Rédacteur en chef, Fondateur
A l’occasion de la sortie de leur troisième album, on a eu l’opportunité de discuter avec les deux potes de No Money Kids. On vous raconte.
Bonjour ! Pour débuter, pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes rencontrés et comment vous en êtes arrivés à créer No Money Kids ?
Felix : Et bien on s’est rencontrés en studio pour l’enregistrement d’un album qui n’était pas du tout de No Money Kids et à la fin des séances on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quelque chose ensemble. C’était comme quand on rencontre une fille ou un garçon, on sent qu’il y a une petite étincelle et, sans se promettre quoi que ce soit, on s’est dit qu’on allait essayer de faire de la musique ensemble.
JM : Je précise c’était dans mon studio ! Je faisais des disques et lui voulait en faire un alors que je ne le connaissais pas du tout. C’était un truc solo. Vous ne l’entendrez jamais parce que je vous vois venir. (rires). Il avait des idées que je n’avais pas, et réciproquement j’en avais qu’il n’avait pas donc on s’est dit pourquoi ne pas faire des productions sans prétentions. Avec le temps, on a voulu mettre ça sur scène et ça donne ça, No Money Kids. Ce depuis 2015. Mais même avant, on a eu un batteur, un groupe « normal » mais il est parti faire le tour du monde donc on s’est dit « on n’en prend plus ».
Du coup vous avez remplacé tout ça par l’électro, les machines…
JM : En effet, les machines nous ont appris à faire de la musique complètement différemment parce que, je ne sais pas si vous savez, mais quand on a un cadre tu te sens un peu cloitré avoir moins de possibilités. L’idée a été de péter ce cadre même si au départ c’était assez compliqué parce qu’on est des musiciens dits « classiques », « normaux ». On avait l’habitude de jouer avec des gens et à deux on a du se prendre le choux pour faire tout le reste. Et ça donne cette musique…
De l’électro-blues. Comment définiriez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous connait pas ? Quelle est la définition de l’électro-blues pour vous ?
Félix : Sur le papier on voulait tout simplement associer l’électro et le blues. C’est pour ça qu’on a gardé cette appellation mais le problème qu’on a est qu’on est incapables de mettre une vraie étiquette sur ce qu’on fait. Même quand on vient nous demander quel type de musique on joue, c’est assez flou. Parfois on va piocher des influences assez punk ou à l’opposé plus jazz, tout dépend ce qu’on a dans la tête sur l’instant. C’est un mélange de pleins de choses.
JM : Par exemple, quand j’ai rencontré Félix, en plus d’être un songwriter de dingue à mon point de vue il est du blues. Le blues c’est une façon de faire de la musique qu’on aime. C’est quelque chose de très interprété. Tu ne peux pas chanter du blues tous les jours si tu ne rentres pas dedans. En plus de ça c’est une harmonie qui est particulière dans le blues, quelque chose qui est majeur / mineur tout en étant en évolution. En gros, on a mélangé la rigidité, le cadre de l’électronique avec la liberté du blues. Le blues n’a pas de cadre, c’est qu’un cri du coeur.
En effet, à l’écoute de vos titres mais aussi en live on perçoit que votre musique est très incarnée, engagée. Pourquoi avoir décidé alors de chanter en anglais ?
JM : Ça dépend tout simplement de l’audience que tu veux avoir.
Félix : En vrai c’est juste qu’on n’a pas réfléchi. En gros, quand j’écris la chanson, à aucun moment je me dis « tiens j’ai envie de travailler un thème ou un autre ». On ne fait pas de militantisme. On est juste là pour témoigner si on sent le besoin de le faire, de s’exprimer autour d’un sujet à l’instant présent. Le choix de l’anglais est, comme on pourrait utiliser une couleur spécifique en peinture, une sorte de « non-choix » qu’on a eu depuis le départ. Mes premiers textes sont venus en anglais tout simplement. C’était la meilleure manière de m’exprimer sur l’instant.
JM : Mais on n’a pas de limite, on peut très bien changer radicalement du jour au lendemain et même expérimenter d’autres styles musicaux si le besoin se crée.
Félix : Pour ce qui est de nos textes, ils retranscrivent notre sensibilités, des tranches de vie qui sont de fait politiques parce que notre société est très politisée.
En quoi votre troisième album Trouble se différencie des précédents ? J’ai toujours voulu savoir comment nait un album et à quel moment on sait qu’il est fini.
JM : Oh putain. Ça c’est une question piège ! Il n’est jamais fini, tu abandonnes juste (rires). Sans blague, parfois je me lance dans des mix qui sont bien mais j’essaie toujours de les améliorer et au bout d’un certain temps j’abandonne. Je pourrai mettre deux mois, deux ans voire même dix ans sur une seule intru. La maturité du truc c’est de te dire « Ok ça c’est bon, je peux passer à autre chose ». Si tu n’arrives jamais à le finir c’est qu’il y a un problème. C’est comme dans tous les arts. Il vaut mieux se dire « Celle-là je n’y touche plus ». Je la laisse vivre comme ça et le reste des idées sera pour une autre chanson.
Félix : Et du fois tu sens que quand tu vas trop loin c’est qu’en fait tu as envie d’une autre chanson. En plus de ça on est bien entourés. Notre manager fait quasiment parti du processus de création et il nous donne son avis extérieur sur mes compositions, les guitares/voix, et fait ensuite un retour sur le travail de JM pour les arrangements à la production.
JM : C’est un peu notre directeur artistique.
Félix : En dehors de la scène on est vraiment une équipe et ça peut paraître fleur bleue mais ça compte vachement. On demande aussi l’avis de Jean Marie , l’ingé son.
Pour le coup, vous avez deux featurings sur ce nouvel opus. Etait-ce une volonté de bosser avec des nouvelles personnes extérieures tout en gardant votre côté « binôme » ? Ouvrir de nouveaux horizons ?
Félix : A vrai dire, on est sensibles à tout ce qui se passe dans la musique. JM a l’habitude de bosser avec des rappeurs, c’est une ouverture différente. Moi je suis à l’affût des nouvelles sorties sur Spotify ce qui me permet d’écouter des trucs bien divers.
JM : Pour moi bosser avec Charles X par exemple c’est pas si surprenant. Quand tu vois comment il bosse, ça à beau être une autre forme, le fond nous ressemble beaucoup. Pareil pour The Toxic Avenger, il y a pas mal de choses communes dans nos arrangements. Il y a quelque chose qui match ce qui veut dire qu’on a la même façon de faire de la musique, pas la même forme mais le même fond.
En soi, ça permet de créer des ponts entre des univers musicaux différents pour votre audience.
JM : C’est ça ! Il y a des rythmiques qui cohabitent et qui donnent un résultat plus que satisfaisant. Bon on ne l’a pas fait avec Pascal Obispo non plus. (rires)
Et pourquoi avoir repris Crazy de Gnarls Barkley ?
JM : Quand tu écoutes la version originale, elle dénote. Cette chanson est tellement dingue ! On a passé deux ans à écouter la batterie en se demandant « Comment il a fait ça ? ».
Félix : Toutes les prises ont été faites il y a cinq ans donc cette cover est une photo de No Money Kids d’il y a cinq ans, une époque très influencée par Gnars Barkley mais aussi les Black Keys, White Stripes,
Quel est votre guilty pleasure musical ? La chanson inavouable que vous écoutez secrètement.
Félix : Moi j’ai eu ma période Spice Girls… Non, le pire que j’ai c’est Céline Dion, Pour que tu m’aimes encore. On va dire que ça compte pour deux !
JM : Pourquoi pas faire une reprise d’ailleurs ?
Pour finir, que retenez-vous de cette année 2018 ?
Félix : Moi j’ai eu ma petite fille donc je suis comblé.
JM : Moi le mec avait qui je bosse a eu une petite fille.
Un mot pour conclure cette interview ?
Merci d’écouter !