Review : Kevin Morby – Sundowner
Un an après la sortie de son dernier album, Kevin Morby dévoile Sundowner, un superbe retour à des compositions épurées et personnelles.
« I am a sundowner, don’t let the sun go down on me » annonce Kevin Morby sur la chanson Sundowner. Le terme désigne en anglais une personne aux accès mélancoliques au coucher du soleil. C’est ce sentiment qui a donné naissance au dernier album de Kevin Morby. Dans un beau texte publié sur son site, l’artiste raconte le processus de composition de cet album, entamé dès 2018, alors que se préparait également Oh My God. Les chansons de Sundowner sont issues d’une période de solitude, presque un confinement avant l’heure de Morby dans sa nouvelle maison à Kansas City. Composées dans un abri de jardin et mise en maquette sur un enregistreur cassette à 4 pistes, elles témoignent d’une période d’introspection et de mélancolie de leur auteur. Ce minimalisme de la composition se retrouve sur l’album, où la voix et la guitare sont placées au centre des arrangements. Une batterie discrète, et beaucoup moins de piano que sur le précédent Oh My God, laissant place à des instruments plus doux comme un mellotron et un antique harmonium.
Hommage à ses amis, a son amour et au midwest
Kevin Morby avait déjà partagé le coeur de l’album, à savoir Campfire, Wander et Don’t Underestimate The Midwest American Sun, clips à l’appui, mettant en scène sa compagne Katie Crutchfield, alias Waxahatchee, que l’on entend d’ailleurs sur Campfire.
Dans Campfire, Morby laisse parler sa mélancolie, et rend hommage à ses amis musiciens Anthony Bourdain, Richard Swift, et Jessi Zazu tous trois décédés en l’espace d’un an :
But oh my my, oh I guess / That she did her time, now she’s laid to rest / There’s a campfire inside her soul / Still billows.
La perte et le deuil reviennent plus tard hanter la fin de l’album avec le poignant Jamie, qui aborde la disparition de Jamie Ewing, un ami proche disparu il y a dix ans.
Des hommages à ses amis, à ses amours, mais également aux grands espaces américains. En s’éloignant de Los Angeles, Kevin Morby souhaitait se reconnecter avec les paysages immenses du Midwest. On les retrouve clairement dans Don’t Underestimate The Midwest American Sun, ou Wander, mais aussi en filigrane dans tout le procédé d’écriture, d’inspiration et de composition.
Une écriture délicate et sincère
La fin d’album est très intimiste, avec notamment l’excellent A Night In The Little Los Angeles, référence au surnom de sa nouvelle maison, dans laquelle il s’est enfermé avec Katie Crutchfield durant la composition de l’album.
Un album finalement très personnel, finement écrit, qui nous fait nous sentir proches de son compositeur. Certes, on peut entendre du Léonard Cohen ou du Bob Dylan dans ses interprétations, mais Kevin Morby parvient encore une fois à dépasser les étiquettes folk ou country pour dérouler son propre style et s’imposer comme un incontournable songwriter américain.
En bref
Sundowner dépeint un délicat mélange d’émotions intimes, de mélancolie et de contemplation. Un album qui sait prendre son temps, et qui s’installe paisiblement comme l’un des plus réussis de Kevin Morby.
Tracklist
1. Valley
2. Brother, Sister
3. Sundowner
4. Campfire
5. Wander
6. Don’t Underestimate Midwest American Sun
7. A Night At The Little Los Angeles
8. Jamie
9. Velvet Highway
10. Provisions
Notre sélection : Sundowner, Campfire, A Night At The Little Los Angeles