Rédacteur en chef, Fondateur
Il y a quelques jours, du 7 au 10 septembre, nous avions rendez-vous à Bordeaux pour assister à la troisième édition du Climax Festival.
Cette année, le festival engagé pour la défense de l’environnement a déménagé dans deux lieux incontournables de la communauté urbaine bordelaise: au Parc Palmer, à Cenon, pour ce qui est des rendez-vous musicaux, et à la Caserne Niel, plus connu sous le nom d’Hangar Darwin, où de nombreuses conférences – accessibles gratuitement – ont eu lieu autour de la thématique suivante : « le contenu de nos assiettes et l’impact de notre alimentation sur l’environnement ». Les vendredi et samedi soirs, le Rocher de Palmer, situé à deux pas du Parc Palmer, accueillait les festivaliers pour la partie Club, ce jusqu’à 5h du matin. Un programme chargé s’annonçait donc pour tous les festivaliers !
C’est parti pour le debriefing de ces trois jours de festival mêlant musique éclectique, environnement et politique.
Jeudi 7 septembre
Arrivé à Bordeaux en fin d’après-midi, on débute les festivités à 20h40 avec Mr. Peter Doherty qui semble être en pleine forme. Ça tombe bien, nous aussi ! Accompagné de nombreux musiciens ainsi que d’un rappeur qui s’invite sur quelques titres ou encore entre les chansons – on avoue ne pas avoir réellement compris sa présence qui fait plus tâche qu’autre chose… – Pete démarre en trombe avec des riffs de guitares qui électrisent le public. Enchaînant plusieurs titres extraits de ses deux albums solo, il parvient à déchaîner les festivaliers plus ou moins initiés qui ont de l’énergie à revendre! Fidèle à sa réputation, le rockeur britannique n’hésite pas à jeter son micro dans le public en pleine chanson, à casser une partie des instruments – RIP petit tambourin rouge – ou encore à se taper un petit cul sec entre deux titres. Quoiqu’il en soit, il assure! Et pour finit en beauté, il nous fait l’immense plaisir d’attaquer l’incontournable single des BabyShambles, Fuck Forever. Le climax du concert est atteint à ce moment précis où il laisse son guitariste chanter avec lui, le tout avec une complicité incroyable! En effet, tout au long du concert, on est particulièrement estomaqués par l’osmose qui règne entre Mr. Doherty et ses musiciens ! C’est franchement beau à voir ! Son concert achevé, il sort de scène comme si de rien n’était, renfile son écharpe et son chapeau et salue brièvement son audience qui n’hésite pas à l’acclamer, séduite par cette petite heure de show. Un premier concert puissant qui lance divinement les hostilités !
Alors que la nuit commence à tomber, prend place un certain Charles X. Un monde fou se presse donc sur la scène du théâtre qu’on découvre en même temps que l’artiste dont on ne connaissait pas le nom… Compte tenu de l’ambiance qui règne dès les premières notes, on comprend vite que le rappeur n’est pas inconnu des jeunes adulescents présents pour l’acclamer ! On reste dans le fond tout en ayant une parfaite vue sur le concert étant donné que la scène est établie comme une sorte d’amphithéâtre, ce qui permet d’avoir constamment un visu sur les artistes. Avec un flow soigneusement posé, des petits pas de danses brillamment exécutés, il enchaîne les morceaux, mélangeant à la fois rap et soul, exercice qu’il accomplit à la perfection ! On est définitivement conquis ! Après un Stand By Me – originellement interprété par Ben E. King – reprit a capella à la fois par le musicien et son public, on se décide à quitter le concert afin d’être bien placé pour le concert suivant : nos amis biarrots de La Femme !
Et là, quelle déception ! Alors qu’on arrive avec de l’avance, il nous faudra attendre une bonne vingtaine de minutes après l’heure annoncée pour les voir débarquer sur la scène… On entend un groupe de jeunes qui s’étonne de ce retard inexpliqué et qui lance un « même Peter Doherty est arrivé à l’heure » qui nous fait doucement sourire. Quoiqu’il en soit, place au show ! Première surprise, la bande de potes fait son arrivée sur un paquito qui rend le public immédiatement dingue. Et comme à leur habitude, ils enchaînent dans une ambiance survoltée leurs plus gros titres, allant de l’incontournable Sphynx en début de set, au grandiose Où va le monde ? en passant sans réelle surprise par les tout aussi excellents Septembre, Mycose, Sur la Vague, et bien d’autres… Une setlist peu étonnante et qui semble inchangée en comparaison avec leur passage à Garorock en début d’été… En effet, leur show est désormais bien rodé compte tenu du nombre incalculables de concerts qu’ils ont menés depuis la sortie de leur puissant Mystère il y a désormais un an de cela. Toutefois, les festivaliers semblent hypnotisés par le talent et la fougue du groupe français !
S’en suit un concert qu’on attendait avec impatience, celui des fougueux Isaac Delusion. Ainsi, on retrouve le groupe français qu’on apprécie tant et dont le nouvel album Rust & Gold paru en avril dernier est un réel bijou. La dernière fois que nous avions été à leur rencontre, ce fut à l’Olympia, le 24 février 2015 précisément, pour un concert mémorable sublimé par leur première partie : le trio pop anglais Years & Years ! Bref… Collés à la barrière, on a une place de rêve ! En effet, on est aux premières loges ce qui nous permettra même d’assister à une sorte de mini concert privé durant leurs balances. Le concert de La Femme enfin terminé, le quatuor se lance dans un condensé soigné de leurs musiques, passant par leur premier tube, She Pretends, à l’entraînant How Much (You Want Her) – popularisé notamment grâce à la publicité de la Citroën C1. Les parisiens entremêlent avec justesse leurs deux opus dans une setlist exquise qui reprend tous nos titres favoris. Davantage conquis par leur second album, on se dandine avec passion sur, entre autres, le dynamique Black Widow ainsi que notre favori, The Sinner, où le chanteur nous offrira une sublime démonstration de sa puissance vocale. En plein milieu du show, Loic Fleury, le leader du groupe fait une pause avant d’entamer un « Joyeux Anniversaire » en chœur avec le public afin de célébrer le birthday de leur claviériste/guitariste. Un moment de communion qui fait chaud au cœur ! Malgré le début du concert de Paul K qui commence à résonner à travers le Parc Palmer, le quatuor frenchy ne se dégonfle pas et nous livre un bouquet final grandiose aidé par un looper, un vocoder et un jeu de lumière qui nous mettrait presque en transe ! En résumé, Isaac Delusion nous aura offert un concert aussi bon que beau avec d’excellentes transitions entre les divers titres, ce qui ne nous laisse même pas une demie seconde de répit, et on ne va pas s’en plaindre !
Après ces diverses mises en bouches aussi variées que succulentes, on se lance dans ce qui sera notre dernier concert de la journée : Paul Kalkbrenner. On se rue donc devant l’immense scène de Palmer où des milliers de festivaliers sont d’ores et déjà d’aplombs, remuant la tête et les bras dans tous les sens, chose qu’on ne tardera pas à imiter… On parvient à se faufiler au cœur de la foule et on se laisse rapidement porté par l’ambiance électrique qui règne! Ayant déjà assisté à de nombreuses reprises à ses concerts, on ne s’étonne même plus de la qualité de son DJ set qui envoie du lourd. Le roi des soirées berlinoises nous régale avec une setlist pleine de basses qui déchaînent la foule jusqu’à épuisement. La scénographie est elle aussi très travaillée avec un mapping époustouflant qui donne une dimension particulière à son show !
Minuit passé depuis un certain temps, et la fatigue se faisant franchement ressentir, on décide d’abandonner à contre cœur le talentueux Paul K et de quitter le festival… Avant de partir, on ira faire un petit tour des foodtrucks afin de faire du repérage pour le lendemain, tout en se laissant tenter par un excellent wrap italien bio et vegan. C’est ainsi que cette belle première journée de festival s’achève, le sourire toujours aux lèvres, heureux d’avoir enchaîné ces cinq bonnes heures de musique dans une ambiance prometteuse pour le lendemain. En effet, on serait bien resté un peu plus longtemps mais on préfère se réserver pour notre second jour de festivité où on aura l’opportunité d’acclamer les british de The Kooks et Franz Ferdinand mais aussi l’incorrigible Jacques ainsi que les prodigieux Polo & Pan !
vendredi 8 septembre
Après une excellente première nuit bordelaise, et une après-midi à flâner dans les divers quartiers de la métropole, on se rend sur le site du festival pour ce qui s’annonce être LE meilleur soir de cette troisième édition du Climax Festival. Arrivé aux alentours de 19h, on se laisse tenter par une petite pinte de bière bio et locale – La Lune, brassée à partir de céréales cultivées dans le Lot et Garonne, vendue à seulement 6€50 – qui est excellente. Abreuvé, on se dirige vers la Scène du Théâtre où les français de Paradis ne vont pas tarder à se produire. Pour information, il s’agit sans aucun doute du duo frenchy le plus en vogue de ces derniers temps et leur concert ne fera que confirmer cette affirmation. Le binôme nous enchante avec sa pop sucrée rythmée au son des synthés et des guitares qui s’apparentent à une bonne vieille musique des 80’s. Bien que chantés en français, leurs titres nous font quelque peu voyager sur les plages californiennes dans une ambiance groovy bien agréable ! Leur single Toi et Moi fédère les spectateurs qui se déhanchent comme envoûtés par les sonorités disco-pop. Notre second coup de cœur est la reprise de La Ballade de Jim d’Alain Souchon revue à la sauce électro-pop et très summer-friendly. Une sublime découverte donc qui nous a donné un regain d’énergie parfait pour accueillir la première tête d’affiche de la journée : The Kooks.
En effet, après avoir assisté au premier concert britannique la veille avec l’impertinent Peter Doherty, on poursuit avec les lads de The Kooks. Sans réelle surprise, on retrouve une foule gigantesque devant la Scène Palmer. Comme impatients, les festivaliers se lancent dans des spéculations plus ou moins loufoques : « Vont-ils jouer Naïve ? », « Tu penses que Luke va se jeter dans la foule » etc. Le concert débute enfin et on s’aperçoit immédiatement que le groupe originaire de Brighton n’a pas pris une ride! Avec une énergie débordante, ils attaquent leur set avec Always Where I Need To Be qui instaure instantanément une ambiance de dingue dans le public! Comme une sorte de « Best Of », ils n’hésitent pas à passer d’un album à l’autre, sans aucune baisse de régime, associant leurs grands classiques avec leurs plus récents titres. On se laisse porter par l’indie-pop du groupe qui allie divinement émotion et dynamisme. Pour preuve, on aura particulièrement apprécié l’enchaînement entre le solaire Ooh La et l’incontournable Seaside. Pour l’occasion Luke se saisit de sa guitare acoustique et se rapproche du public afin de permettre aux festivaliers de reprendre le morceau avec lui. Un instant de partage, rempli d’une émotion sincère qui nous fera repenser à nos années collège/lycée, il y désormais 11 ans de cela ! Pour conclure en beauté leur concert, ils interprètent l’intemporel Naïve devant un public en totale admiration.
S’en suit l’incontournable duo français Polo & Pan qui, dès leur arrivée sur scène, lance un « Bon voyage » qui veut tout dire: on frétille d’impatience en attendant de voir ce qu’ils nous ont réservé ! Avec leur électro-pop estivale qu’ils ont parfaitement su condenser dans leur premier album Caravelle, le binôme ne tarde pas à faire danser et crier tous les festivaliers venus les acclamer ! Apothéose en plein milieu de leur set: les deux DJ lancent un « ça vous dit, on fait un jeu? Jacques à dit… » et à la surprise générale, le déjanté Jacques débarque sur scène pour y interpréter leur collaboration dans une ambiance qui ne cesse de grimper ! En dehors de cela, on découvre deux sublimes chanteuses – une potentielle relève du duo mythique Brigitte – qui nous offre une présence scénique à tomber par terre à coups de gesticulations qui semblent incontrôlées et un brin sexy. En effet, elles s’accaparent la scène avec leurs voix sublimes et leurs danse contemporaine à la limité de la transe. On adore ! Femmes libérées et impétueuses, elles nous apparaissent comme des sirènes des temps modernes s’intégrant à la perfection au set musical ! Comment ne pas se déchaîner devant un spectacle si bon, sublimé par un jeu de lumière incroyable !? On remercie la petite troupe pour cette heure de bien-être et on se dirige requinqué vers la seconde tête d’affiche made-in-UK de la soirée : Franz Ferdinand.
« Je vais parler en anglais parce que mon vocabulaire c’est merde ».
C’est par ces mots qu’Alex Kapranos fait son entrée sur scène. Et quelle entrée ! Les lads de Franz Ferdinand sont chauds et ça tombe bien, nous on est bouillants ! Le groupe est LA tête d’affiche rock de cette troisième édition du Climax et ça se sent! Alors que la plupart des autres concerts rameutaient un public assez jeune, de nombreux quadras (voire plus !) ont fait le déplacement uniquement pour eux, comme nous le confirme Patrick qui est a côté de nous et qui semble avoir attendu ce concert comme on attendait Noel dans notre tendre et innocente enfance… Trêve de plaisanteries, les british ne sont pas venus pour plaisanter et nous offre un set incroyable alternant entre classiques – Love Illumination, No You Girls ou encore Take Me Out – et inédits comme le surpuissant Always Ascending ! Depuis le temps que nous souhaitions les voir en live on peut vous assurer qu’on n’a pas été déçus, bien au contraire ! Après un show aussi incroyable, une réunion s’impose entre collègues afin de débriefer et partager notre ressenti sur cette heure et quelques de folie où on a tout donné! Alors qu’on se surprenait à ne pas reconnaître certaines chansons, on remarque qu’il s’agissait bel et bien de nouveaux titres après avoir réussi à choper la setlist à la fin du concert ! Bref, on était tellement surexcités et captivés qu’on en est arrivé à louper le déjanté Jacques qui se produisait sur la scène voisine… Tant pis pour nous, on conclura cette seconde soirée devant la scène Nova où un DJ nous fera danser jusqu’à épuisement !
samedi 9 septembre
Dernier jour de festival, la pluie s’est invitée sur le Parc Palmer qui se voit ainsi grandement vidé en comparaison avec la veille. Toutefois, déterminé à passer une excellente journée, on enfile notre capuche et on part à la rencontre d’un des ovnis du festival : Omar Souleyman. Ayant uniquement entendu parlé de lui lors de sa venue il y a quelques mois sur le plateau de Yann Barthès, on est curieux de découvrir ce dont le quinqua syrien est capable de donner sur scène. Dès les premières notes de musiques orientales, le soleil pointe son nez et l’ambiance commence à se réchauffer ! Avec sa dabka – musique traditionnelle syrienne – Omar livre un show incroyable qui nous emmène en voyage : il possède une aura presque magnétique qui ne tardera pas à nous faire danser. Le dépaysement est à l’honneur aujourd’hui ! Preuve est le couple malien Amadou & Mariam qui ont décidé de présenter au public bordelais de nombreux inédits extraits de leur prochain opus La Confusion. Souriants, ils transmettent une onde positive à travers la Scène du Théâtre. Pour finir, on change une nouvelle fois de style avec les anglais de Morcheeba qui concluent notre après-midi en beauté ! Leur trip-hop diablement efficace atteint son paroxysme sur The Sea ou encore avec la cover surprenante d’un des meilleurs titres de Bowie : Let’s Dance! Un samedi éclectique rempli de découvertes fort plaisantes.
En résumé, le Climax aura su ravir près de 33,000 festivaliers sur trois jours autour d’une programmation éclectique et encrée dans l’actualité ! Avec des tarifs raisonnables pour une offre éco-responsable et des artistes de qualité, il aura attiré un public majoritairement jeune qui est venu pour festoyer dans une ambiance de fin d’été fort appréciable ! Seul petit point négatif: la proximité entre les deux principales scènes ce qui nous aura notamment gâché en quelque sorte les dernières minutes de Isaac Delusion… Toutefois, on tient à souligner divers points. D’une, côté nourriture, la horde de foodtrucks proposent de la nourriture locale, 100% bio et végétarienne ce qui nous a permis de découvrir des nouvelles saveurs pour un budget plutôt abordable ! D’autre part, les transports en commun ont été renforcés afin de permettre aux festivaliers de se rendre sur le différents lieux en tramway et ce jusqu’à tard dans la nuit ! Belle initiative. On reviendra !