?