Malgré l’époque rendant les rencontres difficiles, nous avons pu échanger avec le talentueux Desmond Myers. De la Caroline du Nord aux Champs Elysées, du live aux studios, il nous dévoile son univers délicat.
Peux-tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne connaissent pas ton projet ?
C’est un projet de pop/R&B qui rassemble des musiciens parvenant des États-Unis et de France. Avec ces musiciens, je me consacre à faire une musique à la fois moderne et nostalgique, avec une admiration pour la scène actuelle et un focus sur des arrangements basés sur des instruments réels.
Ayant vécu à l’étranger pendant un moment, les paroles touchent souvent à notre propre identité, mais posent aussi les questions de la masculinité, du désir sexuel et de l’amour.
Est-ce que tu considères que les « lieux » (que tu as visités et dans lesquels tu as habité) ont influencé ta façon d’écrire et produire de la musique ? Je fais ici référence à ton dernier single Chinatown, au-delà de l’inspiration des paroles, est-ce que tes différentes expériences ont contribué à façonner ton son d’un point de vue strictement musical ?
Absolument. Je viens d’un lieu (le sud des États-Unis) où la « guitar music » est omniprésente (country, blues, gospel…). À part le hip-hop, j’avais très peu connaissance de la musique électronique. Je connaissais à peine Daft Punk, mais j’ai adoré Kanye West ; quand il a sorti son morceau Good Life dans l’album Graduation, j’étais complètement fasciné par les sons dedans. C’était l’album juste avant 808’s et il commençait à expérimenter avec des synthés des années 80s.
Du coup, en arrivant sur Paris, j’ai découvert des groupes qui mélangeaient une formation rock avec ces mêmes synthés et j’étais en studio pour les tester. J’ai découvert à Paris aussi plein d’amateurs de musique, de toute musique même des choses qu’on considérait un peu nulles comme Madonna ou The Bee Gees. Ça m’a vachement ouvert l’esprit vers des genres comme le disco ou la house. Ça m’a tellement marqué que je ne peux plus revenir en arrière.
Playing With Fire et Chinatown nous ont donné un avant-goût de ton prochain album, peux-tu nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Le choix des singles est fait pour créer une sorte de progression. Ces deux premiers titres sont très influencés par la soul et le R&B qui me sont tellement importants et c’était important de présenter cette facette du projet qui ne va jamais vraiment disparaître ; mais on travaille une certaine image du projet qu’on espère élargir à chaque single. D’ici à la sortie de l’album, il y aura pas mal des titres et petit à petit je dévoile un peu plus de mon histoire, mes pensées (ma personnalité ?) et finalement mon être. J’espère compliquer des choses un peu d’ici là.
Si tu devais choisir un mot pour décrire ce futur album, quel serait-il ?
Confessionnel.
Le clip de Playing with Fire présente une atmosphère assez douce et réconfortante, comment as-tu travaillé pour mettre en place cette esthétique visuelle ?
C’est vraiment grâce à nos fabuleux réalisateurs, Francis Courbin et Lucille Descazaux, et aussi la danseuse dans le clip, la musicienne/comédienne Amouë. L’été dernier (2019), on était tous réunis dans le studio de mon batteur Mathieu Gramoli et organiquement, on a créé une sorte de résidence artistique. Pendant qu’on enregistrait le titre, Francis et Lucille faisaient des expérimentations visuelles dans le jardin. Le soir finissait dans des discussions très intenses et belles, tout se mélangeait. Avant la résidence, j’avais proposé un scénario pour le clip et Francis me disait qu’il ne l’avait même pas lu. Lucille et lui préféraient s’inspirer des acteurs et de l’atmosphère du lieu. Ils ont trouvé sur place l’idée de tout allumer avec des petites lumières orange comme s’il y avait un feu, et de filmer la danseuse le jour et moi la nuit. Je trouve la simplicité et l’efficacité de ces idées assez dingue surtout vu le contexte avec le texte de la chanson.
Quelles sont tes influences musicales actuelles et passées ?
Les artistes actuels qui me marquent énormément sont Frank Ocean, Perfume Genius et bien sûr Tame Impala… J’adore Weyes Blood et Rosalía aussi.
Au passé, j’adore The Isley Brothers, Smokey Robinson, Jeff Buckley, The Beatles… Marvin Gaye, Stevie Wonder, Prince, Led Zeppelin, Jimi Hendrix…
Honnêtement je ne me considère pas comme M. Bon Plan pour découvrir des perles rares de musique avant tout le monde. Je joue énormément de musique, mais je n’ai pas ce côté qu’ont les bons DJs d’aller chercher des talents incroyables et inconnus, malheureusement !
On ne peut plus vraiment assister à des concerts, mais essayons de rester sur des notes positives : quel est ton meilleur souvenir en live ?
C’était sans égal le 11 mars 2020. Mon dernier concert et c’était sur Paris. C’était mon premier concert en France depuis 2017 et le public était absolument incroyable. On a présenté un nouveau groupe avec uniquement de nouveaux morceaux et les gens étaient absolument avec nous. Ça m’est tellement précieux. C’était juste avant que le danger du COVID soit reconnu par la plupart des gens. Après le concert à minuit, Trump annonçait la fermeture des frontières américaines et, du coup, je suis parti le lendemain. L’énergie dans le club, c’était tellement puissant c’était comme si on savait que ça n’allait plus être comme ça pendant un moment, mais en réalité on ne savait pas et c’est juste beau.
Quels souvenirs gardes-tu de ton expérience au Lido à Paris ?
L’équipe des danseurs et danseuses et leur immense talent surtout Lamichael, un peu la tête d’affiche du show encore aujourd’hui. Lui, comme la plupart des danseurs ont tous des parcours incroyables et sont des artistes purs. Et pour moi, en tant qu’Américain, c’était toujours incroyable de sortir du métro sur les Champs-Élysées pour aller travailler. Tellement improbable pour un fils de fermier de Caroline du Nord.
Merci pour le temps que tu as pris à répondre à nos questions, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Une bonne santé pour tout le monde et un bon résultat aux élections américaines !