Quelques semaines après l’explosion qui s’est produite dans la capitale libanaise, le trio a souhaité rendre hommage à sa population avec un EP fort de sens !
Notre amour pour FORM a débuté l’an dernier, avec l’excellent Trigger extrait de leur brillant EP C.W.T dont la review est à retrouver ici. Depuis, on ne les lâche plus ! Que ce soit sur scène, accompagné de celle qu’on apprécie tout autant, La Chica, ou même en DJ set depuis le Musée Sauvage où ils ont posé leurs valises au printemps dernier, les trois potes ne cessent de nous régaler avec des compositions puissantes et un talent d’écriture indéniable !
Hausmane, le chanteur du groupe, est franco/libanais. C’est donc sans surprise que les évènements de cette année et plus particulièrement du mois d’août avec l’explosion de Beyrouth l’ont poussé, presque inconsciemment, à composer des morceaux liés à ces catastrophes, comme une sorte d’exutoire. Adrien et Aksel, les deux autres membres du groupe, ont tenu à le soutenir et à exprimer leur ressenti à leur façon. Ensemble, ils ont donc produit ces quatre pistes tout en explorant les sonorités propres au Moyen Orient afin de transformer les émotions ressenties en quelque chose de concret. Nait alors Amal, entre tristesse, douleur, impuissance, désespoir et espoir.
Ayant vécu ce drame à distance aux travers des longues discussions, enregistrements vocaux et vidéos transmises par sa famille et ses ami(e)s, ce contenu a été d’une grande inspiration pour Hausmane mais a également servi de sample pour Aksel et Adrien. Pour rester fidèles jusqu’au bout à la direction prise par l’EP, les visuels ont été créés par deux artistes libanais, qui ont tous les deux une place importante dans le cœur d’Hausmane. Le premier, Ivan Debs, est dessinateur/graphiste et a joué un rôle majeur à travers son art pour sensibiliser la jeunesse libanaise à la révolution ! La deuxième, Yasmina Hilal, est une amie photographe de longue date, puisqu’elle et Hausmane se sont d’abord rencontrés à Boston aux USA et sont restés très connectés depuis. Elle raconte à travers ses photos les maux du peuple libanais et n’hésite pas à s’engouffrer dans les ruines de Beyrouth pour capturer des moments puissants et les exposer au monde.
Bien que nous soyons habitués à faire des reviews des différents albums et EPs des artistes, il nous semblait ici important de simplement relayer les explications de chaque titre afin de ne pas déformer les propos et intentions du groupe derrière ce beau projet !
The Switch
Le premier morceau de l’EP découle de la rencontre entre Hausmane et Sofiane Saidi et sonne comme une évidence. Il était commun aux deux artistes d’échanger notamment au sujet de la liberté, sujet vaste et sensible de part leur double-culture, algérienne pour Sofiane et libanaise pour Hausmane.
Au fur et à mesure des débats et discussions l’idée de collaborer leur est venue et ensemble ils ont écrit et réalisé un morceau autour du thème du « déclic ». Thème vaste et métaphorique mais qui image à la perfection les événements et réactions qu’ont emparé la jeunesse libanaise lors de cette révolution. Un déclic, comme si un interrupteur avait été déclenché sur OFF les poussant à foncer tête baissée pour obtenir les droits qu’ils méritent et par conséquent un meilleur confort collectif. C’est seulement lorsqu’ils auront obtenu ce qu’ils voudront qu’ils pourront alors enclencher l’interrupteur sur ON et se concentrer à nouveau sur leur vie personnelle (étude, famille, travail…) « Then I’ll turn it on ».
À travers sa voix magique et ses paroles poétiques, Sofiane Saidi nous partage sa vision personnelle sur la liberté et l’espoir, tout en nous rappelant de rester connecter à l’humanité.
BEIRUT
Ce titre est un hommage à toutes les personnes impactées par l’explosion du port de Beirut en Août 2020. Il est composé d’une instrumentale et de samples audio récupérés de vidéos envoyées par les proches d’Hausmane. La montée en puissance représente l’adrénaline et la peur qu’ont dû surmonter les libanais lors de cette tragédie.
Une partie d’une conversation téléphonique entre Hausmane et une de ses proches sur place clôture le titre.
CAME OUT HERE
Ce morceau incarne l’espoir et s’apparente à une bouffée d’air frais. Le morceau souligne le patriotisme du peuple libanais. Très loin du patriotisme cliché, les libanais ont un amour profond pour leur pays et l’ont prouvé encore une fois à travers cette crise. Ils se battent corps et âmes pour sauver leur terre, sauver leur pays et en faire un meilleur endroit. « Le Liban fait partie de moi, que ce soit dans ma personnalité ou à travers mes opinions, valeurs etc… alors j’imagine au mieux ce que les libanais peuvent ressentir actuellement, ils méritent vraiment de sauver leur pays ». Hausmane
THAWRA
« Thawra » signifie en libanais « révolution ». Ce morceau vient clôturer l’EP et essaye de représenter au mieux la détermination des révolutionnaires libanais : d’abord la révolution, ensuite la paix. Cette fin est le point culminant de l’EP, elle représente l’adrénaline de tous les révolutionnaires qui se battent quotidiennement.
Crédit photo : Yanis-Hamnane
