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Interview : Benjamin Cotto

Interview : Benjamin Cotto

Inspiré par sa relation avec les femmes dans un univers emprunté aux années 70, Benjamin Cotto nous parle de Bleu, son premier EP sorti il y a tout juste une semaine ! 

Comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de ton premier EP ?

Je ne sais pas si je réalise encore, je ne sais pas si je suis un peu excité ou si je suis juste dans un certain flou mais je sens qu’une petite pression monte, c’est en train d’arriver. Une fois que ça sort, ça ne t’appartient plus, ça appartient aux autres et on ne sait pas ce qu’il se passe…

Pour quelqu’un qui te découvre, comment décrirais-tu ta musique ?

Ma musique est très empruntée d’une époque, des années 60/70, de la variété française, des chansons très arrangées qui parlent d’amour. Elle est assez mélancolique parfois mais pas que. Il y a un univers très précis ; on peut vraiment me reconnaître, aussi bien par ma voix que par les arrangements et l’écriture. Le seul but est que les gens passent un bon moment en écoutant ma musique. 

© Anoussa Chea

Depuis que tu n’es plus là sonne un peu plus rétro que les autres musiques, un contraste comparé à Tu Danses qui se rapproche de l’italo-disco. Pourquoi tant de différences ?

Pour moi, ce n’est pas si différent que ça car je pense que l’italo-disco se pratiquait énormément en France dans les années 70. Tandis que Depuis que tu n’es plus là est une chanson qui pourrait aussi être la BO d’un film de Claude Sautet. Pour moi c’est la même époque, il y a juste l’arrangement qui est un peu différent. Il y en a un fait pour danser et l’autre qui est plus une ballade mélancolique.

 

Pourquoi se lancer en solo aujourd’hui ?

Je pense que j’en ai eu besoin, j’ai pris le temps de le faire. J’ai eu besoin de dire certaines choses, de les chanter, les dire, les écrire et au départ je me demandais : « qui va la chanter ? » et je me suis dit que j’allais le faire. Donc j’ai écrit des paroles sur ma musique. C’est un moment où j’ai eu besoin de prouver des choses et c’est bien de varier les plaisirs, c’est plutôt complémentaire. 

Tu parles d’écriture… Tu as tout fait dans l’EP : les paroles, la musique. Ça t’a pris plusieurs années ?

C’était assez long car je l’ai écrit en plusieurs fois : soit je n’avais pas le temps, soit les gens avec qui je travaillais n’étaient pas disponibles. A d’autres moments je vivais une histoire donc je n’avais plus envie de parler de certaines choses et il fallait que l’histoire justement existe ou se termine pour avoir quelque chose à raconter. Je parle de choses vécues à chaque fois, c’est sincère. Donc ça a pris un peu de temps et je me posais des questions par rapport à Lilly Wood & The Prick

De qui t’es-tu entouré pour ce projet ?

A la réalisation il y a Giacomo Lecchi D’Alessandro, un ami italien qui est un super compositeur et arrangeur. Il y a quelques voix féminines : Marine Quéméré, Margaux De Fouchier, Manon Leloup, Sarah Bouakline Le Scouarnec… Il y aussi mes petites nièces qui chantent et qui font des cœurs. J’ai aussi travaillé avec David Mestre qui s’est occupé des mixs. Il travaille dans un studio qui est toujours le même depuis les années 70. Il a reçu Paul Simon, Joe Dassin, Michel Berger, Dalida et j’en passe ! Ils sont tous passés là bas donc il y a vraiment une empreinte rétro. 

© Anoussa Chea

Les années 70 sont donc le cœur de ton projet.

C’est les plus belles heures de la musique française. Avant il y en avait aussi mais depuis, je ne parle pas forcément du contenu des textes mais musicalement les arrangements étaient plus poussés, c’était bien écrit.

Les femmes ont une place centrale dans ta musique, certaines ont posé leur voix sur des morceaux ; est-ce quelque chose que tu souhaites développer, intégrer les femmes à ta musique au-delà d’une simple inspiration ?

Je pense que, parce que j’ai une voix grave, les voix féminines se marient assez bien avec. J’adore la dualité et c’est important de partager. Lorsque tu racontes une histoire et surtout qu’il y a un personnage féminin, c’est bien de la mettre en scène. Et c’est agréable de travailler avec d’autres personnes, ça met du relief.

Est-ce que tu te vois écrire et chanter sur d’autres sujets que les femmes ?

J’y pense mais elles ne seront jamais très loin. Je pourrais parler de ma vie, des excès, ce que j’ai vécu en tournée, du milieu artistique mais je ne parlerai pas à la place des autres. J’ai conscience du monde qui m’entoure et peut-être de la chance que j’ai mais je ne vais pas parler de politique, d’écologie parce que ce sont des sujets que d’autres traitent mieux que moi. Ce qui me fait vibrer c’est mes rapports aux femmes et plein d’autres choses évidemment. Donc je pourrais écrire sur des choses de ma vie mais c’est très intime, plus difficile. Il faut attendre encore un peu plus de maîtrise pour en parler, trouver une façon plus poétique de raconter quelque chose qui aurait presque un double sens.

 

Tu écris au jour le jour ?

Non, il y a des moments où j’écris beaucoup et d’autres où il ne se passe rien pendant des semaines et je ne me dis pas : « ce matin je vais écrire ». Donc ça aussi bien être très efficace comme ça peut prendre pas mal de temps. 

Tu mentionnes ta voix grave, tes chansons mêlent talk over mettant en valeur ta voix grave et le chant ? Comment t’es venu l’idée de mêler les deux ?

Ça vient surtout du fait que je ne suis pas capable de tout chanter. Lorsque j’ai envie de mettre presque de l’ironie ou apporter de la légèreté, pour ouvrir, je vais chanter avec une voix un peu plus haute, presque une voix de tête. Je tends à le faire un peu plus sur les prochaines chansons pour ouvrir un peu.

© Anoussa Chea

Comment t’es venu le nom de ce premier EP Bleu ?

C’est une couleur que j’aime beaucoup. C’est aussi le grand bleu, la couleur des yeux dont je parle et de la mer, la mer Méditerranée, l’océan, le ciel. C’est le bleu de la mélancolie. C’est une couleur intéressante qui n’est pas agressive et qui a beaucoup de matière.

Le clip de Le Grand Bleu est très visuel, il se rapproche d’un court-métrage. Quel rapport as-tu avec le cinéma ? 

C’était ma vocation première, je voulais être réalisateur et j’ai même commencé un peu là-dedans, dans les documentaires et en télévision. Mais la musique a pris le dessus. Pour moi le son et l’image sont indissociables, musique et film vont de pair. Quand tu fais de la musique, tu as une image qui te vient en tête et inversement. C’est à chaque fois des projets que je vais amener ensemble. J’ai déjà écrit des long métrages, que je ne terminerai peut-être jamais. L’idée est aussi de faire de la musique de films. Mon projet sera terminé lorsque j’aurai fait un long métrage avec de la musique.

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