Review : Reptiles – My Sworn Enemy
Reptiles sort aujourd’hui son premier EP, My Sworn Enemy, et nous fait immédiatement tomber sous le charme de cette voix si particulière posée sur des prod sombres, rock et électro.
Reptiles est un projet qui se laisse difficilement définir, quelque part entre post-punk, dark rock et électro-pop, mené par Sylvain Arnaux (Clan Edison et Hummingbird) et Baptiste Homo (OMOH et Tiste Cool) à la production. Puisant ses influences chez Nick Cave, Fugazzi, Tropical Fuck Storm ou 16 Horsepower, Reptiles s’est composé un univers riche et complexe, où la chaleur de la passion destructrice se frotte violemment à la froideur d’une new wave désincarnée. Quelque part entre un rock à l’ancienne, porté par la voix caverneuse du chanteur, et des productions modernes enrichies d’électro-pop dark, de piano d’outre-tombe et de chœurs monastiques, My Sworn Enemy nous offre une incursion dans l’univers torturé de Reptiles. Sur ce premier projet se côtoient ainsi quatre titres sombres et nihilistes où se mêlent joie, mélancolie et espoir, parfois dans la noirceur, parfois dans la clarté.
Ayant pour leitmotiv cette phrase d’Emile Cioran : « La jouissance est un paroxysme, la souffrance en est un autre, l’un dure un instant, l’autre toute une vie« , le premier EP de Reptiles ne fait pas dans la demi-mesure et affirme une identité très marquée. Identité admirablement portée par la voix si particulière de Sylvain Arnaux, que ses démons, nés d’une vie d’excès et de fêtes à outrance ont inspirés.
J’ai des démons, un désespoir violent mais j’essaye de transformer toute cette matière noire en quelque chose de beau et qui me survive. La musique est pour moi une pulsion vitale.
Toutes ces vibrations de fond explosent ainsi dans ces quatre pistes qui forment un chaos cohérent et primitif. À l’image de My Sworn Enemy, morceau de bravoure post-punk dont la lancinance et les guitares détunées sont là pour hurler qu’il n’y pas pire ennemi que sa part d’ombre. Un brin plus pop tout en gardant des riffs de basse minéraux façon Joy Division, Now est une vénéneuse chanson de rupture amoureuse qui nous renvoie à la douleur des passions abusives. Venin Bleu, premier track de cet EP, sur lequel on découvre une voix qui nous arrache le cœur dès les premières notes pourrait, lui, s’apparenter à une messe noire où un prêcheur d’outre-tombe est venu invoquer sa rédemption à grands coups d’accords blues et d’incantations à la Mark Lanegan. Cette énergie violente et mélancolique ne cesse de rythmer le reste de l’EP, à l’instar de Tooth For Tooth, titre sombre et inquiétant, dont on sait que le calme apparent couvre une fureur destructrice.
Accompagnant la sortie de cet EP, le clip de My Sworn Enemy, met en scène cet état de perdition, où il n’y a pas plus dangereux pour son être que soi-même. Tiraillé entre ses démons, se tirant lui-même dans le gouffre d’une spirale infernale, l’homme que l’on suit se perd et s’oublie dans ses vices et ses excès.
Reptiles jouera aux Bars en Trans le 2 décembre à Rennes. Si vous le pouvez, ne manquez pas l’occasion d’aller les voir. Nul doute qu’en live, les productions dark de chaque morceau et la voix d’outre tombe du chanteur vous feront apercevoir les tréfonds de vos âmes en perdition.
