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Interview : Marie-Flore

Interview : Marie-Flore

Quelques semaines avant la sortie de son second album Braquage, on a eu le grand plaisir d’interviewer Marie-Flore que l’on considère comme la révélation pop de cette rentrée (voire de l’année). On a (beaucoup) parlé d’amour, de sa passion pour l’écriture et de son guitly pleasure pour Taylor Swift.

Hello Marie-Flore ! Comment vas-tu ? Comment se passe la promo pour ton second album ?

Ça se passe plutôt bien. Je suis assez contente des retours.

Tu as sorti 3 titres (Braquage, QCC, Tout ou rien et dernièrement Presqu’île) qui ont été assez bien reçus par le public et la presse. Comment te sens-tu à quelques semaines de la sortie de Braquage ?

Je me sens plutôt bien. Je suis assez impatiente et j’ai surtout hâte de monter sur scène en réalité !

Ton premier album By The Dozen a été composé en anglais. Pourquoi as-tu basculé vers le français pour Braquage ?

J’avais commencé à écrire en français, il y a quelques années, car on me l’avait suggéré. Je me suis dit que c’était un exercice que je n’avais pas encore exploré. Je me suis bien entendue avec la langue française et l’exercice m’a plu.

J’avais aussi fait le tour de la question en anglais et ça m’a permis de me renouveler musicalement. J’ai composé de manière différente parce que j’étais au piano et non plus à la guitare. C’est ce genre de petites choses qui colore différemment le tout.

J’imagine que travailler en anglais est différent de travailler en français. Comment as-tu appréhendé la composition de l’album en chantant en français ?

Ce qui diffère, c’est le ton, la manière dont tu parles des choses et l’intention. J’ai dû me découvrir au fur et à mesure de l’écriture du disque parce que c’était nouveau. Il y avait un peu d’appréhension de savoir si j’allais trouver « ma patte » mais très vite j’ai trouvé l’axe.

Mais au final, peu de chose diffère. L’écriture est un exercice que j’aime beaucoup et qui m’a amenée à la musique. J’ai la même excitation et le même amusement dans l’écriture en français et en anglais. Ça ne change pas grand-chose pour moi.

L’album a un fil conducteur : l’amour passionnel, l’amour déçu et trahi. C’est extrêmement bien écrit et interprété, les mots sont si bien choisis, les scenarii des chansons si bien pensés. Qu’est-ce qui t’a inspirée pendant la composition de cet album ?

Je n’ai pas trop calculé. Les 12 chansons du disque sont 12 photos d’une histoire bien précise que j’ai vécue. C’est un peu un compte rendu que j’ai fait au jour le jour des événements. C’est du ressenti pur ce qui rend le truc réaliste : je ne suis pas passée par des filtres, je ne me suis pas projetée en me disant que j’allais parler de telle histoire de quelqu’un d’autre.

Comment fais-tu pour maîtriser l’art des métaphores punchlines parfaitement ciblées et imagées et pour être aussi percutante dans tes figures de style ?

C’est peut-être un truc qui me reste de l’écriture en anglais où j’utilisais beaucoup de métaphores en anglais. Souvent, c’étaient des métaphores qui n’existaient pas en anglais que je traduisais littéralement.

Pour le coté imagé, j’aime bien qu’on visualise ce que je suis en train de raconter. J’aime bien faire que les phrases soient une image, une photo du sentiment ou de la situation et faire penser les choses presque comme des petits films, des histories dans les histories.

Je n’ai pas écrit dans le but de me dire que ça devait être impactant. La situation faisait qu’il fallait que ça sorte et c’est sorti naturellement de manière un petit peu brutale, peut être, mais c’était assez naturel.

C’est aussi cette brutalité qui fait tout l’intérêt du disque et de ce que tu racontes …

Je pense que ça ne sert à rien d’édulcorer le propos et la réalité. Un journaliste m’a demandé si je n’avais pas l’impression de me rabaisser dans ce disque parce que je me livre beaucoup, je donne une image de moi très honnête. Et en fait, la démarche est exactement celle-ci. Je n’ai pas du tout honte parce que l’amour, c’est aussi ça : un dominant / dominé, un perdant / un gagnant, un qui aime plus que l’autre …

Tes textes décrivent des relations amoureuses passionnelles et complexes, la difficulté liée à l’engagement. Sur l’album, tu dépeins une vision assez pessimiste de l’amour. Quelle est ta vision de l’amour de notre époque ?

Si on prend le point de vue du disque, on n’est pas sur quelque chose de très gai mais je ne vois pas ce disque comme un disque triste. Il y a toujours une double dimension, il y a toujours un effet kiss cool, une phrase pour rattraper l’autre dès que ça devient un peu trop dépressif.

Mais, ma vision de l’amour, en général, est plutôt optimiste. C’est quelque chose dans laquelle je crois, c’est d’ailleurs la seule chose dans laquelle je crois. C’est quelque chose qui renaît toujours et c’est aussi ce qui m’a donné la force d’écrire ce disque. Malgré tout, je me dis que quelque soit l’amour qu’on traverse, à quel point il nous détruit ou à quel point il nous porte, on finit toujours par se relever de ce qu’on traverse. Je ne suis pas si pessimiste que ça car je sais que l’exaltation et les sentiments finissent toujours par revenir.

Sur le disque, on était sur une partie un peu plus sombre de l’histoire.

Je pense sincèrement que tes textes ont une dimension thérapeutique voire cathartique car ils ont cette puissance et cette force d’être universels. Cela a t-il été le cas pour toi ?

Pour moi, cela a été certainement thérapeutique. Ça m’a aidée à me comprendre moi-même. Il y a des trucs que j’écrivais, que je relisais et que je n’avais pas forcement intellectualisés. En les mettant en chansons, je me suis dit : tiens je pense ça, je ressens ça, en fait la violence du sentiment est très forte. Je suis quelqu’un d’assez calme. J’ai toujours tendance à mettre sous verre les choses et c’était aussi une manière de relâcher la pression.

On a tous vécu un amour déçu à des échelles certainement différentes de tristesse. On est tous passés par là. C’est vrai que ça parle. Les retours que j’ai eus ont souvent été : ton histoire, c’est la mienne aussi. Tant mieux si cela peut servir à d’autres.

Je voulais aussi aborder le rôle des silences, des soupirs et des inspirations, qui ont autant de force que les textes, et qu’on perçoit plus sur les live sessions qui sont sorties récemment qu’en studio. C’était volontaire ?

En passant à la préparation du live, ça a été une redécouverte de mes textes et de leur interprétation. Il y a forcément une dynamique assez différente en concert et en studio. J’aime bien faire des petites injonctions, interpeller. Ça m’éclate un peu plus de le faire en live, c’est un peu plus fourni, ça part tout seul !

Musicalement, tu es passée de la pop folk à des sonorités plus électros, plus métalliques, plus urbaines, plus froides mais à la fois plus sensibles, qu’est-ce qui a orienté cette direction ?

En composant au piano, j’ai eu envie de m’entourer d’instrumentation plus moderne. Effectivement, il y a aussi ce que j’écoutais pendant la période où j’ai composé cet album : PNL, Damso …  J’ai un peu baigné la dedans et je me suis un peu éloignée de mes vieux fantômes des années 60.

Je crois aussi que c’est bien d’évoluer et de savoir être avec son temps. Je crois que la femme que je suis devenue pendant les 4 ans qui ont séparé mon premier album et ce disque, c’est celle que tu entends sur Braquage.

A la production, tu t’es entourée de musiciens amis avec lesquels tu as l’habitude de jouer. Que t’ont-ils apportés ?

J’ai bossé  avec Antoine Gaillet, OMOH, Pierre-Laurent Faure et Robin Leduc qui m’ont apporté leur savoir faire.

J’ai aussi pu être en mesure de lâcher un peu plus, de vouloir moins être partout tout le temps et jamais vraiment là. J’étais vachement dans le contrôle avant. Il y avait aussi le challenge pour moi de me dire : ça te coûte quoi de voir ce que ça donne. J’ai parfois lâché la bride et j’ai rarement été déçue. Ils ont une vision de producteurs qui était ultra bienvenue sur ce disque.

A quoi ressembleront les live de tes prochains concerts ?

Ça sera un nouveau show avec un vrai band. Je serai accompagnée de 4 musiciens sur scène et sur la route.

Sur Braquage, c’est toi qui as écrit et composé. J’ai lu que tu avais écrit pour Stuck In The Sound (sur leur album Pursuit). As-tu envie de renouveler l’expérience ?

Ce sont des choses que je fais encore en sous marin. On m’envoie des chansons, j’écris des paroles et les gens les chantent. J’aime beaucoup écrire. C’est quelque chose qui est la base de ce qui m’a amenée à la musique. Si je peux le faire pour les autres, c’est super ; d’ailleurs c’est parfois plus reposant de le faire pour les autres.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Un rappeur, peut être, mais je ne sais pas encore lequel.

Envisages-tu de rechanter en anglais ?

Oui, ce n’est jamais très loin. Là, tout de suite, je me sens bien dans le français mais je continue toujours d‘écrire en anglais. J’ai les deux qui me viennent, ça dépend des chansons, des compos que je fais. Mais, l’anglais n’est jamais très loin.

Ce qui est bien avec le français, c’est que maintenant on comprend mes textes. Je t’avoue que c’est un peu plus agréable.

Quels sont tes coups de cœur du moment ?

Victoire de Prince Miiaou. C’est une très bonne amie qui a un très bel album indépendant. C’est un mélange d’électro et de rock.

Deux frères de PNL.

Tayor Swift : j’ai honte mais que c’est bon ! C’est mon gulty pleasure !

Quel serait le conseil que tu donnerais à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans la musique ou celui que tu aurais aimé que l’on te donne ?

Oula ! C’est une question tricky ! J’aurais peut être aimé qu’on me dise d’être un peu plus méfiante …

Et pour finir, que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Que ça se passe bien ! Ça serait vraiment super que les gens viennent aux concerts. C’est tout ce que je veux !


Marie-Flore sortira Braquage, son second album, le 18 octobre et sera en concert aux Étoiles le 25 novembre et les 2 et 9 décembre.
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