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Interview : Macadam Crocodile

Interview : Macadam Crocodile

A défaut de voir les artistes en concert, nous leur passons un petit coup de téléphone. On a donc discuté funk, live, et sueur avec Vincent Brülin de Macadam Crocodile. 

Salut Vincent, est-ce que tu peux te présenter et nous expliquer comment Macadam Crocodile est né ?

Bonjour je m’appelle Vincent, je suis membre du groupe Macadam Crocodile qui est un énorme collectif de deux personnes, et dont je représente la moitié des parts. Ce projet est né de copinades puisqu’on est potes depuis le lycée [avec Xavier Polycarpe], et de jams dans nos studios respectifs où on jouait jusqu’au milieu de la nuit. On a décidé de faire un concert, les gens étaient ravis, donc on a fait un deuxième concert et de fil en aiguille on est devenu un groupe professionnel.

Quel est l’origine du nom Macadam Crocodile ? 

L’origine c’est de la langue française, la langue française vient du latin il me semble, et du grec.. Non plus sérieusement, on a monté le groupe sans savoir qu’on montait un groupe, on s’est dit qu’il fallait quand même se trouver un nom, donc on a fait un brainstorming. On voulait une sorte de dualité. On aime bien la nature, le côté sauvage, brut, par le fait qu’on improvise beaucoup. Et en même temps comme on joue dans des clubs, à des horaires tardifs on voulait quelque chose d’urbain, qui rappelle la ville. D’où Macadam Crocodile.

 

Macadam Crocodile est un projet très riche musicalement, comment définiriez vous vos influences, votre style ?

C’est une très large question, c’est une synthèse de 30 ans d’expériences, donc difficile à décrire. A la base on voulait faire danser les gens. On aimait l’idée d’être entre un groupe qui fait un concert normal, avec des morceaux qui s’arrêtent, le public applaudit et un DJ qui met du son. On trouvait qu’il y avait un créneau qui existait pas vraiment avec la dynamique, la puissance sonore et visuelle qu’apporte un groupe et en même temps une musique dansante qui s’arrête jamais. Naturellement on a beaucoup d’influences funk des années 70, on a samplé du Fela Kuti, Chic, des parties qui mettent complètement en transe et sur lesquelles on peut danser pendant des dizaines de minutes. Forcément, on aime les sonorités des années 80 qu’on retrouve dans les sons de synthés et des basses. 

En même temps, aujourd’hui, et depuis les années 2000/2010 y a des outils super puissants comme Live Ableton qui créent naturellement de la musique électronique, plus moderne. La musique faite par Ableton sonne d’une certaine manière et on en écoute beaucoup. Et pourtant on est influencés par cette envie de danser et d’avoir des boucles de ces musiciens extrêmement talentueux qui faisaient rentrer les gens en transe sans logiciel. On est un mix de ça. 

Macadam Crocodile est avant tout un projet de live. Est-ce que cela fait partie d’un engagement particulier parce que vous pensez qu’à terme la musique live prédominera sur la musique enregistrée par exemple, ou bien c’est juste une attirance spontanée de votre part vers l’impro et la scène ?

C’est très spontané. On a vraiment monté le groupe en faisant des impros, des concerts dans des petits lieux. On a plus composé en live qu’en studio. Le studio c’était plus pour programmer des machines, faire de l’intendance technique parce qu’on a un set up un peu chiant. On utilise deux ordis, on a pleins de contrôleur, enfin bref. La visée qu’on avait à la base c’était vraiment d’essayer de faire le lien entre DJ et groupes comme je le disais. 

Macadam pour l’instant ça c’est vraiment fait en live. Après depuis un an ou deux, on fait des lives plus cadrés parce qu’on a des plus petits créneaux. On joue 45 minutes, 1h. Avant on jouait dans des plus petites salles, 2 ou 3 heures, il y avait moins de contraintes. Mais notre démarche est assez ouverte, on aime bien aller en studio, jamer sur scène, faire un mix des deux. Le live n’est pas complètement un engagement. Après c’est sûr que le disque se vend moins actuellement. Moi par exemple, personnellement depuis le confinement j’ai pas de sources de revenu jusqu’à ce qu’il y ait des concerts. Donc c’est sur qu’on se rend bien compte que c’est le concert qui fait vivre le musicien, il ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche !

Vous avez joué dans plusieurs types de lieux musicaux : festivals, club, et salles de concert classiques. Dans quels lieux préfères-tu jouer ?

C’est des sensations assez différentes. Personnellement, monter sur scène ça me déshumanise. J’ai accompagné Izia pendant un certain temps, on a fait de grosses scènes. D’un coup on sort de la loge, on va sur scène, on joue, mais on est qu’en groupe. Je dis pas que c’est nul, c’est super, mais les gens sont à 50 mètres, on les voit pas, ils sont trop loin. C’est très grisant, tu as l’impression d’être Mick Jagger. Et d’un autre côté avec Macadam on a fait des boites en Belgique où il y a 50 personnes, mais les gens sont carrément sur mes toms de batterie, ils posent leurs verres à côté de l’ordi de Xavier, c’est le bordel. Mais d’un coup en cinq minutes tu sens les gens, ils sont tellement proches que tu sens leur odeur quoi. J’aime particulièrement cette proximité qui donne quelque chose de beaucoup plus sauvage, en communion avec le public.

Différents artistes ont remixé vos morceaux, par quel artiste aimerais-tu voir votre musique retravaillée, remixée ?

J’ai pas du tout ce rapport à la fierté. Par exemple, j’adore Trentemøller. Si Trentemøller reprend Macadam je trouve ça incroyable, mais en fait je serai pas fier que ça soit mon morceau de base. Je l’écouterai de la même manière que ça vienne de moi ou… Pascal Obispo. Xavier, je pense qu’il serait super content d’être remixé par Daft Punk, ce que je comprends. 

J’ai l’impression qu’une fois que la musique est faite elle ne m’appartient pas. J’ai très peu de regard sur la chose qui a été faite. C’est important quand on est artiste de tout le temps être tourné vers ce qui va se passer plutôt que de se contenter de ce qui est déjà passé. J’aime garder l’énergie cinétique du mouvement, ce qui est fait c’est fait, donc maintenant c’est parti on continue !

 

Est-ce que tu peux nous parler plus en détail de Back in the Ring ?

Je ne vois pas les concerts de Macadam Crocodile comme des morceaux qui se suivent mais comme un live entier. On essaye de le construire pour qu’il dure une heure et que ça soit pas des morceaux séparés les uns des autres. J’ai envie de dire aux lecteurs, surtout venez en live, dès qu’on peut jouer, venez qu’on puisse partager des moments où on danse et où on sent la sueur !

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Eh bien pour l’après confinement, que les concerts repartent de plus belle ! Qu’on fasse de nouvelles choses, que ça nous motive et que les gens viennent aux concerts. Jusqu’alors c’était une super aventure alors que ça continue, et qu’on continue à trouver l’énergie, un peu de folie, de nouveauté, et de spontanéité. Que les gens dansent et qu’ils nous fassent rêver avec leurs mouvements. Parfois c’est  vraiment drôle, les gens sont hyper contents et ça donne la banane.


Les deux musiciens de Macadam Crocodile font vibrer notre confinement avec des live sessions hebdomadaires, à retrouver sur leurs réseaux sociaux.
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